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LES DESSINATEURS DU RÉEL
Réactualisé le 26/10/10.
L’actu croquée par Xavier Lacombe, Valère, Moix, Lacasinière et Mykaia
[caption id="attachment_11619" align="aligncenter" width="500" caption="RISQUES D'ATTENTATS EN HAUSSE"][/caption]VOIR LES DESSINS DE SEPTEMBRE 10
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L'émission le Forum du Mouv' est animée tous les jours par Eric Lange entre 18h00 et 20h00.
A Roubaix, le porte-parole de la mosquée a été contraint de démissionner après ses déclarations en faveur de la lapidation, et plus généralement sur l'application de la charia en France. Nous en avions déjà fait écho sur LaTéléLibre (voir en dessous). A l'heure où Ben Laden menace directement la France, un article publié sur Agoravox, montre que la justification de la loi islamique est de moins en moins tabou: "Les partisans de la lapidation s’expriment de plus en plus ouvertement en France, dans des enceintes que ne dédaignent pas des politiques en principe républicains. Aux habituels articles isolés, vient s’ajouter une tournée de conférences de Hani Ramadan, frère de Tariq Ramadan et petit-fils de Hassan El Banna, fondateur des Frères Musulmans."Alors sortez les transistors et retrouvez la fréquence qui vous correspond en cliquant ICI!
Ou, plus simple, écoutez Le Mouv’ en direct
"Les rushes de LaTéléLibre", à partir de 19h15 ce vendredi 29 octobre sur le Mouv'VOIR ICI L'ARTICLE DE LATÉLÉLIBRE
[video http://www.dailymotion.com/video/xeuolz_qui-a-peur-de-l-islam-declenche-la_news]VOIR LE DOC DANS SON ENSEMBLE
[video http://www.dailymotion.com/video/xetaks_road-doc-qui-a-peur-de-l-islamy_news]Le texte intégral du communiqué de Rachid Gacem (ex trésorier et porte-parole de la mosquée)
[post_title] => « Les Rushes de LaTéléLibre » #4 ce soir sur le Mouv’ [post_excerpt] => Ce soir vers 19h15, LaTéléLibre sera encore en direct sur le Mouv’ pour débattre autour des suites à la diffusion du road-doc "Qui a peur de l'Islam?". Eric Lange lancera le débat avec John Paul Lepers, réalisateur du film. [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => %c2%ab-les-rushes-de-latelelibre-%c2%bb-4-ce-soir-sur-le-mouv%e2%80%99 [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2011-01-31 00:47:57 [post_modified_gmt] => 2011-01-30 23:47:57 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://latelelibre.fr/?p=12036 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 5 [filter] => raw ) [2] => WP_Post Object ( [ID] => 12003 [post_author] => 7 [post_date] => 2010-10-28 19:12:33 [post_date_gmt] => 2010-10-28 18:12:33 [post_content] =>De passage à Nice, je me suis retrouvé dans les rues révoltées de la citadelle de Ségurane. Moins de 5000 manifestants selon la police, 10 000 "en tirant bien" d'après les syndicats, c'est un beau score pour cette ville de 300.000 habitants. En sortant les gros clichés, une manifestation contre la réforme des retraites, c'est plutôt logique pour une ville de vieux ! Pourtant, beaucoup de jeunes rythmaient le défilé ! Alors j'ai pris mon appareil pour immortaliser l'instant...
Photos : Thibault Pomares. [post_title] => Nice Manifeste Contre la Réforme des Retraites [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => nice-manifeste-contre-la-reforme-des-retraites [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2011-01-30 23:54:27 [post_modified_gmt] => 2011-01-30 22:54:27 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://latelelibre.fr/?p=12003 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 2 [filter] => raw ) [3] => WP_Post Object ( [ID] => 11995 [post_author] => 2 [post_date] => 2010-10-28 10:15:15 [post_date_gmt] => 2010-10-28 09:15:15 [post_content] =>AJOUT DU 29/11/10 : L'auteur du texte a été identifiée par nos internautes attentifs, il s'agit d'Agnès Maillard de l'excellent Monolecte.
Nous publions donc ce texte militant adressé à ces 71% de Français qui soutiennent le mouvement social actuel, mais qui regardent passer les cortèges de leur fenêtre de bureau...On vous rappelle qu'il y a manif aujourd'hui!
"Humm, que j'aime le claquement des banderoles dans le petit matin frais!
