Lecteur vidéo

Faire un don

Faire un don

Envoyer l’article par mail
Télécharger le .torrent

Fichier indisponible pour l’instant

Qu’est-ce que le Torrent ?

Grâce à Bittorrent vous pouvez télécharger et partager la vidéo que vous êtes en train de visualiser.

Et Après ? La Douleur et la Fête

Publié le | par

C’était quelques jours après les attentats du 13 novembre. C’était la fête dans certaines rues de Paris. Pour célébrer l’urgence de vivre et le désir de ne pas avoir peur.

1 an après, commémorons

Commémorer, cela fait partie des moments traditionnels sur lesquels la communauté d’un pays campe son unité. L’objectif : se souvenir collectivement de l’événement, heureux ou malheureux, qui pourra à l’avenir servir de modèle. Mais depuis quelques temps, le calendrier se remplit d’événements à commémorer. Des commémorations qui unissent, sur fond de malheur.

Ce soir là de novembre, quelques jours après les attentats terroristes sur les terrasses parisiennes, on faisait la fête. « On ». Pronom bien vague qui ne sait pas délimiter. Car, c’est vrai, qui était dans la rue ce soir-là, à danser comme pour faire valser la pesanteur et chanter à se sentir appartenir à un même cœur, vivant et battant la mesure du désir de ne pas avoir peur ?

« Aujourd’hui, ce n’est pas en terrasse que j’ai envie d’aller »

Une jeune femme écrivait cela le 20 novembre 2015 sur Mediapart. Sarah Roubato affirmait ainsi que « si la seule réponse de la jeunesse française à ce qui deviendra une menace permanente est d’aller se boire des verres en terrasse et d’aller écouter des concerts, je ne suis pas sûre qu’on soit à la hauteur du symbole qu’on prétend être. L’attention que le monde nous porte en ce moment mériterait qu’on aille bien plus loin ». Elle continue : « depuis plusieurs jours, on m’explique que c’est la liberté, la mixité et la légèreté de cette jeunesse qui a été attaquée, et que pour résister, il faut tous aller se boire des bières en terrasse […] Bien sûr qu’il faut continuer à aller en terrasse, mais qu’on ne prenne pas ce geste pour autre chose qu’une résistance symbolique qui n’aura que l’effet de nous rassurer, et sûrement pas d’impressionner les djihadistes (apparemment ils n’ont pas été très impressionnés par la marche du 11 janvier), et encore moins d’arrêter ceux qui sont en train de naître ».

Autrement dit, il y a ceux qui sont Charlie, ceux qui ne le sont pas, ceux qui vont en terrasse, et ceux qui n’y vont pas. Des postures qui affirment la complexité des positionnements de chacun et la multiplicité des points de vue.

L’Unité face à la déchéance de nationalité

L’unité de la commémoration ? Difficile de trouver le chemin qui y mène… Alors que le lendemain des attentats du 13 novembre, les représentants de l’État déclaraient le malheur collectif, François Hollande annonçait le 16 novembre vouloir étendre la déchéance de la nationalité française aux binationaux nés français. Qui sommes « nous » ? Qui sont « ils » ? Pour Frédéric Worms, professeur de philosophie à l’ENS, « la déchéance de nationalité défend l’attachement à la nation mais nie les différences et divisions internes. L’attachement à l’unité, très importante, passe aussi par la reconnaissance des divisions, y compris de celles qui risquent de briser le contrat social ». Il continue : « Il faut affronter le risque plutôt que le refouler à l’extérieur ».

En d’autres termes, l’unité est une chimère à ne pas fantasmer. L’union : relative et fragile. Les divergences existent bel et bien, malgré leur violence. Alors changeons de cap, et tentons de voir et de vivre le monde « du point de vue de la différence »(1). Une drôle de période que nous vivons, bien sombre, mais que la multiplication des fenêtres pourrait éclairer…

Flore Viénot

 

Reportage:
Journaliste : John Paul Lepers
Images: Flore Viénot
Montage: Miléna Peillon

 

(1) Alain Badiou, Éloge de l’amour

Des Liens

« Les commémorations étouffent le journalisme » : Tribune de Jacques Mouriquant dans le Monde
« Lettre à ma génération : moi je n’irai pas en terrasse » de Sarah Roubato sur Mediapart
Une émission sur France Culture : « Mémoire et traumatisme : l’individu et la fabrique des grands récits » avec Boris Cyrulnic

 

Partager cet article

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire