ALILOKE #3 : À Lanzarote…

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[LaRadioLibre] Hello Aliloke ! Ce mois-ci, Yasmine et Thibault partent loin, loin, dans le grand Océan, sur une île mystérieuse, Lanzarote ! La terre de feu de l’Atlantique, ce désert de lave noire sur lequel poussent en grappe des maisons blanches. Partons à travers des sons, voyageons en histoire, et explorons la culture de cette île à l’extrême Est de l’archipel des Canaries, ou plutôt à l’extrême Sud des désirs, comme l’aurait dit un jour le surréaliste André Breton. Embarquons !

 

Aliloke : Ailleurs, [ :Aliloké :] – Langue Espéranto.

 

Au sommaire de cette émission

Dans ce troisième numéro d’Aliloke, nous vous proposons la découverte de Lanzarote à travers son histoire, sa conquête, sa culture et ses paysages apocalyptiques. Thibault vous fera une lecture de « Lanzarote et autres textes » de Michel Houellebecq, cet amoureux des Canaries où il tourna son film « La possibilité d’une île ». Yasmine vous contera à travers un de ses poèmes l’œuvre de l’artiste local César Manrique. Nous écouterons de la musique traditionnelle, mais aussi contemporaine avec le « travel clic » du jour consacré au groupe Oscartienealas. Enfin, le « mot de la fin » vous fera découvrir une spécialité culinaire du coin : le mojo picon.

 

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Le data script de l’épisode

Au 14ème siècle, un navigateur génois du nom de Lancelot Maloisel, accosta dans l’archipel des Canaries. Et c’est de son chevaleresque prénom que viendrait le nom de l’île sur laquelle nous allons porter notre regard. Lanzarote, ce bout de terre espagnol où les volcans se sont exprimés récemment puisqu’ils grondaient encore au 18ème et au 19ème siècle : des éruptions dévastatrices comme celle de Timanfaya qui a recouvert de lave un quart de l’île… La roche, en fusion, a alors séché pour devenir un désert noir aux reflets rouges. Un paysage fantomatique et écorché à l’intérieur des terres, quand des plages de sable noir ont vu le jour en bordure de mer. Ce paysage, lunaire, a depuis inspiré et influencé les artistes et écrivains ayant foulé le sol de Lanzarote, de Pedro Almodovar jusqu’à notre dépressif Michel Houllebecq…

 

• LECTURE •

Extrait de Lanzarote et autres textes, Houellebecq, 2002 aux éditions Librio.

Notre voiture était pratiquement la seule à circuler sur le front de mer; Attirés par le bruit du moteur, les propriétaires des cafés sortaient sur le pas de leur porte, pleins d’espoir. C’était pourtant vrai que la plage était splendide, une immense ellipse de sable blanc, longue de plusieurs kilomètres. mais la mer était trop grise, trop agitée pour donner envie de s’y baigner; et la planche à voile, c’est un peu juste pour occuper un mois de vacances. On entendait aucun bruit qui puisse indiquer une présence humaine : ni télévision, ni transistor, rien. Des bateaux de plaisance à moitié ensablés rouillaient lentement.

Tout cela n’entamait nullement ma bonne humeur; c’est alors que je me rendis compte que je commençais à aimer cette île. Rudi par contre semblait affreusement déçu, au bord des larmes. « Bah oui.. me sentis-je obligé d’intervenir, c’est normal qu’il n’y ait pas grand monde. C’est tout le temps couvert, la mer est mauvaise… le gens se font chier.  » D’un commun accord, nous reprîmes la route des volcans.

À mesure que nous descendions vers le Sud, les paysages devenaient de plus en plus impressionnants. Peu après l’intersection de Tinajo, Rudi voulut s’arrêter. Je le rejoignis sur le terre-plein qui dominait le vide. Il restait là, le regard fixe, comme hypnotisé. Nous surplombions un désert mineral total. Devant nous une faille énorme, de plusieurs dizaines de mètres de largeur, serpentait jusqu’à l’horizon, tranchant la surface grise de l’écorce terrestre. Le silence était absolu. C’est à cela, me dis-je, que ressemblerait le monde, après sa mort.

Plus tard, peut-être, il y aurait une résurrection. Le vent et la mer attaqueraient les rochers, les décomposeraient en poussière et en sable; peu à peu, des sols se formeraient. Il y aurait des plantes – et puis, beaucoup plus tard, des animaux. Mais pour l’instant, il n’y avait que des rocs – et une route, tracée par l’homme.

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• REPORTAGE EN POÉSIE •

Dans ce numéro d’Aliloké, ce n’est pas d’une simple expo dont nous allons vous parler, mais de toute une île reconvertie en musée.

