COMMENT HILLARY EST DEVENUE "SECRÉTAIRE D'ÉTAT" D'OBAMA

Publié le | par

LES USA VUS PAR SALON.COM

salonlogo_pA l’occasion de l’investiture du nouveau président américain Barack Hussein Obama, LaTeleLibre commence une nouvelle rubrique,  entre une veille de l’actualité politique, sociale, économique des Etats-Unis et une discussion de ces questions lorsqu’elles ne touchent pas seulement les Américains, mais aussi les Européens. Dans ce cadre, les internautes trouveront chaque semaine un article du site américain Salon.com, traduit en français, sur des questions qui pourront les intéresser.

Le premier article,que nous publions le lendemain de l’investiture de Barack Obama, publié le 14 janvier sur salon.com, souligne la facilité avec laquelle Hillary Clinton a passé son audition pour devenir Secrétaire d’Etat, au milieu il est vrai de pairs qui sont pour la plupart ses amis.

Pour Hillary, avec amour

story
Hillary Clinton devant le comité.  Crédits : Reuters/ Kevin Lamarque

L’audition de confirmation par le Sénat d’Hillary Clinton comme Secrétaire d’Etat d’Obama s’est transformée en « câlin de groupe. »

Par Mike Madden, Traduction par Nicolas Condom.

Jan. 14, 2009

A écouter John Kerry, la réunion dans le Hart Senate Office Building de mardi n’était pas tant une audition de confirmation qu’une réunion d’anciens candidats. « C’est un moment historique pour ce comité », a dit Kerry dès l’ouverture des 5 heures durant lesquelles Hillary Clinton, choix d’Obama pour le Secrétariat d’Etat, a été traitée avec des gants de velours.  « Pour la première fois de l’histoire américaine, l’un de nos membres sera investi de la présidence et un autre de la vice-présidence. Avant que nos nouveaux membres  ne prennent trop à cœur les futurs problèmes, laissons Dick Lugar, Chris Dodd, et moi-même –et peut-être Hillary se joindra-t-elle à nous— dire
que cela est loin d’aller de soi. »
Ensuite, John Kerry est revenu à la charge. « Monsieur le Président », a dit Clinton en commençant à répondre à une question. « Je le retiens », a répondu Kerry. « Monsieur le Président élu, Monsieur le Président du Comité
– c’était un lapsus freudien », corrige-t-elle. « Nous y sommes tous sujets, je veux que vous sachiez », Kerry ajoute. « Oui, en effet, et spécialement sur ce sujet », a agréé Clinton en riant.
En dehors des moments où Kerry soulevait la question, l’audition s’est déroulée sans maladresse au sujet de qui voulait ou ne voulait pas être président –ou même au sujet des personne qui ont déjà été présidentes, comme le mari d’Hillary Clinton (qui, sagement, ne s’est pas présenté pour l’obligatoire photo de couple, laissant Chelsea Clinton jouer le rôle du parent de soutien).
Bien sûr, quelques Républicains ont pressé Clinton de questions sur les révélations et le contrôle des donations faites à la Fondation Bill Clinton, mais ils l’ont fait avec révérence. Kerry a mis fin à tout suspense en annonçant que le comité voterait dès jeudi, ce qui indique qu’il n’y aura pas de bataille dans les coulisses. Et Clinton elle-même, malgré certaines spéculations selon lesquelles ses différends avec son nouveau président resurgiraient, n’a pas eu de problème en parlant pour Obama, disant clairement  qui prendrait les décisions de politique étrangère dans l’administration. « Elle s’est référée au « Président Elu Obama » ou au « Président Elu » 18 fois durant la première partie de l’audition).

Le « Smart Power »
« La politique étrangère doit être fondée sur le mariage des principes et du pragmatisme, et non sur une idéologie rigide, sur les faits et les preuves, et non sur l’émotion ou le préjudice. »  « Nous devons utiliser ce qu’on appelle le « smart power », l’ensemble des outils dont nous disposons –diplomatiques, économiques, militaires, politiques, légaux, et culturels- en choisissant le bon outil ou la combinaison de plusieurs pour chaque situation. Avec un « smart power », la diplomatie constituera l’avant-garde de notre politique étrangère. » Cette dernière ligne a entraîné les applaudissements de la salle, après de nombreuses années durant lesquelles l’administration a donné l’impression que la 10e Division de l’Armée était l’avant-garde de la politique étrangère américaine. Même les activistes de Code Pink, le groupe pacifiste  qui interrompait régulièrement avec ses cris les architectes de la politique étrangère de George W. Bush, sont restés timides la plus grande partie du temps, se levant pour demander à Hillary Clinton de soutenir un cessez-le-feu à Gaza seulement après que John Kerry ait annoncé la pause-déjeuner. (Ils sont sortis en chantant une sorte d’hymne de soutien aux habitants de Gaza).
Sur cette question, qui semble diviser la délégation démocrate du Congrès de la base du parti qui est plus progressiste, Clinton –et par extension Obama- a semblé être fermement du côté d’Israël. Clinton a dit que l’administration Obama « éprouverait une sympathie profonde » pour le désir d’Israël « de se défendre dans les circonstances actuelles, et d’être débarrassé des roquettes du Hamas. » Elle a dit que la guerre à Gaza avait eu « des coûts humanitaires tragiques » et causé autant de souffrance chez les Palestiniens que chez les Israéliens. Mais un tel sentiment n’indique pas un changement avec la politique américaine actuelle,  qui soutient totalement Israël. (Obama ne s’est pas exprimé au sujet de la guerre en elle-même, préférant apparemment qu’elle reste le problème de Bush le plus longtemps possible, mais a répété durant la campagne soutenir le droit d’Israël de se défendre
elle-même contre les missiles du Hamas.)

