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Techno Or Not Techno

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Entraînant dans son sillage des dizaines de milliers de jeunes, le grand charivari annuel de la Technoparade a transformé une nouvelle fois Paris en discothèque géante sous un déluge de décibels, dans une ambiance festive, décalée et déglinguée… L’occasion pour Charlotte « stagiaire de choc » d’aller voir où en est la scène techno. Est-elle toujours une contre-culture engagée ? Qui sont les technophiles et que revendiquent-ils aujourd’hui ?

Techno Feel ?

Les pères fondateurs de Detroit, l’explosion de l’acid house à Manchester, la prolifération des clubs à Berlin, la French Touch… Depuis ses débuts, la techno a permis de fonder un mode de pensée, un mode de vie, mais aussi un mode de communication. Les événements techno de masse ne ramènent pas seulement des « teufeurs » en roue libre venus exclusivement consommer drogues et/ou alcool. La contre-culture des raves et les fêtes technos géantes portent aussi l’utopie politique des zones autonomes temporaires.

Au fil de sa commercialisation, la techno est rentrée dans les mœurs ; mais pas chez tout le monde. Les autorités publiques voient toujours d’un mauvais œil ces fêtes « boum boum » qui rassemblent une horde de jeunes soi-disant incontrôlables…

La « techno » parade n’en a que le nom

À travers sa portée militante, la Techno Parade a depuis ses départs pour fondement de dé-diaboliser la musique Techno, longtemps considérée comme celle du Diable (Satan sort de cette basse !).

L’association Technopol se démène chaque année pour organiser cette « manif-festive », afin de soutenir la scène électronique française et internationale ; en mettant à sa disposition un espace de diffusion unique en France. Sous les devises «  Laissez nous danser » (2003), « Recyclez-vous » (2005) ou encore « Fêter la planète » (2007), la Techno parade est – on doit bien le reconnaître – vecteur d’échange et de partage.

Mais s’agit il vraiment de techno ? Les puristes s’offusqueront si vous leur dites que la technoparade est une parade « techno », car rien à voir avec la techno underground de ses débuts ! Un membre de Technopol m’a d’ailleurs lui-même répondu que la « techno » parade n’en a plus que le nom. C’est déjà bien de le reconnaître…

La techno du point de vue du droit

La première déclaration de guerre faite à la scène techno a lieu en Angleterre. Alors que les ravers sont chassés de leur free party comme des malpropres, le gouvernement sonne le glas des « teufs techno » avec le célèbre « Criminal Justice and Public Order Act » de 1994.

Cette loi vise à interdire les rassemblements techno et donne l’autorisation à la police d’intervenir pour stopper un rassemblement de plus de 100 personnes en plein air écoutant « de la musique caractérisée par des sons complètement ou majoritairement composés de beats répétitifs ». La police s’en donne donc à cœur joie pour confisquer le matériel des free party. En 2003, le nombre de personnes rassemblées est baissé à 20. Qui dit mieux ?

De l’autre côté de la Manche, le gouvernement français voit tout autant d’un mauvais œil le développement de ces « teufs » qu’il ne contrôle pas. Depuis la circulaire Pasqua de 1995 appelée « Raves, des phénomènes à haut risque », les raves sauvages sont interdites car assimilées uniquement à des lieux de consommation de drogues. Mais la première édition de la Technoparade en 1998 a permis la rédaction et la diffusion d’une circulaire inter-ministérielle (culture, intérieur et défense) reconnaissant l’aspect culturel de la techno (il était temps !) ; et venant atténuer les effets de la circulaire Pasqua.

Deux pas en avant, trois pas en arrière. La répression de ces soirées atteint son paroxysme avec la Loi du 15 novembre 2001 sur la sécurité quotidienne — en particulier avec «l’amendement Mariani » autorisant la saisie de l’équipement en free parties. Niant le caractère culturel de ces rassemblements (les organisateurs des free et des raves doivent d’ailleurs négocier avec le ministère de l’Intérieur et non celui de la Culture…), la loi interdit le rassemblement de plus de 250 personnes sans autorisation exceptionnelle du préfet et du ministère de l’Intérieur. Ce qui voudra aux raves parties et teknivals autorisés par le gouvernement le sobriquet de « Sarkoval ». Charmant n’est-ce pas ?

La musique techno trouve alors un terrain de prédilection dans les soirées autorisées par l’État, et tout particulièrement dans les festivals, devenant moins free que leurs aînés, mais permettant aux amoureux de musique de venir profiter de leurs DJs préférés sans risque de problèmes avec la justice.

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Les festivals, dernier lieu de retranchement des technophiles ?

Technopol défendait déjà en 2002 la non-stigmatisation du milieu techno, suite au fameux décret Mariani. Elle dénonce le caractère liberticide du décret, menaçant tout simplement les rassemblements musicaux. Le recours en justice contre ce décret sera refusé en 2004.

Aujourd’hui en 2014, l’association fait entendre sa voix une nouvelle fois. Alors que l’on pourrait croire que les festivals remplissent tous les critères légaux – pourtant d’une complexité indiscutable – certains sont toujours interdits par les autorités publiques.

C’est le cas de deux festivals qui devaient avoir lieu en ce début de mois d’août : l’Amne’Zik Open Air de Luc-en-Provence et le Tidal Wave Festival de Néoules. Le premier a souffert d’un refus du maire de la ville, invoquant des problèmes de « nuisances sonores et de santé publique ». Ce dernier a réussi à faire annuler le festival deux semaines avant sa tenue, une interdiction désastreuse pour l’organisation qui, comme le souligne Technopol, «(a) dû annuler la programmation de 40 artistes et subi une perte sèche de 150 000 euros ». Le Tidal Wave Festival a lui aussi connu le même sort, mais à trois jours de l’ouverture, suite à un rapport de gendarmerie alertant des « risques de nuisance sonores et de problèmes de santé publique ».

La scène techno en danger ?

« Alors que cette 16ème Techno Parade veut célébrer la liberté, la diversité et la rythmicité, que les musiques électroniques ont apporté au paysage musical français et international, l’association fait part de son inquiétude pour son écosystème encore fragile et en cours de professionnalisation ».

C’est en ces mots que l’association Technopol résume le contexte répressif qui semble peser sur le milieu français de la musique électronique.

Face à cette fronde contre les festivals électro, la lutte est l’affaire de tous. L’affaire des autorités d’abord, qui doivent reconnaître le caractère culturel de tels rassemblements et laisser leurs préjugés au placard. Et l’affaire du public surtout, qui ne doit pas renoncer face à ces annulations, et continuer à soutenir les festivals qui les font vibrer.

Il est temps de reconnaître la grande vertu sociale fédératrice de ce mouvement, de laisser la génération Y s’enflammer sur des beats techno et enfin de promouvoir la nuit électronique contre la censure ambiante ; Paris restant le canard boiteux de la scène techno en Europe.

Journaliste : Charlotte Espel
Images et m
ontage : Antoine Conort
Images additionelles : Ludovic Genco (Creative Commons), Steve Lietzau (CC), Chantal Mccullgh (CC), Raphaël Thiémard (CC)
Charlotte Espel, Ventolin (CC)

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