Inlassablement, ils repartent au combat. Tous les 15 jours. Puis toutes les semaines. Et puis même le week-end. Ils y vont. Malgré tout. À cause de tout. Déterminés. Joyeux. Féroces. Ils sont là. Bien sûr, il y a les abonnés du pavé. Comme une grande confrérie. Manif après manif, ils se retrouvent toujours, immanquablement, comme guidés par un tropisme atavique. Ce sont les vieux gauchos, les soixante-huitards fatigués, le poil blanchi sous le harnais de la lutte permanente et continue contre l'ordre qui broie, qui ronge, qui reprend, patiemment, miette par miette, tout ce que les anciens avaient gagné au terme de bras de fer immenses et acharnés. Je me souviens de quelques soirées électorales où on s'est retrouvés à cinq autour d'une table, dans la pénombre d'une salle municipale déserte. Et de quelques marches désabusées, à filer droit, quelque pelés bravant un ciel qui fait aussi la gueule. Les vétérans de la lutte. Les poilus du refus. Les militants de toujours, qui se traîneront avec leur perf' de chimio s'il le faut, on s'en fout, il faut y être et c'est tout! Toujours dans le mauvais camp. Celui de ceux qui ne sont pas au pouvoir. Le camp du peuple. De la populace qui ennuie et qui effraie, aussi, ceux qui sont censés la gouverner. Bien sûr, il y a les jeunes. Avec leur enthousiasme. Leur esprit de contradiction. Leur envie d'en découdre. Leur envie d'exister, d'être entendus, de compter comme des citoyens à part entière. Pas toujours très au fait des subtilités de la pensée politique, mais souvent bien plus lucides, bien plus pertinents que ne le pensent généralement les vieux cons. Ils ne lâchent rien. Jamais. Ils restent toujours au milieu de la place bien après que les vieux militants se soient prestement dispersés pour retourner à une vie normale. Ils aiment plus que tout prolonger le chaos, le faire durer. Ils ne cherchent pas à être là où ça bouge, ils font bouger la foule, la font danser, la font crier. Ils ont la vie devant eux et pas l'intention de la laisser filer. Ils sont notre avenir et ils ne peuvent pas fuir. Et puis, il y a les nouveaux. Nombreux. Toujours plus nombreux. La majorité silencieuse qui a décidé qu'elle n'en pouvait plus. La masse de ceux qui pensaient que la politique, ce n'est pas pour eux. Jusqu'à ce que la politique s'occupe d'eux. Les poursuive. Dans leur salon. Dans leur boulot. Même pendant les courses au supermarché. Devant l'école des gosses. Ceux qui ont fini par comprendre que la politique actuelle ne fait pas de quartier, pas de prisonniers. Ceux qui ont pris la crise dans la gueule, dans les tripes. Les salaires qui patinent, les boulots qui disparaissent, la gangrène hideuse du chômage qui les talonne, la santé trop chère, l'école qui se déballonne. Toutes ces fausses promesses qui n'ont engagé que ceux qui y ont cru. Toutes ces paroles creuses qui éclatent sur une réalité sociale qu'on ne peut plus faire semblant de ne plus voir. Et puis là, le truc de trop : deux années de plus à trimer pour des clous. La goutte d'eau qui fait déborder le trop-plein d'amertume. Ils en ont juste eu marre, ils ont posé des RTT, ils ont pris les gosses sous le bras et les voilà à faire nombre dans les cortèges. Ras-le-bol général. Refus total de lâcher une seule petite chose de plus. Refus de se laisser récupérer, d'adhérer, de se faire compter. Refus total. Et ivresse de la foule. Et puis, il y a tous les autres. Les 71 % de gens qui en ont ras la cafetière de tout, qui veulent que ça pète, qui veulent que ça change, qui aspirent à autre chose, mais qui comptent sur les potes pour faire le sale boulot à leur place. C'est à tous ceux-là que je parle. C'est à toi que j'écris. Je comprends. Tu as toujours une bonne raison de ne pas y aller, même si tu soutiens le mouvement de tout ton cœur, de toutes tes forces. Tu as un boulot. Et tu as peur de le perdre. Ou tu es irremplaçable. Je t'ai déjà dit que les étagères de Paul Emploi sont blindées de gens irremplaçables. Tu as une famille. Et personne pour garder les mômes. Tu n'as plus de boulot. Tu as besoin de ton salaire. Tu as le crédit de ta baraque à rembourser, ta banque te tient les bollocks au creux de la pogne. Et puis, dans ta branche, les « rouges », les syndicalistes, les grandes-gueules, les fouteurs de merde, tous ces gens-là, c'est vachement mal vu quand même. Tu es l'armée de réserve. Tu attends que ça pète pour te jeter dans l'arène à ton tour. Parce que là, tout de suite, les petites randos de santé en centre-ville, tu y crois moyen. Et puis, tu n'aimes pas les vieux militants, les syndicalistes bornés, les gamins en roue libre et les braillardes