Partage 2.0 : l’Anti-Crise

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C’est la crise. Mais face à la crise, il y a des solutions. Anne Sophie Novel en a rassemblé plus de 400 dans son livre « la Vie Share, mode d’emploi ». 400 alternatives à la consommation abusive, toutes liées par un point commun : le partage. Anne Sophie Novel est docteur en économie, et journaliste spécialisée dans l’écologie, les alternatives durables, l’innovation sociale et l’économie collaborative. Nous l’avons rencontrée au café Monde et Média à Paris pour questionner cette nouvelle manière consommer permise par l’explosion du web : la consommation collaborative.

C’est devenu un lieu commun : pour faire face à la crise, il faut inventer de nouvelles manières de fonctionner. Au delà des habitudes, à côté de ce qu’on imagine être l’unique chemin. Alors, si au lieu de ne compter que sur soi on faisait équipe ? Si, à la place de la recherche de profit à tout prix, d’accomplissement de l’individu et de l’uniformisation tant décriée on mettait en pratique la solidarité, l’équité, la diversité et l’autogestion ? Plus concrètement, si, à la propriété, on substituait la consommation collaborative ?…

 

 

J’ai besoin d’une voiture mais je ni l’argent ni le désir d’en posséder une. Alors je tape « autopartage » et je clique sur « VoiturLib ». J’ai besoin d’un grille-pain et je ne veux plus de mon mixeur : je m’en vais me balader sur « Freecycle » et je trouve un voisin qui possède l’objet de mes désirs, et un autre qui a des envies de soupe. J’ai soudainement l’envie de partager un bon repas pas trop cher ? Je n’ai qu’à m’ « incruster » chez quelqu’un qui « régale » ! C’est sur beyondcroissant.com, et ça s’appelle le « colunching ». Un simple clic donc, et on plonge dans le monde de l’économie participative…

 

C’est un mouvement qui vient de loin, du temps où, au quotidien, le partage était nécessaire à la survie. Mais c’est une dynamique qui explose depuis les années 2000, au moment où le web infiltre le quotidien d’une partie du monde. Coïncidence ? Sûrement pas, car Internet a permis au partage de renaître, en créant un réseau de solidarité. Le web est alors devenu un modèle de mise en commun et d’horizontalité, ainsi qu’un outil indispensable à la mise en pratique d’un nouvel idéal. Ainsi depuis une dizaine d’années fleurissent des sites et des communautés comme « Ouishare », une communauté internationale qui rassemble les acteurs de cette économie collaborative, professionnels et citoyens.

 

 

Une utopie ? Quand on lit que 83% des français estiment qu’il est plus important d’utiliser un produit que de le posséder, que 6% des Français sont déjà allés cherché leurs légumes dans une Amap, que 8% ont pratiqué le covoiturage, 6% loué leurs biens et 11% pratiqué le troc (selon une étude de l’observatoire des consommations émergentes), on se dit que pour une utopie, elle est plutôt concrète…

Mais qu’en est il pour ceux qui n’ont pas accès à internet ? Les 23% de français, 99% de nigériens, 52% d’argentins ou les 90% d’indiens n’ayant pas internet sont-ils de fait exclus du partage ?

 

 

Le partage s’impose donc. Il devient une nécessité pour pouvoir continuer à vivre bien. Mais ce mouvement de consommation collaborative ne remet pas en cause la spirale de consommation sans fin. Ce qu’il permet est de pouvoir continuer à consommer autant qu’avant, mais avec des moyens réduits. Alors, quand la crise est finie, finie la nouvelle société du partage ?

 

 

Flore Viénot

Images : Mathieu Fonseca

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