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Des Mains pour le Climat

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Malgré l’interdiction de manifester, les mains se sont jointes sur 3,5 kilomètres entre la place de la République et de la Nation, pour former une chaîne humaine et affirmer la nécessité d’agir en ce temps d’« Etat d’urgence climatique ».

En même temps que 50 marches dans 50 autres pays du monde, entre 4 500 et 10 000 personnes étaient liées les unes aux autres par une poignée de main à Paris, chaîne coupée au niveau du Bataclan, lieu de l’attaque terroriste du 13 novembre. La République et la Nation reliées entre elles par une ribambelle d’individus, les atomes d’un même objectif : se faire entendre malgré les mesures de sécurité prises suite aux attentats.

 

Faire de l’état d’urgence un état d’urgence climatique

 

« Les militants veulent faire entendre leurs craintes, leurs inquiétudes, leurs revendications », explique Geneviève Azam, porte-parole de l’association Attac. « Nous avons une responsabilité historique, car nous sommes confrontés à un état d’urgence climatique. Face à cette interdiction de manifester, nous ne pouvions donc pas rester muets ».

Agir pour la préservation de la Planète est donc urgent. Car, si elle n’a pas besoin de l’aide des Hommes, de son bien être dépend l’équilibre de notre monde humain : une des causes de l’émergence de groupes comme Daech est à chercher du côté du changement climatique, qui favorise la déstabilisation politique et sociale au Moyen Orient. Plusieurs études scientifiques le montrent : ce lien entre dégradation de l’environnement et terrorisme a été démontré par l’Académie américaine des sciences qui conclue que le conflit syrien est dû en partie au réchauffement climatique qui a provoqué l’aggravation de la sécheresse sévissant dans le pays depuis 2006 et a contraint 1,5 million d’habitants des campagnes à se rapprocher des zones urbaines. Le GIEC affirme aussi que « le changement climatique va avoir des impacts significatifs sur la migration, qui compromet la sécurité humaine ». En février, l’administration Obama a même cité le changement climatique comme étant une des « principales menaces stratégiques » auxquelles étaient confrontés les États-Unis.

Ainsi, après les attentats de Paris, le président américain encourage les autres chefs d’État à se rendre à la COP 21, malgré les craintes de nouvelles attaques terroristes. Il assène : « je pense qu’il est indispensable que chaque pays, chaque chef d’État montre clairement qu’une poignée d’assassins barbares n’empêchera pas le monde de traiter des questions vitales”.

Reliés les uns aux autres, c’est ce que désiraient affirmer les atomes de la chaine parisienne. Lutter contre le réchauffement climatique et la dégradation de l’environnement, c’est lutter « pour la vie », et ainsi chercher aussi à régler le problème du terrorisme à la source, en pointant du doigt des causes encore peu explorées.

 

L’humanité menacée…

 

Il est donc urgent d’agir. Car la menace est partout, nous la sentons. Elle dans celui qui peut désormais nous tirer dessus à tout moment ; elle est dans ce dangereux glissement vers une politique ultra sécuritaire qui grignote sans sourciller notre liberté ; elle est dans la nature qui s’exprime à coup de catastrophes climatiques et tue sans état d’âme.

« L’humanité peut très bien disparaître […]. On n’est pas l’espèce élue, comme on l’a cru pendant longtemps ; la nature peut très bien se passer de nous ». C’est le physicien Hubert Reeves qui écrivait cela en 2002.

 

Un sentiment de menace palpable ce jour-là boulevard Voltaire à Paris. « La vie en danger », pouvait-on lire sur les affiches, ou « il faut sauver la vie » sur des badges, ou encore « nous sommes sur la brèche, à nous de faire basculer le monde » sur une banderole. « Nous sommes sous la menace de l’état d’urgence climatique, ainsi que démocratique » s’inquiète Geneviève Azam.

 

Ce jour là à Paris, c’était un curieux mélange, comme une conscience devenue intime que tout peut s’effondrer, mêlée à l’habitude de la joie de l’événement festif.

 

par l’Homme lui-même

 

« [La nature] ne nous éliminera pas ; c’est nous qui pourrions nous éliminer », continue le physicien Hubert Reeves. « Et si nous nous éliminons, la nature ne fera pas particulièrement un deuil, mais elle continuera à développer d’autres espèces, en espérant que ces espèces seront plus en mesure de se préserver et de ne pas se détruire ».

 

Le grand responsable du potentiel effondrement est donc l’Homme. Avec en tête de liste, les entreprises qui pompent les énergies fossiles, les grands investisseurs dans l’exploitation des ressources devenues rares ou les chefs de gouvernement inactifs. Des responsables évidemment montrés du doigt par les maillons de la chaine humaine. Mais la menace est en l’Homme, en chacun de nous, nous disent aussi certains : « nous sommes tous responsables », affiche clairement une jeune étudiante. « Nous sommes responsables en tant qu’êtres humains, responsables de nos actes, responsables dans notre capacité à trouver des solutions et à changer », explique-t-elle.

Nous serions donc la cause en même temps que les victimes de l’autodestruction. Ce mal qu’on porterait en nous et dont les kamikazes seraient la manifestation. Car ils sont cette force de destruction qui vient anéantir la diversité de l’humanité. Comme les groupes pétroliers qui anéantissent la biodiversité des écosystèmes.

Mais au delà de participer à la destruction de l’humanité par elle-même, les kamikazes viennent nous dire, malgré eux, autre chose, de profondément dérangeant : ils attachent si peu d’importance à notre vie ainsi qu’à la leur qu’ils nous disent la fragilité de l’existence : qu’on vive ou qu’on meure, cela est égal. La Terre continuera de tourner. Tout comme les raz-de-marée ou les typhons qui rasent tout sur leur passage, sans faire de différence, sans soucis de ce qui nous semble précieux : notre vie personnelle.

 

Non, il ne s’agit pas de dire que les kamikazes ont la puissance de la nature. Car eux tuent pour une cause, un Dieu, et pensent ainsi maîtriser la destinée humaine ; alors que la nature agit sans morale qu’on puisse entendre, sans jugement, sans justice ni injustice. Elle agit pour elle-même et par elle même.

 

Il n’y a donc que l’Homme pour se sauver lui même, de lui même. Drôle de triptyque… Qui nous fait prendre conscience que « nous sommes la nature qui se défend ». Là, paradoxalement, l’espoir renait…

 

Ce jour là à Paris, c’était donc une chaîne humaine fragile, faite de nœuds de tristesse, de doutes et d’anxiété. Et brodée de maillons qui se savent vulnérables, mais d’autant plus précieux.

Ces mains qui se prennent, ces visages qui se sourient malgré tout, ces rires et ces cris qui recouvrent la lourde rumeur d’angoisses, de colère et d’affliction, le disent, sans mot. Le courant passe…

 

Flore Viénot
Mélissa Genevois

 

Des Liens

Le rapport du GIEC sur le lien entre changement climatique et sécurité humaine

 

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Les commentaires (2)

  1. Il n’y a aucun doute là dessus. L’humanité est menacée par nous mêmes, par nos actions quotidiennes. Alors, il appartient à l’Homme, seulement à lui, de la sauver.

  2. C’est vrai que l’état d’urgence est plutôt du côté du climat… Espérons que cette dynamique de prise de conscience générale envers la problématique environnementale ne soit pas éphémère…