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Les Russes ne Votent pas Blanc

Publié le | par

Comment va voter la communauté russe en France ? Celle qui est là depuis longtemps, les descendants des Russes Blancs, plutôt anti-commmunistes et religieux. Face à un choix électoral important qui n’existe pas dans leur pays d’origine, la plupart des compatriotes de Poutine, franco-russes, ont déjà pris leur décision. Et ça fait 17 ans que le maitre du Kremlin s’est mis au travail pour que ce choix soit le “bon”.

russes blancs

Les Russes ne votent pas blancs

Le centième anniversaire de la révolution russe est marqué par de grandes élections partout dans le monde, y compris en France. Tout en niant un impact quelconque sur les présidentielles, Vladimir Poutine utilise le “soft power” – ou la force douce – pour augmenter son influence en France. Et la réconciliation avec les russes de l’Hexagone en fait partie. Surtout avec les russes y vivant depuis longtemps, ayant acquis la nationalité française et donc le droit de vote.

Nostalgique du grand passé de la Russie, Poutine compte établir un nouvel Empire. Ses moyens sont nombreux : événements culturels, médiatiques et chasse envers les opposants. En France, il privilégie surtout la religion pour accroitre son influence.

Le Tsar de 2017

Le rapprochement est tout d’abord symbolique. Les immigrés russes ont toujours aimé être perçus comme les représentants d’un pays fort. Arrogants, ils se voyaient supérieurs aux Français ou aux Américains. Et Poutine, ayant vécu pendant 5 ans en Allemagne, le sait mieux que les autres.

Pour raviver ce sentiment, Poutine a dû incarner un leader robuste et se faire respecter par tous. L’homme du Kremlin a essayé de ressembler à tous ses ancêtres et prédécesseurs. Et il a bien réussi… Les communistes voient en lui un nouveau Lénine, et les monarchistes, un nouveau Tsar.

Poutine s’est d’abord rapproché de l’Eglise Orthodoxe, qui avait un rôle central en Russie avant la Révolution. Il se positionne comme un chrétien, fervent croyant, et raconte dans ses interviews comment il a été baptisé. Chacune de ses visites à l’église, à l’occasion des fêtes religieuses, se transforme en émission de télé-réalité, retransmise en direct sur la chaîne la plus regardée du pays. Le Patriarche, à la tête de l’Eglise, est invité au Parlement, où il discute des lois devant les députés. Et même si le pays demeure strictement laïc selon sa constitution, l’Etat finance en grande partie l’Eglise orthodoxe (43 millions d’euro en 2016).

L’Eglise, l’instrument de relations internationales

Mais sa conquête des orthodoxes de l’Hexagone fut plus compliquée. En France, avant l’arrivée au pouvoir de Poutine, la plupart des églises orthodoxes fréquentées par les russes n’était pas sous contrôle de Patriarcat de Moscou. Les Russes blancs, qui ont fuit la Russie après la révolution de 1917, en ont fait des centres sociaux. L’Eglise incarnait alors la résistance et l’opposition au communisme.

Pour prendre les églises orthodoxes de France sous son contrôle, le Kremlin a envoyé plusieurs fois ses négociateurs dont les arguments étaient autant idéologiques, que pécuniers. À Nice, la Cathédrale orthodoxe Saint-Nicolas n’a pas résisté. Mais à Paris, la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky, la cathédrale orthodoxe la plus importante de France, est restée hors de portée de Poutine. Sa visite à Paris en 2000, et sa rencontre avec les descendants d’immigrés russes n’y changeront rien.

Incapable de soumettre la cathédrale, il décide d’en construire une. En 2013, débute la construction du Centre spirituel et culturel orthodoxe russe à Paris, achevée en 2016 à quelques pas de la Tour Eiffel. Elle n’aurait coûté pas moins de 70 millions d’euros à l’Etat russe, même 170 millions, selon certains médias russes.

L’Etat russe nie toute volonté politique dans la construction de l’édifice. C’est pourtant le Patriarche de Moscou Kirril, un homme religieux soupçonné de corruption, qui inaugure la cathédrale en octobre 2016. Il a depuis été reçu à l’Elysée par François Hollande. Une visite qui ressemble fortement au déplacement des chefs d’Etat.

Poutine a également gagné le respect des Russes de France en renouvelant l’ensemble des concessions du cimetière Russe de Saint-Genevieve-des-Bois, un patrimoine culturel et historique d’une grande importance : “la plus grande nécropole de l’immigration russe du monde”.

Un vote fortement aiguillé

Et les russes ont apprécié ces gestes. La majorité de ceux qui se sont installés en France pendant l’époque de l’Union Soviétique s’expriment en faveur de Poutine et de sa politique extérieure. Pour eux, la Russie est le pays le plus puissant du monde, mais ils préfèrent, néanmoins, rester en France.

Immigrés, ils sont contre l’immigration. Sur le groupe secret Facebook « Paris à la Russe », qui compte plus de 3 400 Russes vivant dans la capitale française, ils s’expriment contre les migrants et défendent les actions militaires russes en Syrie.

Leur choix à la présidentielle 2017 s’impose. « La visite de Marine Le Pen à Moscou, c’était juste l’entretien d’embauche, et elle a été prise », tel était le message publié sur “Paris à la Russe” juste après la rencontre de Poutine avec la candidate du Front National le 24 mars 2017.

Pendant cette rencontre, Poutine a affirmé qu’il ne souhaitait « en aucun cas influencer l’élection présidentielle française ». Malgré tout, ça n’empêche pas les banques russes de prêter au Front National (environ 9 millions d’euros entre 2014 et 2016), en mal de financements en provenance des banques françaises.

Pour les russes, Marine Le Pen ressemble beaucoup à Poutine. Son discours sur l’immigration et ses avis sur la politique extérieure font écho aux paroles du maître du Kremlin. Et ils croient fort que sa politique contre l’immigration ne les concerne pas.

Denis Strelkov
Image : Marion Despouys et Alain Goric’h
Montage et voix : Mélanie Duquesne

Des Liens

Un article du New York Time sur l’influence de Poutine sur l’élection présidentielle française
L’argent russe du front national, article de Médiapart

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