EPIC FAIL

Publié le | par

PARTI PIRATE SUÉDOIS

« EPIC FAIL » : Échec monumental

C’est par un message laconique : « Epic Fail », que Gottfrid Svartholm, l’un des quatre accusés du procès contre The Pirate Bay a commenté vendredi 17 avril, via twitter, l’annonce du jugement. Ses acolytes et lui sont condamnés à un an de prison ferme et à une amende de 30 millions de couronnes (soit la modique somme de 2,69 millions d’euros). Un verdict qui paradoxalement est une opportunité pour le Parti Pirate suédois qui voit le nombre de ses adhérents grimper en flèche.

The Pirate Bay est un site suédois qui a vu le jour fin 2003 à Stockholm. Il se cantonne alors à la réflexion sur la notion de droit d’auteur et propose de nombreux textes sur le sujet. Il évolue en octobre 2004 et devient l’un des plus gros serveurs de « torrent » (1) de la Toile, proposant au téléchargement, via les réseaux Peer-to-Peer, films, musique, séries, etc. Cependant, les serveurs du site n’hébergent aucun contenu. Thepiratebay.org se contente d’être un moteur de recherche. Il ne fournit que des liens vers des fichiers, qui sont ou non soumis au droit d’auteur.

Evidemment, cette initiative n’est pas du goût des industriels de la culture. Au sujet des nombreuses plaintes venant des majors et des associations d’auteurs que peut recevoir le site, la réponse de ses administrateurs annonce la couleur: “ Any complaints from copyright and/or lobby organizations will be ridiculed and published at the site” (Toute plainte provenant d’organisations et/ou lobbies en faveur du copyright seront moquées et publiées sur le site). Le site s’est donc également fait connaître par son côté provocateur. Ses administrateurs ont par exemple annoncé en janvier 2007 leur intention de racheter l’île de Sealand, au large des cotes britanniques, afin d’en faire une micronation indépendante avec ses propres lois sur les droits d’auteurs. Malheureusement pour eux, le projet a  fait long feu devant le refus du Prince Michael, propriétaire de l’île.

Dans le collimateur de la justice suédoise depuis 2006, les trois administrateurs du site (Gottfrid Svartholm, Peter Sunde et Fredrik Neij) ainsi que Carl Lundström, un homme d’affaire accusé de leur avoir apporté son soutien financier, ont donc été condamnés pour « complicité de violation de droit d’auteur ». En attendant la tenue du procès en appel, le site fonctionne toujours.

Le Parti Pirate suédois surfe sur la vague de la baie des pirates

« Epic Fail » (échec monumental) donc pour ces quatre personnes mais « FTW » (For The Win) pour le Parti Pirate suédois, qui a enregistré plus de 10 000 nouvelles adhésions depuis l’annonce du verdict.

Fondé en 2006, ce parti a principalement trois objectifs : une réforme des droits d’auteurs, l’abolition des brevets (notamment les brevets pharmaceutiques) et la protection de la vie privée. Au sujet du droit d’auteur, il déplore le déséquilibre qui s’est créé dans le rapport entre les consommateurs et les producteurs de contenus. Ainsi, selon le site de ces pirates, tous les usages et copies non commerciales devraient être complètement libres. Le partage de fichiers et les réseaux P2P devraient être encouragés plutôt que criminalisés. La culture et la connaissance sont de bonnes choses, plus elles sont partagées plus leur valeur augmente.

Le lundi 20 avril dernier, il comptait plus de 30 000 membres, le propulsant ainsi quatrième force politique du pays, devant le parti écologique! Christian Engström, son vice-président, tête de liste pour les élections européennes, a alors estimé que le procès leur avait offert « un ticket pour le Parlement Européen ».

Mais cette soudaine popularité sera-t-elle suffisante pour leur permettre d’obtenir un siège lors des prochaines élections européennes ? Pat Pilcher, un journaliste néo-zélandais, écrit pour The New-Zealand Herald, qu’environ la moitié des hommes suédois de moins de 30 ans envisageraient de voter pour le Piratpartiet aux prochaines élections. Toujours selon lui, 100 000 voix seraient nécessaires en Suède pour emporter un Siège.

Aux élections régionales de 2006, les pirates n’avaient obtenu que 34 918, soit 0,63% des suffrages exprimés.

Simon Rozé

(1) Les torrents sont des fichiers utilisés par le protocole de transfert de données BitTorrent.  Ce dernier permet l’échange de données sur un réseau selon le système du pair-à-pair (Peer-to-Peer ou encore P2P). L’information a télécharger se trouve au début sur un serveur informatique unique. Dès que quelqu’un l’a récupérée, il peut à son tour la mettre à disposition.  L’efficacité du réseau est alors renforcée s’il y a beaucoup d’utilisateurs : ils partagent tous ce qu’ils sont en train de télécharger.

Partager cet article

Les commentaires (2)

  1. Meric Razoa pour la précision importante.

    Cette affaire prouve que au delà du téléchargement illégal (le terme pirate étant un terme maritime qui n’a rien a faire ici pour paraphraser M. Brad) le problème est un problème politique et que le tout est mené par les industriels de la culture avec toute la corruption et la pression que cela engendre.

    Je suis d’ailleurs étonné et surtout déçus que la Télé Libre ne traite pas mais alors pas du tout du monstre liberticide qu’est l’Hadopi.

    Au programme quand même : filtrage du net, surveillance constante des internautes, double peine, aucun débat réel ,mépris total de la démocratie, volonté écrasante du président qui pique une colère noir pasque sa loi à été rejettée, menace sur les députés qui pourraient voter contre, déni de temps de parole pour les députés UMP anti-Hadopi ( Lionel Tardy, Christian Vanneste et Alain Suguenot ) au profit de F. De panafieu (pro-Hadopi of course) etc etc etc…

    Le tout avec un patriot act à la française en toile de fond.

    Pourtant ce sujet aurait pleinnement sa place ici.