Avez vous déjà entendu parler de César
Et de son art ?
Je parle de César Manrique
Le peintre de cette superbe île
Dont il a permis l’essor touristique
En y insérant divers mobiles

En route vers les différents caps,
Une de ses sculptures nous rattrape.
Des ronds des sons géométriques
Le vent caresse ces formes cinétiques.

Elle trône sur le rond point meurtrier
Celui où Pénélope Cruz meurt dans Étreintes Brisées
Almodovar s’est ici inspiré de la vraie vie
De la façon dont est mort Manrique aux canaries.

Avant d’en arriver à la fin et dramatiser
Laissez moi vous présenter
La façon dont l’artiste a transformé l’île en musée

Chaque endroit symbolique
A été façonné selon Manrique
Basé sur un principe art/nature
Qui n’a fait qu’asseoir sa stature.

Tout au Nord si vous allez au Mirador
Une salle qu’il a aménagé vous mènera
Vers une superbe vue de l’île de la Graciosa
Enfin le vent vous fera vaciller
Avant de partir, vous en aller.

Cap vers le jardin des cactus un peu plus bas vers l’Est
Où l’artiste a arrangé les plus belles espèces pour nous en donner un zeste
Peu de choses poussent dans la pierre volcanique.
D’où cette belle idée de l’artiste Manrique.

Tout ce temps il a lutté afin de préserver
L’architecture classique contre la modernité
Celle des complexes bétonnés
Qui gâcheraient quelque peu la vue sur la jetée.

C’est en montrant l’exemple
Qu’il a construit son temple
À présent reconverti en musée
Sa maison nous a impressionné
Les salons sont construits dans les grottes volcaniques
C’est fou ce qu’elle est cosy la maison de Manrique.

C’est à Jameos del Agua
Que la transparence de l’eau te frustrera
Ici on est au musée
Et les œuvres on ne peut pas toucher.

Attends je t’explique
C’est encore une œuvre de Manrique
La petite piscine au milieu du paradis
Ce n’est pas ici qu’on nage aux Canaries.

Enfin une chose est sûre, c’est que tu ne peux pas partir de là
Sans avoir vu les montagnes de Timanfaya
Bien longtemps, après les éruptions de volcans.
Manrique y a dessiné un restaurant
Une cantine abordable où dans les antres du volcan
Un diable prépare les plats à la carte du restaurant.
Le tout dans un fourneau naturel pour une cuisson exceptionnelle.
Assortiment de poissons et légumes grillés
Avec vue sur un incroyable paysage de lave séchée

Avant de partir
Je me dois de vous prévenir
Que les semelles fondent
Et en quelques secondes
Si tu ne marches pas
On sent la chaleur d’ici bas.

LANZAROTE-THIBAULT-MOMARES-LTL

• TRAVEL CLIC •

Travel clic… drôle de façon de trouver des musiques à travers cette chronique somme toute didactique, alors ensemble on surf, on clique, quand soudain, une zic… 

Pas évident en travaillant cette émission de trouver autre chose que du folklore local… Alors, google, « musique Lanzarote »… non. Euh, « grupos de musica, canarios ». Ok, « Grupos canarios de rock » – il y a un lien dirtyrock.eu. Là on tombe sur une liste de pages facebook correspondant à des groupes de musique. C’est bon signe. Il y a deux trois bandes répertoriées à Lanzarote. Testons Oscartienealas. Alors, Inscription sur facebook en 2009. La dernière activité remonte au mois d’aout, c’est la photo d’un paysage lunaire, flanquée d’une inscription : « Lanzarote expérience ». Il y a un peu plus de 2000 copains quand même sur cette fan page. À part ça, pas grand chose. Allons voir du côté de youtube… Oscartienealas. Ça me propose une vidéo nommée « oscartienealas Malaka ». Tentons ! Ça sera notre travel clic canarien, rock on’ et comme d’hab’ bon voyage !

Oscartienealas – « Malaka »

 • LE MOT D’AILLEURS ET DE LA FIN •

C’est le moment pour un mot de fin, un joli petit mot qui cette fois-ci donne faim.

Mojo Picon ! Pas un, mais deux mots pour se délecter… Une sauce à gouter, à humer. Au piment, tantôt rouge ou tantôt vert, on en verse sur les papas arrugadas ces pommes de terres salées, ou un sur bout de pain… Mais gare au rapide sentiment de satiété, souvent inévitable, car le mojo est toujours déposé en début de repas, sur votre table. Une tradition ancestrale et épicée pour vous souhaiter la bienvenue, cher invité.

ALILOKE !

 

Réalisation et textes : Yasmine Tashk & Thibault Pomares.

 

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[radio https://soundcloud.com/laradiolibre/aliloke-3-a-lanzarote]

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