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Joyeux Bordel 2/2 : Des Putes et Députés

Publié le | par

Deuxième partie de l’enquête de Charlotte Espel sur le monde de la prostitution. Dans ce dernier épisode, notre journaliste cherche à mettre de l’ordre dans dialogue de sourds qui oppose députés, travailleuses du sexe, associations, qu’ils soient pour ou contre l’abolition de la prostitution.

Petit rappel des faits

le 4 décembre 2013, l’assemblée nationale adopte à une large majorité l’ensemble de la loi pour la lutte contre le système prostitutionnel. Portée par la ministre du droit des femmes, Najat Vallaud Belkacem, cette loi a provoqué de vives réactions dans l’opinion publique, chez les intellectuels ou les personnalités et au sein même des professionnels du travail du sexe – on se souviendra de l’initiative de bon goût « touche pas à ma pute » soutenue par les « 343 salauds ».

Si cette loi a suscité autant de réactions, c’est à cause de l’article prévoyant la pénalisation du client, qui a accaparé le débat.

Néanmoins, la loi comportait d’autres points précis :

  • L’abolition du délit de racolage passif.
  • La dotation d’un fond pour la prévention de la prostitution et l’accompagnement social et professionnel des personnes prostituées à hauteur de 20 millions d’euros.
  • La délivrance d’autorisations provisoires de six mois délivrées aux prostituées étrangères victimes de proxénétisme et engagées dans un parcours de sortie de la prostitution.
  • Le renforcement des contrôles sur internet visant à empêcher l’accès aux sites hébergés à l’étranger qui contreviendraient à la loi française.

Si la loi a été adoptée à l’assemblée, elle a en revanche été rejetée au sénat.

État des lieux

Lorsque nous avons commencé notre enquête, Rosen Hicher venait d’achever sa marche contre la prostitution. Le 13 novembre 2014, nous nous sommes rendus au premier congrès international pour l’abolition de la prostitution. Nous y avons recueillis des témoignages bouleversants d’anciennes prostituées et nous avons interrogé plusieurs femmes politiques ayant pris le dossier à bras le corps.

Le constat est cinglant : exploitation, manipulation, personnes déplacées, déracinées, conditions sanitaires dramatiques, enchevêtrement de la prostitution avec les autres trafics. Il est grand temps que la France se dote d’une loi pour contrôler ce trafic d’être humains.

Un dialogue difficile

Néanmoins, si tout le monde s’accorde sur le fait qu’il faille protéger les prostituées et surtout celles qui sont victimes de réseaux, les avis divergent sur la méthode à employer. Les anti-abolitionnistes (les prostituées « libérales » pour la plupart, ainsi qu’une grande part de l’opinion publique) considèrent comme une aberration et une posture hypocrite de pénaliser le client qui a recours à une activité qui n’est pas interdite. Ils dénoncent aussi les effets pervers des lois abolitionnistes liées notamment à la précarrisation des prostituées. Les défenseurs de la loi de leur côté, arguent que la pénalisation est le seul moyen concret de faire baisser radicalement le nombre de prostituées. Ils se renvoient dos à dos dans une opposition dialectique où s’opposent pertinence philosophique et réalisme politique. S’il est difficile de sortir de ce dédale avec une idée claire de la réponse à apporter à ce fléau, nous pourrons toutefois mesurer les effets de la loi qui repassera bientôt à l’assemblée où elle devrait cette fois-ci être adoptée.

 

Journaliste : Charlotte Espel
Images : Flore Viénot, David Nouguès, Antoine Conort, Jules Dromigny
Montage : Christophe Moraw

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