QUI EST SEGOLENE ROYAL ?

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EXTRAIT DU LIVRE « PUTAIN VOTONS », John Paul Lepers et Thomas Bauder
Editions « PRIVÉ »

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SÉGOLÈNE AU CHILI

Ce samedi 7 janvier 2006, Ségolène a eu du nez, elle est en route pour l’Amérique du Sud afin d’aller soutenir Michelle Bachelet, celle qui sera élue une semaine plus tard présidente de la république du Chili. Le PS lui a acheté un billet en classe économique, mais, à Roissy, le chef d’escale de la Varig, une compagnie brésilienne, l’a gentiment surclassée en business ; Ségolène est déjà une vedette. Deux jours plus tôt, un sondage du Figaro Magazine l’a placée pour la première fois en tête de toutes les personnalités politiques, de droite comme de gauche, avec 49 % d’opinions favorables. Elle devance de Villepin, Kouchner et Sarkozy, qui, lui, enregistre une baisse de neuf points. En ce début d’année, le vent semble tourner.
La petite délégation française fait une escale à l’aéroport de São Paolo, au Brésil. La dizaine de journalistes qui l’accompagne est admise dans le salon VIP mis à disposition par la compagnie. Nous avons deux heures avant le départ pour Santiago du Chili. Patrick Menucci se précipite vers un ordinateur connecté à Internet : un autre sondage du Journal du dimanche, qui paraît le lendemain, est annoncé. Le vice-président de la région PACA a été désigné un peu par hasard par le Parti socialiste pour gérer le déplacement. Jusque-là, il n’était pas particulièrement proche de la présidente de la Région Poitou-Charentes, mais ce soir-là il choisit son cheval pour la présidentielle, ce sera Ségolène. Il vient de trouver la page sur Internet.
– Écoutez ça : « Plus de la moitié des Français, 53 %, estiment que Ségolène Royal a la stature d’un président de la République, selon un sondage IFOP. » Elle dépasse tous les autres, 39 % pour DSK, 36 pour Lang et 31 pour Fafa. Hollande, 21 %…
Menucci n’en revient pas. Mme Royal n’a pas entendu, elle est concentrée sur son téléphone, un peu à l’écart. Elle tient sa main devant la bouche, je la filme de loin. Un peu plus tard, j’apprendrai qu’elle est en communication avec son compagnon François Hollande. Il lui annonce un autre sondage très favorable, qui sera publié le lendemain dans Le Parisien Dimanche et qui la place encore largement en tête des candidats socialistes.

L’image est étonnante : la favorite des sondages, qui voit ses rêves de conquête du pouvoir décoller, assise près d’un superbe piano à queue et, derrière elle, une immense photo d’un avion qui justement décolle, le ciel orangé constellé d’étoiles lumineuses. La Royal en route vers le zénith ? Un photographe de Paris-Match vient d’arriver à mes côtés. Il tente la photo, mais, s’apercevant qu’elle est observée, Ségolène se lève et part s’isoler dans un salon particulier.
En quelques minutes, ce voyage a pris une tournure particulière. Trois sondages, coup sur coup, qui peuvent changer la donne. Très vite, les journalistes sollicitent une réaction, ils peuvent envoyer leur son ou une dépêche à leur rédaction. Mais Ségolène Royal, comme si elle avait déjà préparé de longue date le moment où sa chance viendrait, ne voudra rien déclarer sur le sujet.
– Pas question pour moi de commenter la politique française à l’étranger !
On croirait entendre Chirac en déplacement officiel. Ça y est, elle se prend déjà pour la présidente de la République. Ça promet !
Lors de la deuxième étape du vol de São Paolo vers le Chili, il n’y aura pas de classe affaires. Au-dessus de la cordillère des Andes, Mme Royal acceptera de parler, mais en off, à des consœurs journalistes. Elle évoquera son avenir et ses craintes : que les « éléphants » du PS ne se liguent contre elle autour de Lionel Jospin, qui à l’époque n’avait pas encore déclaré sa volonté de revenir en politique. Arrivée à l’hôtel, elle menacera sèchement celles qui avaient eu le privilège de ses confidences :
– Attention ! Il n’est pas question de raconter ce que je vous ai dit, sinon je ne vous donnerai rien d’autre. Ce serait mauvais dans le contexte…
Le « contexte », c’est qu’elle va devenir de plus en plus importante, et les rédacteurs en chef vont demander du Ségo alors qu’elle sera moins facile à approcher pour les reporters. C’est elle qui choisira dorénavant, il ne faut donc pas se fâcher avec elle.
Au bout de trois jours de voyage, alors que les autres journalistes seront en train d’envoyer leurs papiers à Paris, elle m’accordera enfin quelques minutes. Autour de nous l’ambiance est festive. La caravane de campagne de Bachelet fraye son chemin dans la foule de ce quartier populaire d’une ville de pêcheurs au sud de la capitale, Santiago. Ségolène est particulièrement attentive aux techniques locales de campagne. « La Michelle », comme on dit ici, est debout, juchée à la proue d’un gros pick-up, entourée de solides gardes du corps. Pendant toute la journée, elle a ainsi parcouru plusieurs agglomérations de la zone portuaire, traversant les banlieues pour saluer les habitants regroupés aux fenêtres et le long des routes, s’arrêtant dans les centres-villes pour prononcer un discours, en utilisant son véhicule comme une tribune mobile. Pratique, efficace et pas cher.
– C’est bien, cette caravane, ça me donne des idées !
Je sens que j’ai une ouverture, je sors ma caméra, mais attention, la consigne est toujours de ne pas parler de politique française, sinon elle se fâche. Je ruse en tentant la comparaison entre les deux femmes.
– Madame Royal, c’est quoi votre principal point commun avec Michelle Bachelet ?
– C’est la sérénité. Elle disait que, si elle était la mieux placée, elle irait et, sinon, qu’elle n’irait pas. C’est pas mal !
– Comme pour vous, ce sont les sondages qui l’ont amenée à être candidate.
– Oui, c’est vrai.
– Et puis, vous êtes toutes deux filles de militaire.
– Oui, nous sommes héritières d’une forme d’éducation.
– Elle ne voulait pas faire de politique. Qu’est-ce qui l’a poussée, à votre avis ?
– Elle était la plus populaire. Et puis, elle a peut-être réagi à la mondialisation de la bêtise machiste. Ceux qui résistent, qui disent : « Elle n’a pas la carrure, elle n’est pas capable. » C’est même arrivé à des hommes. Quand je pense à Alain Duhamel, avec ses critiques, je note qu’il avait exactement les mêmes à l’égard de François Mitterrand en 1981 quand il soutenait Giscard.
– Sur le fait qu’il n’y connaissait rien en économie ?
– Voilà !
– Mais c’est vrai, vous n’y connaissez rien, vous non plus…
– C’est faux ! Ce que j’entends sur moi, c’est exactement ce qu’il disait sur François Mitterrand : « Il n’y connaît rien en économie, il n’est pas digne de représenter la France à l’étranger. » Mais, en même temps, c’est bon signe !

