UN LIVRE EN FRANÇAIS SUR MC CAIN

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John McCain, « Le Survivant »

Editions Alphée, Paris, 2008.

 

La journaliste Marjorie Paillon (BFM TV et Radio, rédactrice en chef du site d’informations “Ilovepolitics.info”) vient de publier le premier ouvrage écrit en français sur le candidat républicain John McCain. Ecrit cet été notamment grâce aux fruits d’une enquête sur le terrain, en collaboration avec le journaliste d’Europe 1 Martial You, ce livre nous rappelle combien John McCain a eu un parcours atypique, quand les medias ont pour la plupart une plus grande sympathie pour Barack Obama, qui peut conduire à assimiler le candidat républicain à l’actuel président. Que John McCain soit plus modéré ou plus radical dans sa politique que George W. Bush s’il était élu, il n’en sera pas moins très différent.

 

Marjorie Paillon remonte aux origines familiales et à la tradition de dévouement à la nation américaine depuis que l’arrière grand-père de McCain a quitté l’Ecosse durant la seconde moitie du XIXe siècle. Le grand malheur de John McCain a été de ne pas pouvoir devenir officier haut-gradé comme son père et son grand-père. Conscient de cela après ses cinq ans de détention au Vietnam, il s’est lancé dans une carrière politique avec le soutien de Ronald Reagan, succédant au Sénat à Barry Goldwater, qui avait été le candidat républicain face à Lyndon Johnson en 1964.

 

Impliqué dans le scandale financier des « Keaton Five » à la fin des années 80 (scandale que l’équipe de campagne d’Obama essaie de rappeler au moment de la crise financière qui donne l’avantage aux démocrates), il se lance ensuite dans une campagne de lutte contre la corruption qui lui crée de nombreux ennemis. Il est le rival malheureux de George W. Bush lors des élections primaires républicaines de 2000 durant laquelle il est battu par ceux qui sont aujourd’hui ses conseillers et qui formaient alors le bataillon de Karl Rove, éminence grise du nouveau président. Apres une opération due à son cancer, il retrouve sa réputation de « Maverick » : il lutte aux côtés du démocrate Joe Lieberman, qui deviendra l’un de ses meilleurs amis et qu’il aurait préféré comme colistier en 2008, contre l’autorisation de la torture suite au scandale de la prison irakienne d’Abu-Graib. Prisonnier lui-même, victime a nombreuses reprises du « waterboarding » (noyade simulée), il n’a eu cesse de s’opposer à ce traitement pour lequel les Etats-Unis ont juge des officiers japonais au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Contre l’avis de son parti, il a défendu une loi facilitant la régularisation des clandestins qui ont un travail.

 

Briguant l’investiture de son parti, il « flip-flope » et dit en janvier 2008 qu’il ne voterait pas pour cette loi si elle passait au Congres. C’est là le problème de John McCain : il n’est plus le Maverick qu’il était (un autre républicain joue ce rôle dans le parti : Chuck Hagel, opposant invétéré à George W. Bush, qui pourrait être Secrétaire d’Etat de l’administration Obama.) Ses changements d’avis sont certes moins caricaturaux que ceux de son ancien rival Mitt Romney (pro-choix, défenseur du mariage gay et d’un contrôle de la vente des armes, avant d’avoir des idées opposées) mais le mettent en difficulté quand il a par ailleurs voté pour 90% des lois présentées par George W. Bush. Il lui est d’ailleurs difficile de taxer Barack Obama d’élitisme quand il ne sait pas combien de maisons il possède. A ce titre, le choix de Sarah Palin est judicieux mais n’a aucune portée au final : les gaffes et l’inexpérience de la candidate à la vice-présidence associées à la crise financière donnent l’avantage aux démocrates.

 

Marjorie Paillon nous présente donc ce candidat atypique de façon synthétique, avec les témoignages de journalistes et de compagnons de route du sénateur de l’Arizona. Une lecture très intéressante si l’on veut comprendre cette élection qui restera historique, que le président élu soit Barack Obama ou John McCain.

Nicolas Condom

 

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Les commentaires (1)

  1. Merci pour cette présentation du livre et du candidat.
    John McCain est vraiment un atypique. Je me souviens qu’il était (est?) considéré par les conservateurs américains les plus intégristes comme un gauchiste, un traître… Seule Palin pouvait ramener cette base militante dans le droit vote républicain.
    Mais sera-ce suffisant? Il semblerait que non.