Sur les autres questions, la présentation offerte par Clinton de la politique étrangère des prochaines années paraissait différente de celle des dernières années. Obama mettra fin, a dit Clinton, à la guerre en Irak et donnera plus de moyens à l’Afghanistan dès que possible. Les Etats-Unis vont travailler avec leurs alliés pour mettre en place des « solutions globales » pour gérer « les menaces globales », et essayer d’étendre les traités de non-prolifération et de réduction du nombre d’armes nucléaires.  De la Chine à la Russie en passant par l’Iran et la Syrie, les Etats-Unis vont essayer de s’engager avec des pays que l’administration Bush avait tendance à éviter. L’Amérique Latine et l’Afrique n’ont eu pas beaucoup d’attention dans les déclarations d’Hillary Clinton, mais elle a promis plus
d’engagement là aussi.
En écoutant l’audition telle qu’elle s’est tenue, on vous pardonnerait de penser que la personne la plus importante de la pièce n’était pas Clinton, assise en témoin, mais un des autres membres de l’assistance assis en face d’elle. (Ce qui, en ce qui les concerne, était sans doute le cas.) La plupart des membres du Comite Sénatorial des Affaires Etrangères ont utilise leurs dix minutes de questions à parler de leurs propres zones d’intérêt. La démocrate de Californie Barbara Boxer a donc demandé à Clinton ce que la nouvelle administration ferait face au problème des trafics sexuels et de la violence faites aux femmes à travers le monde, montrant des graphiques du nombre de victimes de ces crimes horribles pour défendre sa cause. Bob Menendez, du New Jersey, un cubain-américain, a posé des questions sur le Sommet des Amériques à venir. Lisa Murkowski, de l’Alaska, a interrogé Clinton sur « le rôle que nous pouvons jouer en tant que nation arctique » (vous savez, d’où on peut voir la Russie.) Chacun est allé défendre son sujet favori au point que Kerry s’est senti obligé de rappeler à la presse et tout le monde que le comité avait déjà soumis une centaine de questions, auxquelles Clinton avait déjà répondues, sur une large palette de sujets.

La Fondation Clinton : des « conflits d’intérêts » ?
Les questions les plus agressives ont porté sur les donateurs de la Fondation Bill Clinton. Dick Lugar, républicain de l’Indiana, a demandé à Clinton de réfléchir à changer l’accord qui a été trouvé avec l’équipe de transition d’Obama avant que sa nomination ne soit annoncée, accord qui encadre la révélation au public des contributeurs de la Fondation Clinton.
Puisque la liste des bienfaiteurs qui ont donné au moins un million de dollars comprend le royaume d’Arabie-Saoudite, le Koweït, le Qatar et le sultanat d’Oman, on a de bonnes raisons pour poser des questions sur de possibles conflits d’intérêts  lorsque Hillary Clinton commencera à parler du conflit du Moyen-Orient avec ces donateurs. La liste complète des donateurs, rendue publique il y a un mois, est de 2922 pages. Christopher Hitchens, de Slate.com, qui n’a jamais été un fan de Clinton, a lancé une croisade contre sa nomination à cause de la Fondation. Mais Clinton a eu, au pire des cas, à écouter une simple plaidoirie de la part du républicain de Louisiane David Vitter, pour « plus de clarifications » sur les règles de cette publication, plaidoirie qu’elle a simplement ignorée. (Le démocrate de Floride Bill Nelson a même pris le temps, lors de ses questions, de dire qu’il pensait que la Fondation de Bill Clinton avait fait « de si bonnes choses à travers le monde »).

Bien sur, il y eut une époque, pas si lointaine, où l’idée de voir Hillary Clinton devant un comité du Congrès aurait provoqué des visions d’assignations, de luttes juridiques et batailles politiques sans fin sur quels sujets ne devraient pas être abordés. Huit années au Senat font une différence majeure. Les législateurs ne montrent jamais plus de déférence à un nominé que lorsqu’il est un de leurs pairs. (Sa défaite réduite lors de la campagne primaire, puis finalement le fait qu’elle a été le choix d’Obama n’ont blessé personne.) Si seulement  le reste du monde pouvait être aussi facilement ébloui que ses futurs-anciens collègues,  la tâche de Clinton de changer les perceptions globales des USA au nom d’Obama serait facile à accomplir.

Mike Madden (traduction par Nicolas Condom)

Partager cet article

Les commentaires (1)

  1. Merci pour la traduction ! Voir aussi les articles de Doug Ireland dans Bakchich concernant Obama et Clinton.