à banderoles. Tu n'aimes pas la foule. Et les retraites, tu sais que c'est grave ce qui se passe, mais d'un autre côté, ça fait un bon moment que tu en avais fait ton deuil. C'est que tu es un lucide, toi. C'est que tu vois les choses globalement : d'un peu plus haut. D'un peu plus loin. Tu me dis qu'on n'a pas besoin de toi. Qu'un mec tout seul, ça ne changera rien au final. Alors, tu nous regardes passer sous les fenêtres de ta boîte que tu détestes et tu continues ton boulot qui n'a pas de sens pour gagner un salaire en peau de chagrin. Et tu nous soutiens. De toutes tes forces! Sauf qu'au combat, tu le sais bien, chaque soldat compte. Tout comme tu sais, même si ça te fait chier de te l'avouer, que nous sommes au cœur d'une véritable guerre des classes, une guerre sociale et comme tous les gonzes qui défilent à tes pieds, je sais que tu as compris que les mecs en face n'ont pas l'intention de faire de prisonniers. Tu sais qu'à partir de maintenant, nous n'avons plus le droit à la défaite. Tu sais que si nous fléchissons maintenant, ils nous achèveront demain. Nous faire trimer jusqu'à la tombe n'est que le début, c'est juste la partie émergée de l'iceberg libéral, ce n'est qu'une étape vers le véritable objectif de ceux qui tiennent les manettes : le retour au temps joyeux de Zola, où nous n'avions rien et où ils avaient tout. Toi aussi, tu les vois en train de dépecer notre tissu social comme une meute de charognards excités par l'odeur lourde et collante de la misère et du malheur des exploités. Tu as encore tant de choses à perdre, que tu refuses encore de descendre dans la rue. Tu as tant de choses à perdre, et eux ne voient là qu'autant de choses à te reprendre. Et ils le feront. Petit à petit. Morceau par morceau. Jusqu'à ce qu'il ne te reste rien de ce que tu t'échines à construire depuis tant d'années. Ce n'est pas qu'une question de retraite. Et tu le sais bien. C'est une vision du monde, un choix de société. Ce sont les forces de l'argent qui ont décidé qu'elles en avaient marre de concéder des miettes aux pauvres pour avoir la paix. Ce sont nos exploiteurs qui ont décidé que nous étions des gêneurs, des surnuméraires, des empêcheurs de jouir de tout comme des porcs. Alors, ils reprennent tout : le droit de se reposer après une vie de labeur, le droit de ne pas vieillir dans la misère, le droit d'être soigné, le droit d'être instruit, le droit d'être convenablement nourris, le droit d'être correctement logé, le droit à une vie décente. Tu sais tout cela, toi qui nous regardes défiler de ta cage climatisée. Tu sais tout cela et tu nous soutiens. Mais cela ne suffit plus. Si nous faiblissons, nous sommes perdus. Ils sont à l'affût, avec la suite de leur programme ignoble : encore une journée de travail en plus, pour les vieux, encore des remboursements en moins, encore des subventions qui s'assèchent, encore des taxes qui frappent dur les plus pauvres, encore des restrictions, encore de la rigueur, encore de la déconstruction sociale, encore, encore, comme une litanie, encore, encore, comme notre sang qui s'écoule doucement sur les pavés, encore, encore, comme la curée de la meute, encore, encore... Tu sais qu'on y est. Cela fait même pas mal d'années qu'on y est. Et là, c'est la position qu'on ne doit pas lâcher. C'est le point de résistance où se joue la déroute en rase campagne. Si on on perd maintenant, ils vont nous dépecer vivants. Ce n'est plus le temps de la palabre. Plus le temps des stratégies. Plus le temps de la neutralité. Choisis ton camp : tu es avec nous dans la rue ou tu continues à nourrir la main qui t'étrangle, lentement!" Texte anonyme [post_title] => Lettre à ceux qui soutiennent sans manifester [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => lettre-a-ceux-qui-soutiennent-sans-manifester [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2010-11-21 16:52:52 [post_modified_gmt] => 2010-11-21 15:52:52 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://latelelibre.fr/?p=11995 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 5 [filter] => raw ) [4] => WP_Post Object ( [ID] => 11976 [post_author] => 6 [post_date] => 2010-10-27 13:03:35 [post_date_gmt] => 2010-10-27 12:03:35 [post_content] =>EXCLUSIF
En accord avec le service de presse, Raymond Depardon, qui tourne un film autobiographique sur sa vie et son oeuvre, avait obtenu l'autorisation de se placer face aux cameraman et photographes, placés comme d'habitude, depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy, derrière une barrière mobile. Son idée était de filmer les journalistes au travail, à la sortie du Conseil des Ministres.
