« C’est l’Avenir de la Droite de s’entendre avec le Front National »

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Mini coup de tonnerre dans la droite parisienne : Michel Bulté, ancien maire RPR du 19e arrondissement, rejoint le Front National et se présente dans son ancien fief parisien. Ce ralliement constitue les prémices de possibles futures alliances à droite, à savoir entre l’UMP et le Front National. Car pour W. de St Just, tête de liste FN à Paris, comme pour Michel Bulté, « Un jour ou l’autre, il y aura inexorablement un regroupement des droites de bonne volonté.

Jeudi 16 janvier avait lieu la présentation du programme Front National pour les municipales parisienne de 2014.

Au sein de ce programme, 17 rubriques, comme la finance et le budget de la Mairie, point phare de sa tête de liste, Wallerand de St Just, qui promet au passage une baisse de 20% de la fiscalité parisienne en 6 ans. Et cela malgré le fait que Paris soit la 2e grande ville française la moins élevée en terme d’impôts locaux. Mais M. de St Just persiste: « M. Delanoë a doublé le capital de la dette depuis 2001, et de plus de 11% seulement en 2013 ».

La hausse des aides sociales, à l’instar de la fiscalité, représente depuis toujours un des points cardinaux du programme politique du FN. Et en l’occurrence ici  l’aide sociale accordée aux enfants en difficulté, dont son budget serait, selon M. de St Just, passé de 200 millions d’euros à 800 millions d’euros ces dernières années, et dont la raison serait due « à l’immigration ».

PROG-FN-LATELELIBRE

Sur la question de connaître d’où viennent les chiffres en question, et sur quelles études elles se basent, M. de St Just répond « l’étude de la réalité et ce que nous ont dit les spécialistes ». Et le fait d’insister sur ce point aura presque fait sortir Philippe Martel, chef de cabinet de Marine Le Pen, de ses gonds : « nos yeux, le regard, le réel ».

Extrait de la conférence de Presse sur le thème de l’Aide Sociale

Mis à part le fait que M. Martel démontre quelque part d’une incapacité à différencier peut être les français « non-blancs » des « immigrés », car ses « yeux » suffiraient a valider l’idée que ce sont les « étrangers » qui auraient fait exploser le budget d’aide sociale aux enfants en difficulté, son affirmation est pour le moins étonnante. Et quand bien même tout cela serait avéré, il semble pour le peu oublieux que la crise touche tout le monde sans distinction et en masse. Son explication sur la supposée explosion démontre que le Front ne diverge pas sur ses idées fondatrices. Malgré nos recherches à posteriori, l’origine des chiffres provenant de « spécialistes » et de l’ « IFRAP » reste à ce jour introuvable. Contactée, la Mairie de Paris affirme que les chiffres avancés sont « faux ».

À droite, la pêche est bonne pour le FN

Au-delà de ce programme, et qui est consultable ici, c’est le ralliement d’un ancien collaborateur de Jacques Chirac à la liste FN. Michel Bulté est tout d’abord un homme politique qui a connu un parcours particulier : militant mao dans les années 70, il deviendra Maire du 19e à Paris dans la liste RPR de Jean Tibéri en 1995. Battu en 2001, il se représente en 2008 sans succès sur la liste Modem de Marielle de Sarnez.

Et Michel Bulté représente ce gros poisson que le FN attendait afin de « booster » sa campagne, et de démontrer ainsi sa capacité à ouvrir ses portes à des militants, mais surtout à des cadres « de bonne volonté ».

C’est Philippe Martel, le nouveau Chef de cabinet de Marine Le Pen, qui aurait fait du lobbying auprès de Bulté, pour finir de le convaincre de rejoindre les rangs du FN, dans des approches qui auraient débutés depuis novembre 2013. Même s’il affirme tout de même que sa décision résultait d’ « une réflexion personnelle. La seule chose qui ait vraiment aidé, c’est le fait de connaître Philippe Martel, des gens avec qui j’avais déjà travaillé avec Alain Juppé, qui n’avaient pas du tout le profil d’antisémites ou de fascistes, et ça m’a plutôt rassuré. Ce n’est pas lui qui m’a fait venir au FN, c’est parce que je le connaissais et ça a conforté ma démarche  ».

Interview de Michel Bulté


Le camp de Bulté reste la droite. C’est en tout cas ce qu’il affirme clairement en conférence de presse : « Un jour ou l’autre, il y aura inexorablement un regroupement des droites de bonne volonté. Et on ne peut pas dire de MLP ne soit pas bonne volonté pour diriger la France. Ca sera ça ou encore la perpétuelle défaite. Il faut absolument sortir de cette « loose parade » lamentable »

Même si pour Walleyrand de St Just, le but, affiché, n’est pas de s’allier avec la droite, « mais de battre la gauche (…) Alors on s’alliera éventuellement avec nos concurrents qui peuvent être l’UMP, (…) donc le plus de monde possible contre la gauche ».

Interview de Wallerand de Saint Just


Être la droite : le but fondateur du FN

Ici, rien de nouveau sous le soleil : représenter la droite face à la gauche, c’est le vieux rêve de Jean-Marie Le Pen au FN. Car le but du fondateur du Front a toujours été de couler la droite parlementaire, en commençant par siphonner son électorat, pour représenter la seule alternative face à la gauche. Comme dans cette vidéo, qui montre un Jean-Marie Le Pen presque insensible face aux résultats du 1er Avril 2002, pourtant apprenant comme la France entière qu’il se retrouvait au 2nd tour face à Jacques Chirac, son ennemi de toujours. La raison est simple : son désir était de battre Chirac pour se retrouver face à la gauche, et ainsi représenter la droite « nationale », comme il l’aime le préciser.

Extrait de l’émission « Riposte » de Serge Moati avec Jean Marie Le Pen


Le Pen sur France 5 dans Riposte (interview... par christayle

Michel Bulté représente la belle prise du FN pour ce début d’année 2013. Il ne devrait pas être le dernier à rejoindre le parti d’extrême-droite, tant la droite est aux abois, avec notamment la crise parisienne à l’UMP, entre autres, mais surtout face à une possible dégringolade pour l’ancien parti de la majorité lors des prochaines élections.

Sommes nous en train d’assister aux prémisses d’une refondation du paysage politique français, où la fusion de la droite classique et de l’extrême-droite dans un grand parti de droite populiste serait la solution trouvée pour battre la gauche ? L’avenir le dira, mais c’est en tout cas ce qui s’est passé dans plusieurs pays européens. Le meilleur exemple reste « Le pôle des libertés» de la Ligue du Nord et de Silvio Berlusconi, ou bien en Hollande avec le PPV de Geert Wilders.

Jonathan Halimi

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