Noir, issu d’une banlieue difficile, étiqueté ancien tolard il a tordu le cou à un destin tout tracé. Un nouvel entretien filmé en demi-teinte par Alain Goric’h et Ben Meech…

De la case prison à celles des planches de BD, le parcours de Berthet a de quoi étonner ! Une route semée d’embûches et d’épreuves qu’il a surmonté à temps afin de donner une nouvelle direction à sa vie.

« On ne part pas tous avec les mêmes chances »

C’est à la Courneuve, dans la cité des 4000, où sa famille s’est installée alors qu’il n’avait que 10 ans, que Berthet grandit. L’adolescence est difficile : des petits délits aux « grosses conneries » il finit par être condamné à 10 ans de prison pour braquage. Une lourde peine qui va paradoxalement résonner comme une prise de conscience. Comment utiliser ce temps ? Berthet va reprendre ses études et surtout se remettre à dessiner. Ce qui avait été un passe-temps de jeunesse va devenir un exutoire : il croque avec humour le quotidien carcéral et « s’évade » de sa cellule le temps de quelques heures.

« Le fait d’être black en France, le fait d’avoir fait de la prison se sont des handicaps qui pourraient compromettre un avenir, j’ai décidé qu’ils deviendraient une force »

Encouragé par ses proches, co-détenus et gardiens de prison qui remarquent son talent, à sa sortie de prison il se lance dans la BD, remporte le concours Transmurailles du festival d’Angoulême et sort son premier album « L’évasion : journal d’un condamné » qui se vend à plus de 10 000 exemplaires. Désormais des projets plein la tête, un nouvel album en préparation Berthet n’oublie pas pour autant d’où il vient. Et s’il retourne maintenant en prison c’est pour y animer des ateliers de bandes dessinées, des actions d’insertion par l’art qu’il propose également aux jeunes de banlieue.

Journaliste : Simon Tatreaux
Images : Alain Goric’h, Ben Meech