« La Courageuse » à la Mairie de Marseille ?

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Pendant que le Front National gagnait à Brignoles, curieuse capitale de la France pour une semaine, le Parti Socialiste se déchirait lors des primaires pour les municipales de 2014 à Marseille pour savoir qui avait triché le plus.

Le plus, car peu ont oublié la féroce et presque mortelle bataille entre Ségolène Royal et Martine Aubry lors du congrès de Reims en 2008 : avec 104 voix d’avance pour la maire de Lille, le bourrage massif d’urnes dans les différentes « fédés » ne devenait plus un secret pour les Français. En gros, ça bourrait de tous les côtés. Et ils découvraient ainsi toute la violence de la politique, celle qui réside au sein des partis, et qui pour la première fois éclaboussait leur visage.

À Marseille, c’est un peu du Congrès de Reims, du moins dans l’invective, qu’on a pu ressentir. Il faut comprendre la grande perdante d’hier soir, Marie-Arlette Carlotti : elle qui est appelée « la marseillaise du gouvernement » était surtout considérée comme la « candidate de Solférino », en particulier dans les quartiers nord. Comment considérer autrement la secrétaire d’état chargée des personnes handicapées (sic) et membre d’un gouvernement qui déçoit les plus modestes, là où la misère fait partie du quotidien ? Elle aura été clairement plombée par l’impopularité d’un gouvernement qui visiblement commence à payer lourdement une action politique 2013, en contradiction avec le programme de mai 2012.

Face à deux machines de guerre, celle de Samia Ghalli et de Patrick Menucci, c’est la politique à l’ancienne qui a primé hier, à savoir de la présence permanente sur le terrain, affichages et appels téléphoniques intensifs.

Les accusations de Marie-Arlette Carlotti, à savoir des « navettes » mises à dispositions des Marseillais pour se rendre aux urnes – qu’elle qualifie elle-même de “clientélisme” – sont l’une des raisons de sa défaite, : non pas sur le fait que sa concurrente Samia Ghalli les ait organisées, mais sur l’incapacité de Marie-Arlette Carlotti à concevoir l’organiser elle-même. Selon les dires de Samia Ghalli hier soir, il n’y avait qu’un seul point de vote dans le très populaire XVe arrondissement, notant au passage l’impossibilité pour de nombreux marseillais des Quartiers Nord à pouvoir voter, à cause d’un pauvre réseau de transport en commun. C’est soit le signe d’une volonté à limiter le vote des quartiers populaires plus favorables à la gauche du PS, soit une curieuse incompétence de la part de la fédération socialiste locale.

La leçon qu’il faut retenir de dimanche dernier, c’est que ce n’est pas Marie-Arlette Carlotti qui a perdu, c’est Samia Ghalli, la sénatrice des quartiers nord, qui a gagné. Cette militante de terrain aura réussi, et parfois contre les barons locaux, à s’imposer comme la figure du renouveau socialiste à Marseille. Et quand ses rivaux l’accusent d’être une proche du paria Guerini, cela témoigne d’une panique à l’idée de voir une enfant des quartiers prendre le pouvoir sur Marseille. Et si il n’y avait pas que l’UMP et le FN qui ne voulaient pas d’une Maire d’origine algérienne… ?

Jonathan Halimi

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