M.ROCARD EN EXCLU LE 20 AVRIL 2007 #2

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John Paul Lepers a rencontré le vendredi 20 avril au matin, Michel Rocard, député européen au sein du Parti Socialiste Européen. L’ancien Premier ministre (1991-1993), premier secrétaire du Parti Socialiste (1993-1994) et tête pensante de la « deuxième gauche », mouvement au sein du parti socialiste qui s’est situé au centre-gauche en privilégiant une alliance avec le centre. Rocard, un réformiste, contre l’ouverture vers le parti communiste menée par François Mitterrand.

Une exclusivité pour LaTeleLibre, une vidéo pleine d’enseignement à quelques jours du 1 er tour sur le centre-droit, la social-démocratie, l’avenir du socialisme et la politique. En deux épisodes.

Voir la première partie de l’interview ici.

Rien de surprenant donc à l’appel qu’il a lancé dans Le Monde du 13 avril 2007 en faveur d’une alliance entre le Parti Socialiste et l’UDF, contre Nicolas Sarkozy, sachant qu’aucun des deux n’a la possibilité d’avoir la majorité à lui seul face à l’UMP.

« Socialiste et européen depuis toujours, j’affirme que sur les urgences d’aujourd’hui rien d’essentiel ne sépare plus en France les sociaux-démocrates et les démocrates-sociaux, c’est-à-dire les socialistes et les centristes. Sur l’emploi, sur le logement, sur la dette, sur l’éducation, sur l’Europe, nos priorités sont largement les leurs. Sur la société, sur la démocratie, sur les femmes, sur l’intégration, sur la nation, nous partageons les mêmes valeurs. Isolés, ni eux ni nous, n’avons aucune chance de battre la coalition de Nicolas Sarkozy et Jean-Marie Le Pen. Mais rassemblés avec les Verts, la gauche sociale-démocrate et le centre démocrate-social constituent une majorité dans le pays. Et dans deux semaines elle peut devenir la majorité réelle. C’est la chance de la France. »

Des réactions plus ou moins hostiles se sont manifestées au sein du parti, et François Bayrou lui-même a exclu toute alliance avant le premier tour, de façon logique : celui des deux qui accepte dès à présent le principe de l’alliance s’élimine de fait de la course à la présidence et renforce l’autre. Il s’est cependant félicité cette semaine que les murs de Berlin commençaient à tomber, ce qui va dans le sens de son projet de gouvernement d’union nationale au sein duquel se retrouveraient sociaux-démocrates et chrétiens démocrates.

Face aux réactions socialistes, il a publié une nouvelle tribune dans Le Nouvel Observateur hier 19 avril :

« Ce que disent aussi ces instruments d’information c’est que Sarkozy gagne au second tour. J’ai la faiblesse de trouver cela dangereux comme, je pense, la totalité de mes camarades socialistes. Quand la somme des voix de gauche est donnée à moins de quarante pour cent, on cherche des alliés. J’accuse ici les gardiens du dogme socialiste qui considèrent toute alliance autre que communiste comme impure, d’être d’efficaces alliés de Sarkozy.

J’appelle donc à une alliance par le moyen de désistements mutuels annoncés. Le mot d’alliance visait au-delà : si cela gagne il faudra que cela ait des suites pour les législatives. Mais pour le moment l’assurance des désistements suffit c’est vrai. »

[vpod.tv/latelelibre/176432]

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Les commentaires (10)

  1. On peut sentir une bonne pointe d amertume et une sacrée inquietude chez Mr Rocard. Peut etre aurait il fallu lancer ce « petit pavé » un peu plus tot. Tout cela reste quand meme effrayant de réalisme. effrayant car c est un des rares socialistes a parler de maniere aussi objective. mamamia j ai les choquottes pour dimanche.

    MERCI TELELIBRE !!!

  2. Michel Rocard a été caricaturé comme quelqu’un de vague et de diffus alors que c’est une personne clairvoyante au discours limpide. J’avoue ne pas être fan du « pragmatisme » , valeur souvent utilisée en opposition à l’idéal ou a l’utopie, mais chez Mr Rocard , cette valeur est erigée en rempart contre le mensonge et la démagogie de l’appareil politique…dommage qu’il ne se soit jamais présenté en personne…

  3. Rocard president: il y serait encore si Mitterrand ne l’avait fusillé! parti social democrate ou nouvelle societe à la Chaban, on comprend pas comment iln’y a pas eu alliance ou convergence de vote; bon,mais comme dit n°2 ca vient trop tard et c’est parce que lessondages sego ne sont pas bon qu’il y a eu cette tentative de derniere chance d’elargir le PS et non de creer une nouvelle force Bayrou dont on ne voit absolument pas les contours (donc immobilisme assuré)a cette heure et qui me pousse à voter Sarko en fin je ne sais pas encore!

    Bravo aussi pour les questions du PPDA de la telelibre!(je rigole,c’est de l’humour!)

  4. Merci, john-Paul, d’avoir permis à Rocard d’ajouter le « parler clair » au « parler vrai ». .. Dommage pour lui qu’il n’ait jamais su amener l’hypocrisie au niveau de sa hauteur de vue…Tout ça montre, en tous cas qu’en politique, le choix des mots empêche souvent de parler. En tous cas, chez bien d’autres, notamment à droite, le choix des mots permet de ne rien dire ! Bises de géhaïm.

  5. Merci à Michel ROCARD pour ce débat et cet enjeu qui faute de véritable préparation des esprits à gauche sur les actes du projet et le discours « gagnant-gagnant » fait reculer l’audace de Ségolène pour ne pas facher l’électorat d’une certaine gauche qui nous emmène vers les extrèmes et qui de fait laisse une partie du centre à la droite.
    D’où notre recul à gauche qui n’a pas fait complètement débat pour la strétégie à adopter.
    Dommage car devant le très grand danger NS, nos chances de le battre aurait été plus fortes , affirmées et partagées. Le deuxième tour sera un autre match que SEGOLENE va nous faire gagner.
    Pour autant s’il manque des voix à Ségolène, elles viendront du centre et des extrèmes pour cause de mutation du PS qui n’a pas trouvé son chemin par rapport à l’école de la décentralisation que connait si bien MICHEL ROCARD.

    SEGOLENE PRESIDENTE, c’est La FRANCE PRESIDENTE en harmonie avec le peuple.

  6. « La FRANCE PRESIDENTE » c est un slogan a l image de son charisme

  7. n’en restez pas à des jugements superficiels s’il vous plait. C’est toute un équipe qu’il y a derrière, une idéologie, un programme, et un jeu d’influences. Le PS n’est pas à la botte des grands capitaux comme l’est l’UMP. Moi aussi je la trouve maladroite parfois, mais déja elle a fait beaucoup de progrès rien que pendant le temps de la campagne. Et puis ce n’est vraiment, mais alors vraiment pas l’essentiel pour un président que d’avoir une grande gueule.

  8. Après coup, bravo Monsieur Rocard, quelle finesse dans l’analyse de ce qui allait se passer, s’est finalement passé (ou pas passé). J’avais raison, quand j’avais 10 ans (en 68 ou 69) de balancer des tracs avec mes copines qui disaient « pour voter bien, votez Rocard »…
    Longue vie à vous
    J’espère juste que vous aurez été entendu d’ici les législatives…