ALILOKE #2 : En Iran…

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[LaRadioLibre] Bienvenue Aliloke ! Aujourd’hui Yasmine et Thibault mettent le cap sur l’Iran. L’occasion de partager une atmosphère et te faire voyager de l’autre côté de la terre… Une escapade à travers la culture, par le biais de sons, de regards d’artistes, d’œuvres et de sensations.

 

Aliloke : Ailleurs, [ :Aliloké :] – Langue Espéranto.

Sommaire

Au programme de ce second numéro d’Aliloke, nous tâcherons de changer les regards sur ce pays listé dans de l’axe du mal des États-Unis. Pour se faire, on parlera des femmes et de leur place au sein de la société Iranienne, on se la jouera rock’n’roll à Téhéran avec le TravelClic du jour. On se perdra dans des quiproquos avant de conclure avec un mot. Mais de suite, c’est l’expo… Iran Unedited au musée d’art moderne de paris.

 Le data-script de l’épisode


• REPORTAGE EN POÉSIE •

Il y a peu de temps
A commencé une expo sur l’Iran
L’art iranien de 60 à nos jours
C’est peu courant donc j’y accourre

Mardi matin à midi trente
On attends lguide à l’heure pétante
Nous sommes les seuls quel privilège !
On attends impatients sur notre siège
C’est avec un retard léger
Que notre guide est arrivé
« Ca fait quelques temps seulement
que je découvre l’Iran »

C’est en suivant ses pas
Qu’on entre dans la période de Réza Chah
Peintures et collages
Le tout reste plutôt sage

Une vidéo de Parviz Kimiavi pleine d’humour
Nous apporte alors un nouveau contour
Je découvre ensuite le festival international des arts de Shiraz
Pour bien le décrire il me faudrait plus d’une phrase

Cette partie est riche en documents
J’aurais aimé y être tant ça a l’air excellent
Une programmation avec une avant garde mondiale et occidentale
Heurtera parfois la sensibilité locale

Le festival étant sans doute hors de prix
Pour un simple habitant shirazi
Les seuls parties qui s’amènent à lui
Vont faire alors beaucoup de bruit.

Elles font scandale
Ou succès phénoménal
Il y a clivage
Entre le festival et ses rivages.

Puis vient le temps de la révolution
Pleine de rêves de nouveaux horizons
Je vois des affiches emplies d’utopies
Ça m’fait penser à celles de mai 68

J’apprends alors un fait amusant
Qui pourrait mener à des moments embarrassants
Un pouce levé
Qui bien avant facebook fut généralisé

Comme symbole d’appréciation
Au sein de toute intéraction
Voilà qu’au milieu d’une affiche
Ce symbole s’y niche
Mais que vient il faire,
Dans ce contexte révolutionnaire ?

On me dit aussitôt
que là bas c’est comme un doigt d’honneur
imaginez le quiproquo
pour un simple visiteur

Plusieurs courants se mélangent
Marxistes islamistes ou autres istes
Ils veulent que les choses changent
Globalement guidés par une pensée idéaliste

Après la révolution c’est la guerre
On voit de beaux documents de reporter
Beaucoup de noir et blanc
Parfois saupoudré d’un humour troublant
Beaucoup d’horreurs
Vous savez bien la guerre c’est pas l’bonheur

On découvre enfin l’art de maintenant
L’art de Narmine Sadegh à partir d’un mythe persan
La poésie nous transporte
Et nous donne envie de voir
Au delà de notre porte
Et de nous laisser émouvoir

J’aurais tant aimé
Que politique et art soient distingués
Découvrir l’art que l’on peut voir maintenant
Tout là bas en Iran

Ici la plupart des artistes ont émigré
Et hors du pays ont passé plusieurs années
Qu’est ce que l’on fait là bas ? Comment ils s’inspirent ?
De Téhéran à Bouchir ?

Une expo sur l’Iran davantage que l’art iranien c’est intéressant
Mais je reste un peu sur ma faim
Espérons pour conclure
Que les commissaires de l’exposition
Continueront l’aventure
Et approfondiront la médiation.

*******

Au tour des femmes. Celles d’Iran, celles qui depuis la révolution de 79 sont obligées de porter le voile. Un avant-après plutôt radical. Mais au delà des bouts de tissus cachant mèches et boucles des femmes, on peut s’interroger sur la place qu’elles occupent dans cette curieuse société. Vue de chez nous, le voile de l’orientale nous apitoie sur le sort des femmes, on les imaginent rester à la maison, cuisiner, être sous le joug d’un homme. Sauf que lorsqu’on s’y penche un peu plus et qu’on part à la découverte de la société iranienne on constate que ce cliché, bah ce serait bien dommage de s’en contenter.