Juste avant l'arrivée des ministres, le réalisateur, accompagné de sa productrice, s'est approché des journalistes pour leur expliquer la raison de sa présence. Ambiance mitigée, car certains ont déclaré qu'ils ne souhaitaient pas être filmés. L'affaire aurait pu en rester là, mais l'adrénaline est montée quand un journaliste a découvert un petit micro collé sur un des poteaux soutenant la barrière qui sépare les ministres et les journalistes. Depardon, qui se trouvait avec sa caméra à quelques mètres de ses confrères pouvait donc entendre et donc enregistrer les réflexions privées des photographes et cameraman. Quand on connaît la bonne ambiance et les blagues plus ou moins politiques ou potaches qui fusent habituellement de ce groupe de journalistes, on comprend que les intéressés n'aient pas apprécié qu'on les enregistre à leur insu! La moindre des choses, de la part du célèbre réalisateur aurait été de prévenir le groupe de journalistes de la présence du micro.
John Paul Lepers [post_title] => DEPARDON PIÈGE LES JOURNALISTES A L'ÉLYSÉE [post_excerpt] => Ce mercredi matin dans la cour de l'Elysée, le photographe et réalisateur Raymond Depardon tournait une séquence pour un prochain film. L'affaire a tourné court quand les journalistes ont découvert un micro HF caché afin de recueillir leurs conversations... [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => depardon-piege-les-journalistes-a-lelysee [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2011-01-24 14:16:39 [post_modified_gmt] => 2011-01-24 13:16:39 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://latelelibre.fr/?p=11976 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 10 [filter] => raw ) [5] => WP_Post Object ( [ID] => 11966 [post_author] => 7 [post_date] => 2010-10-26 18:41:03 [post_date_gmt] => 2010-10-26 17:41:03 [post_content] =>PLUS DE TEMPS À PERDRE !
Depuis 301 jours nos confrères Hervé Ghesquière, Stéphane Taponier et leur trois collaborateurs afghans sont retenus en otage. Voici une lettre de Thibault Pomares, stagiaire et maintenant bénévole à LaTéléLibre.
Je ne connais pas Stéphane. Je ne connais pas Hervé. Je ne connais pas non plus leurs trois accompagnateurs dont les prénoms ne circulent que trop peu. Je suis juste leur confrère, un journaliste parmi les 38 000 autres en France. Sauf que ma vie, elle ne s'est pas arrêtée il y a trois cent un jours. J'ai avancé dans mon coin sans voir le temps qui passe alors que eux, se sont retrouvés dans l'impasse. Du coup, j'ai pensé au temps. Un sentiment grave que j'ai éprouvé en me remémorant les 301 derniers jours de ma petite vie, mais en réfléchissant aussi à tout ce que les otages n'ont pas pu vivre depuis que ce temps si précieux leur a été volé.
Nous sommes fin décembre 2009. En Afghanistan, Stéphane et Hervé travaillent dur pour leur émission et moi, depuis Noël, je m'empiffre. Malheur à moi, je m'apprête à remplir mon ventre à nouveau pour célébrer la nouvelle année. Putain qu'ils sont loin ces souvenirs... Le bruit du bouchon qui pète, le crépitement de la mousse qui se forme à la cime des coupes, ce goût exquis et enivrant que l'on sent couler dans nos veines. Que d'instants de vie de mon côté, mais toi Hervé ? Et toi Stéphane ?
Finies les fêtes, j'en commence une nouvelle : mon premier stage à LaTéléLibre.fr. Je me rappelle si bien mon premier reportage « Sur la route des régionales »... J'avais des frissons sur le terrain, les mains moites et les mots hésitants. J'essayais de peser chaque terme à prononcer... Puis finalement, je déballais tout négligemment, alors que mon stress explosait sur la mousse d'un micro que je tiens toujours aussi mal. Pendant ces 90 jours de stage, il s'est passé tellement de choses. Certains commentaires assassins sur mon travail, des promenades amoureuses, le dimanche sur les quais. J'ai continué d'avancer quand la neige redevenait pluie et que les bourgeons préparaient de nouvelles robes aux arbres. J'ai appris énormément, trois mois d'expériences professionnelles, de rencontres inoubliables, de bouffes, de cuites, de fous rires, d'amour, de famille, de galère, de joie, de froid, de chaud. 90 jours qui m'ont semblés secondes. Du temps vécu pour une poignée de souvenirs gravés pour toujours. Mais toi Hervé, quels seront les tiens ? Et toi Stéphane ?
