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Affaire Hollande-Gayet : le Virage Médiatique

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Quel est le rôle du journaliste ? C’est avant tout de se tenir informé sur le thème respectif dans lequel il exerce. Il se doit d’être « les yeux et les oreilles » de ses lecteurs afin de témoigner le plus fidèlement possible de ce qu’il a pu constater sur le terrain. Et enfin, pour la plupart d’entre eux et dans le cas précis de cette affaire, il doit également se méfier des sujets traitant de la vie privée des personnages publics.

Concernant « l’affaire » Hollande-Gayet et professionnellement parlant, on ne peut ressentir que de la gène vis-à-vis de l’exposition médiatique qu’a subie la vie privée du couple présidentiel, tant le traitement de cette information se situe bien loin de l’éthique journalistique. On peut également ressentir du dégout pour un « magazine » révélant les tromperies d’un Président envers sa compagne officielle, celle-ci devenant alors « cocue » aux yeux de la France entière. On n’ose imaginer l’humiliation que doit ressentir Valérie Trierweiler depuis ces dernières semaines.

S’il y avait une tradition « républicaine » dont les journalistes français pouvaient être fiers, ce fut celle qui consistait à ne pas se mêler des affaires privées de nos politiques. Les divorces houleux, les infidélités, les histoires de familles : mis à part celles qui se font dans la violence, et il faut le dire avec fermeté et conviction, les Français n’ont pas à connaître la vie privée d’un politique, surtout si celui-ci en a décidé ainsi.

Le cas de DSK

Beaucoup de journalistes parisiens avaient eu vent de sa frivolité. Ils en savaient autant que son ex-femme, Anne Sinclair. Et pourtant, ces histoires volages ne sortiront pas dans la presse. Pour plusieurs raisons, la plus importante est celle invoquée précédemment, à savoir le respect de sa vie privée. Concernant les « rumeurs » de « violences », d’un DSK « lourdingue » quand il s’agit d’insister auprès de la gente féminine, disons le tout simplement : tout cela était très difficile à démontrer, tant les preuves étaient inexistantes. Tout dépend du journalisme désiré : un journalisme qui consiste à prouver ses allégations et à en démontrer la véracité, ou bien un autre qui consiste à dire sans ne jamais rien démontrer, se contentant ainsi d’affirmer en se dédouanant  tout sens éthique.

Pour beaucoup de Français, et de confrères en particulier, il y eut un précédant à ce genre de traitement, avec l’exposition volontaire de la vie privée du Président Sarkozy, notamment en 2007. À l’époque, toutes les rédactions parisiennes savaient que le couple « Sarkozy-Cécilia » n’était plus. Toutes attendaient impatiemment la publication du communiqué de l’Élysée qui annoncerait la séparation, avec des reportages prêts depuis déjà plusieurs jours. Pourquoi ont-elles attendues ? Par autodiscipline ?  Par peur des représailles, Sarkozy ayant déjà « flingué » le patron de Paris-Match pour des révélations sur l’infidélité de sa femme datées de 2005 ? Par pur sens éthique ? Un peu des deux en fait : Sarkozy aura réussi à faire douter nombres de confrères quant à la publication de certains sujets. Mais si hésitation il y avait, elle n’a pas duré bien longtemps, tant l’ « affaire Takieddine » par exemple, pourrait l’éloigner d’un éventuel espoir présidentiel. En cela, toute suspicion d’une presse « à la botte » de Sarkozy s’effondre inexorablement.

Il faut le redire sans hésiter : les Français n’ont pas à connaître la vie privée des politiques, et la presse n’a pas vocation à s’occuper de sujets qui ne les concernent pas. Le magazine « Closer » a commis une faute professionnelle grave, par son manque de respect de la fonction présidentielle, et par cet irrespect, il risque de créer une jurisprudence qui pourrait changer le métier de journaliste. Veut-on qu’il se passe en France ce qu’il s’est passé aux Etats-Unis lors l’affaire Lewinsky, lorsqu’un procureur conservateur s’était servi de la presse pour affaiblir le Président en fonction, mettant ainsi en péril les affaires internes et externes de tout un pays ?

Quand « Closer » affirme que les Français trouvent un intérêt dans ce genre d’histoire, en revendiquant plus de 550.000 exemplaires vendus, c’est un déshonneur de plus pour la profession, mais surtout pour la population.

Journaliste : Jonathan Halimi
Mathieu Houllière
Montage : Larry Waxman et Vincent Massot

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