L’Iran d’aujourd’hui, c’est une société tout en nuances qui peut nous perdre dans ses contradictions. En écoutant Nahal Tajadod, une écrivaine d’origine téhéranaise vivant en France, qui a donné une interview à son éditeur Albin Michel, on en apprend plus sur la position des femmes persanes.

Laissons-là nous expliquer…

 

En l’espace de quelques phrases l’écrivaine saccage les préjugés qui collent au voile de la femme persane. Un travail qu’elle poursuit dans son dernier roman « Elle Joue ». Les discussions de deux dames Iraniennes. L’une étant l’écrivaine elle même quand l’autre est directement inspirée de Golshifteh Farahani, une actrice très populaire en Iran vivant en France depuis quelques temps. Deux femmes curieuses de s’échanger leur vision et leur vécu… L’une sous la période du Shah l’autre née dans la république islamique. C’est encore une fois la révélation de toutes ces nuances qui composent la société iranienne qui fascinent. L’actrice, interviewée par le courrier international continue sur la ligne de ce que nous a raconté Nahal Tajadod plus tôt.

Il est particulièrement difficile de se faire une idée de la femme comme de la société iranienne de l’extérieur. Peu de documents s’échappent de ce pays tantôt isolé par l’occident tantôt replié sur lui même. Peut-être la poétesse Forough Farrokhzad ne fera qu’accentuer l’ambivalence de notre regard sur la perse avec ces mots révoltés d’une femme libre mais étouffée.

Ne scelle pas mes lèvres au cadenas du silence
Car j’ai dans le cœur une histoire irracontée
Délivre mes pieds de ces fers qui les retiennent
Car cette passion m’a bouleversée

Viens, homme, viens, égoïste
Viens ouvrir les portes de la cage
Toute une vie, tu m’as voulue en prison
Dans le souffle de cet instant, enfin, délivre-moi

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Et si on parlait quiproquo ? C’est toujours difficile à expliquer, surtout quand le quiproquo vient d’ailleurs mais toujours intéressant à comprendre.

Les plus amusants apparaissent avec le choc des cultures ou dans les nœuds des langues étrangères.  Aujourd’hui celui que nous allons te conter c’est celui qui a été vécu par Serge Michel, un journaliste freelance à Téhéran pendant un certain temps.

Fraichement arrivé, après quelques cours de persan sur cassette ou autre manuel, il traverse la frontière avec l’Azerbaïdjan et passe par un poste de péage. Il réussit à baragouiner quelques mots en farsi et demande combien il doit régler. L’homme lui répond très gentiment que pour lui c’est gratuit. Surpris mais ravi il remercie l’homme et continue donc sa route, le péage n’ayant de barrage. Quelques mètres plus loin il voit dans son rétroviseur l’homme qui agite ses bras, il pense à des signes de bienvenue mais réalise bien plus tard qu’il aurait dû payer. C’est à ce moment là qu’il a découvert le principe du Taarof qui est le langage de la politesse et de la louange en Persan qui peut mener à plus d’un quiproquo lorsqu’on l’on est pas familier de la coutume. La pratique mène à des interactions interminables guidées par une politesse extrême.

D’après Serge Michel, « Le tarouf, toujours fleuri et poétique , connaît plusieurs niveaux de langage. Pour exprimer son respect d’autrui, les gens bien élevés diront « marche sur mes yeux », alors qu’un chauffeur de camion dira plutôt « crache et je nagerai dedans. ».

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• TRAVEL CLIC •

TravelClic, c’est cette chronique qui en quelques tags et quelques clics voyage sur le net à la recherché d’une zic

Google.com / Iranian Rock / Rock and alternative music in Iran / Alors les groupes, là il y en a une dizaine, je clique sur un, Kiosk… Kiosk is an underground iranien rock band from Tehran ! / Discographie, le dernier album date de 2013, il s’intitule Parallel Establishments (Tashkilate Movazi) / voyons voir leur site, kiosktheband.com / official vidéo / Kashf / Lançons ce clip, ce sera notre travel clip, Rock on’ Iran ! Et bon voyage !

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• LE MOT D’AILLEURS ET DE LA FIN •

Terminus tout le monde descend pour le mot de la fin : Persan.

Le persan c’est la langue des Iraniens qui eux, la nomme Farsi. Elle compte plus de 100 000 millions de locuteurs à travers le monde, une langue de poètes qui permit au Xème à Ferdowsi de poser ces mots sur son royaume :

« Que quelqu’un pense à l’Iran comme Eden ou comme Jardin,
L’odeur du musc de l’ami, du compagnon, abonde ici bas.
 »

 

ALILOKE !

Réalisation : Yasmine Tashk, Thibault Pomares
[radio https://soundcloud.com/laradiolibre/aliloke-2-en-iran]

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