Un pot de départ, un déménagement, deux ou trois nouveaux boulots et une dizaine de papiers pour la CAF plus tard, nous voilà au début des vacances d'été. J'ai quitté LaTéléLibre, fini mon école et m'octroie un peu de bon temps dans un festival de la péninsule ibérique. Je me rappelle l'odeur des dernières grillades, de l'aïoli, du pain craquant et des tomates juteuses alors qu'une nouvelle saison se meurt et que l'on se murmure non sans tristesse « profitons bien, c'est le dernier week-end où il fait beau ». Mais toi Hervé, que pouvais tu te murmurer à la fin des beaux jours ? Et toi Stéphane ?
Aux prémices de l'hiver, lorsque je ressors les habits chauds, il y a toujours un pull que je retrouve et qui me fait dire « ah ! Il est chouette celui là, je l'avais complètement oublié... Il me tarde de le remettre ! ». Un pull, deux hommes, la comparaison est dérisoire... Je me suis efforcé de ne pas oublier Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière, mais quand je pense au laps de temps qu'il y a eu entre le rangement de mon pull dans la penderie au printemps dernier, et le moment où je l'ai retrouvé, j'ai mesuré le temps qui s'envole. Ce ressenti qui nous frappe en pleine poire lorsque que, subitement, on se souvient d'un instant oublié. On se dit, merde alors, ça fait un bail ! Car pour nous, les "libres", le temps qui se consume chaque seconde, il nous échappe. Mais pour toi Hervé ? Pour toi qui n'est plus libre, quelle valeur a pris l'instant ? Et pour toi Stéphane ?
Ça c'était ma vie, mon temps « libre ». Et toi lecteur, tu as pu voir le muguet fleurir... Les derniers films de John Paul t'ont fait réagir, Sarkozy t'a scié à Grenoble, la réforme des retraites t'a épuisé, Betencourt t'a filé la nausée, t'es allé aux toilettes des centaines de fois, t'as croisé des milliers de visages dans les rues, t'as été malade, t'as vomi, ta connexion internet a bugué ce qui t'as rendu dingue, t'as perdu deux putains d'euros dans un ticket à gratter, t'as fait tes courses, t'as acheté des médicaments, tu t'es grillé environ 2156 clopes blondes et 160 brunes, t'as arrêté de fumer, t'as passé le balais, une douce mélodie t'a envouté, t'as payé tes impôts, t'as repris la clope, t'as rencontré quelqu'un, t'as peut-être eu un enfant, t'as peut-être tout perdu, t'as peut-être divorcé, t'as surement pleuré, regretté, espéré... Mais ce temps si précieux sur lequel tu as marché, chaque année des centaines d'otages se le font confisquer. Comme toi Hervé. Comme toi Stéphane.
Quant à vous, voleurs, libérez-les ! Qu'on puisse enfin les « oublier » comme on fait, nous, les libres avec tous ces instants quotidiens. Qu'on puisse enfin se dire au Noël prochain la même chose que lorsqu'on retrouve son pull: « Taponier ? Ghesquière... ? Mmmm... Ah oui ! Les otages qui ont été libérés, c'est vrai, j'avais oublié... c'était il y a deux mois, non ? Le temps passe vite dis ! ». Alors rendez-leur une vie, des souvenirs, des rires, des pleurs, des impôts, des tâches de gras qui partent pas à la machine, des trajets longs, des sonneries de téléphone, leur famille... Rendez-leur des instants à oublier, des moments inoubliables. Rendez-leur la vie. Et nous, repensons à la notre pour nous rendre compte du temps qui file, histoire d'agir encore, toujours. Maintenant. Pour eux... N'est-ce pas Hervé ? N'est-ce pas Stéphane ?
Thibault Pomares.
Photo : Julien Boluen.
[post_title] => 301, LETTRE A HERVÉ ET STÉPHANE [post_excerpt] => [post_status] => publish [comment_status] => open [ping_status] => open [post_password] => [post_name] => 301-lettre-a-herve-et-stephane [to_ping] => [pinged] => [post_modified] => 2011-05-27 17:58:02 [post_modified_gmt] => 2011-05-27 15:58:02 [post_content_filtered] => [post_parent] => 0 [guid] => https://latelelibre.fr/?p=11966 [menu_order] => 0 [post_type] => post [post_mime_type] => [comment_count] => 0 [filter] => raw ) [6] => WP_Post Object ( [ID] => 11891 [post_author] => 2 [post_date] => 2010-10-19 13:18:27 [post_date_gmt] => 2010-10-19 12:18:27 [post_content] =>