[L’ÉDITO DE JO] Le Choc Fiscal pour Tous

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Comme d’hab’, cette semaine, Jo a bouffé du lion. Pour lui, l’adversaire du Président Hollande n’est plus la Finance, mais l’épargne populaire ! Un billet épicé.

On peut dire sans ambages que le gouvernement sait s’adresser au petit peuple. Après « le choc de simplification », annoncé comme tête de gondole du gouvernement Ayrault et sensé changer à jamais la vie des français, c’est plutôt le choc fiscal qui leur est arrivé au coin de la figure en septembre : entre 800.000 et 1,2 millions de français, qui n’étaient pas imposables auparavant, auront découvert avec grande joie qu’ils le sont devenus cette année.

Face à leurs possibles critiques, le gouvernement a décidé de ne pas faire de jaloux : quitte à se couper encore plus des votants les plus modestes, autant raser tout le monde et taxer à 15,5% les bénéfices de ces gros bourges possesseurs de PEL, PEA et autres CEL. Ah, on peut deviner d’ici le soulagement des dirigeants du PS, jusqu’ici incapables de freiner la fraude fiscale et qui se chiffre entre 60 et 80 milliards d’euros chaque année.

Car pour l’Elysée, de l’argent, il y en a

Non pas dans les caisses du patronat, mais plutôt dans celles de la classe moyenne, telle une vache à lait, elle qui de toutes les manières n’ira jamais planquer son fric en Suisse ou en Belgique. C’est le résultat d’un courage annoncé par le candidat Hollande en Janvier 2012 : «  Mon adversaire n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti. Mon adversaire, c’est la finance l’épargne populaire ».

L’exemple du réfugié fiscal Depardieu n’est pas accessible pour ces pigeons qui triment et voudraient économiser pour devenir propriétaires. Et il n’est point question ici de revenir sur les ex-pigeons, les geonpis, ces braves entrepreneurs des nouvelles technologies qui construisent la France de demain, celle qui fait briller les yeux de futurs stagiaires et auto-entrepreneurs prêts à être autoexploités avec bonheur.

On peut ici féliciter un gouvernement doté de la plus grande des clairvoyances en matière de stratégie politique pour les prochaines élections. En réduisant le taux du Livret A de 2,25% à 1,25%, symbole de l’épargne des plus modestes, puis maintenant celle des classes moyennes, la politique de François Hollande, mise en action par Jean-Marc Ayrault, saura avec ces mesures trouver l’attention du peu qu’il leur reste en réserve de voix. Là où le plan « emploi d’avenir » tourne au sublime fiasco, où le retour de la croissance semble prendre une posture d’attente de Messie et où la gestion de l’affaire Léonarda s’est montrée digne d’un roman de Kafka, il ne reste plus au gouvernement qu’à exposer son programme à la prochaine FIAC. Car tout aussi frileux de s’attaquer à la fraude fiscale, le gouvernement socialiste ose ce que même la droite n’a jamais osé faire : toucher au grisbi du français moyen.

Et à ce rythme là, les sondages descendront tellement bas pour notre Président qu’il risquera bientôt d’y trouver du gaz de schiste.

Jonathan Halimi.

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