NOUS SOMMES TOUS DES HAÏTIENS DE CENTRAFRIQUE !

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LIBRE-POST

Christophe Leclair, correspondant régulier de LaTéléLibre à Paris, connaissait Charles Massi, homme politique Centrafricain, mystérieusement décédé au début de cette année à Bangui. Il nous livre ici une tribune enflammée, au nom de la justice et des droits de l’homme.

Charles Massi

©Fodem Charles Massi

Si Haïti bénéficie en ces moments dramatiques du soutien de la communauté internationale et de quelques aides matérielles et financières de la France pour « histoire commune », on ne peut pas en dire de même de la République Centrafricaine et c’est un véritable séisme politique qui s’est abattu à Bangui au début de cette année.

Charles Massi est pour moi un grand homme: décoré Grand Officier dans l’Ordre de la Reconnaissance Nationale en juin 2005, colonel de l’Armée Centrafricaine, pharmacien des Armées, formé en France, plusieurs fois ministre des différents gouvernements qui se sont succédés avec violence depuis des années dans ce pays , et fondateur du parti politique FODEM, est mort le 8 janvier dernier. Son décès serait une conséquence des tortures qui lui ont été infligées.  Certaines sources proches de la présidence de Centrafrique et de la famille de la victime, nous ont affirmées que président actuel en personne, François Bozizé, pourrait être impliqué dans cette sombre affaire.

L’édifice que sont les Droits de l’Homme est une nouvelle fois ébranlé d’autant plus que le non renouvellement de son visa pour la France en 2009 pose question,  car il possédait la double nationalité française et centrafricaine…

Pourquoi le refuge en France, alors que sa vie était en danger, lui a été refusé ?

L’ayant rencontré à plusieurs reprises quand il pouvait encore venir en France, il me confiait souvent son désarroi de ne pouvoir agir réellement, et à quel point les arrangements affairistes et la corruption d’hommes politiques minait le fonctionnement du pays et de ses institutions.

Entré au gouvernement de réconciliation en 2005, il n’y sera pas reconduit en 2008 et sera appelé par La Convention des Patriotes pour la Justice et la Paix : mouvement rebelle pour les uns ou de résistance pour les autres. Il en dirigera le bureau politique. Pour Charles massi, « ce n’est pas la Démocratie qui est source de désordres et d’entraves au progrès social, mais la mauvaise gouvernance et la discrimination dans le partage des richesses et l’utilisation des ressources humaines ».

La qualité des investissements étrangers dans son pays et la mauvaise gestion volontaire des dirigeants n’ont jamais réellement permis à la société civile dans son ensemble de développer ses capacités. Pourtant il n’aura eu de cesse d’interpeller la classe politique internationale sur les risques de déséquilibres socio-économiques, engendrés par ces dysfonctionnements répétés .

L’exemple de la principale centrale hydroélectrique de BOALI, qui est confrontée depuis 20 ansà des problèmes de délestage permanent, n’aura trouvé aucune âme charitable ni un budget suffisant pour régler définitivement ce problème. Aujourd’hui c’est la Chine qui prend la place de ceux qui n’ont rien fait, consciente des ressources énormes de ce territoire, et qui montre par ce type d‘engagement les failles non moins visibles des investissements trop ciblés en RCA et l’évaporation des richesses et des recettes fiscales vers l’extérieur du pays.

« La dénaturation du capitalisme » fait des ravages sur le terrain de l’Afrique…

Aujourd’hui, l’Indice de Développement Humain ( IDH) de la République Centrafricaine la place au 179ème rang sur 182 pays. Or, La France qui joue pleinement son rôle d’ancienne puissance coloniale depuis plus de 30 ans n’a jamais officiellement soutenu Charles Massi. Pourquoi ? Il aurait été pourtant judicieux de le faire tant l’intégrité morale et l’intelligence éclairée de cet homme étaient grande. Bien connu de La France, il y a travaillé plusieurs années comme pharmacien analyste médical.

Son sort aurait-il été réglé lors de la Rencontre des Chefs d’Etats d’Afrique Centrale le 16 décembre 2009 à l’Elysée ?
Le président Tchadien Idriss Déby Itno et François Bozizé, président Centrafricain, présents ce jour là ont sans nulle doute échangé et préparé leur statégie.

Le 18 décembre 2009 Charles Massi ne donnait plus de signe de vie à son épouse française Denise.

Chefs d’Etats de la CEMAC à L’Elysée
©Copyright (Droits réservés) : Chefs d’Etats de la CEMAC à L’Elysée Décembre 2009


Au moment où les chefs d’états de la CEMAC se sont fait promettre par Nicolas Sarkozy une enveloppe à partager de plusieurs milliards d’euros pour protéger la forêt primaire du bassin du Congo, il est étonnant de constater que ces mêmes chefs d’Etats Africains ont chacun dans leurs pays, une partie de la société civile et les associations des Droits de l’Homme qui dénoncent les meurtres et les vols répétés aux plus hautes fonctions de l’Etat. On peut donc être sûr que l’argent sera bien utilisé ! Et Charles Massi savait de quoi il parlait.

Même si le Président Sarkozy tente d’amorcer une rupture avec le concept de la FrançAfrique et qu’il se prépare à fêter le 50ème anniversaire des indépendances africaines, il est devenu urgent aujourd’hui de comprendre que dans ce pays : la «  Dénaturation de la Démocratie » alliée à une « dénaturation du Capitalisme » sacrifie des peuples entiers sur l’autel d’idéologies économiques politico-religieuses d’un autre temps où la dignité et l’Ethique politique et financière n’ont plus leur place.

Aujourd’hui, les droits fondamentaux des citoyens sont en régression dans cette République et le président actuel de Centrafrique qui ne semble vouloir infléchir sa politique, profite de soutiens financiers extérieurs importants. La répression d’opposants a déjà commencé et François Bozizé prépare furieusement les élections présidentielles d’avril 2010. À moins que son passé de putchiste, d’ancien chef de camp de Bokassa, responsable des basses œuvres de l’Empereur et son implication présumée dans la disparition de Charles Massi ne le rattrapent d’ici là.

Enfin il est urgent que la France aujourd’hui et son gouvernement soit digne du respect que Charles Massi a toujours eu vis-à-vis de ses pairs sur les deux continents. Sa famille et ses amis demandent le soutien de la France et de Nicolas Sarkozy pour exiger la libération immédiate où la restitution du corps de Charles Massi.

A Paris le 24 février 2010

Christophe Leclair

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Les commentaires (3)

  1. Z’auriez pas un sapin de noël illuminé pour le président de la république Française…
    Peut être un pétard mouillé…