Et hop ! c’est Mme Royal qui a évoqué toute seule les questions françaises ! Faut dire qu’elle avait une dent contre Alain Duhamel, qui venait tout juste de publier Les Prétendants 2007, dans lequel il avait « volontairement », dira-t-il, oublié la personne de Ségolène Royal. Je ne fanfaronnerai pas : dans ce petit livre, Thomas et moi ne sommes pas à l’abri d’un oubli ni d’une grosse bourde ! Mais, dans ce cas, nous ne dirons pas qu’on l’a fait exprès…
Ce voyage est clairement le point de départ de la campagne victorieuse de « la Zapatera », surnom qui lui fut donné juste après l’élection de José Luis Zapatero, le Premier ministre espagnol, pour l’investiture du Parti socialiste, et au-delà pour la présidentielle. En même temps qu’elle entame la construction de son image internationale, elle pratique sa technique habituelle qui va lui réussir à merveille dans les mois qui suivent : jouer perso et surtout ne pas faire comme les autres, c’est une des constantes de sa stratégie politique. Alors qu’en ce début d’année tous les responsables historiques du Parti socialiste se pressent sous leurs parapluies à Jarnac autour de la tombe de François Mitterrand, Ségolène Royal, rayonnante, embrasse Michelle Bachelet et Isabel, la fille de Salvador Allende, sous le soleil brûlant de l’été austral chilien. La success story est commencée.
– François Mitterrand aurait fait comme moi ! crânera-t-elle.
Alors que certains au PS, comme Lionel Jospin, réclameront le « droit d’inventaire » des deux septennats de Mitterrand, Ségolène Royal ne reniera jamais l’héritage de l’ancien Président. Recrutée comme conseillère à l’Élysée, avec François Hollande et Jean-Louis Bianco, par Jacques Attali en 1981, alors qu’elle n’a que vingt-huit ans, elle lui doit beaucoup. Et c’est sans doute en observant les techniques de vieux singe du monarque républicain qu’elle est devenue un fin stratège de la politique. Comme lui, ses origines familiales sont de droite, comme lui, elle s’est imposée à la hussarde au Parti socialiste et, comme lui, elle aime le pouvoir.

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Photo : Mathieu Mouraud

« LA ZAPATERREUR »

Pendant trois mois, au printemps 2005, je réalisais un documentaire sur la présidente de la Région Poitou-Charentes. Contrairement à Nicolas Sarkozy et à Bernadette Chirac, dont j’avais fait le portrait la même année, Ségolène Royal accepta de me rencontrer régulièrement et d’ouvrir les portes de l’hôtel de Région. Si, de l’avis quasi général, elle tenait ses promesses de campagne, la vie quotidienne s’avérait très pénible pour ses adversaires politiques, mais aussi pour certains membres de son propre camp. Très vite, « Zapatera » va se transformer en « Zapaterreur », un sobriquet suggéré par la presse régionale et qui va lui coller à la peau. Je me souviens de cette dame, fraîchement élue de la Région, une mère de famille sans étiquette arrivée là un peu grâce à la parité et qui se retrouvait dans l’opposition. Elle me déclara son sentiment avec une grande sincérité.
– Quand j’ai su que c’était elle qui avait gagné, j’ai été gênée. Je me suis demandé comment j’allais faire pour m’opposer à elle alors que je la trouvais très bien. Eh bien, monsieur, je n’ai eu aucun mal et je suis très déçue, elle ne respecte pas l’opposition !
C’est vrai qu’en séance du conseil régional elle fait tout sauf écouter ses adversaires politiques.
À gauche, difficile de convaincre un élu de s’exprimer devant la caméra, mais, en off, certains socialistes me confiaient leur exaspération devant « les méthodes autoritaires » dans les prises de décisions et le souci constant, presque obsessionnel, d’apparaître dans les médias. Marie Legrand, vice-présidente verte de la Région, élue de la majorité, donc, mais moins exposée que ses collègues socialistes, accepta de répondre à mes questions ouvertement.
– La présidente travaille de manière solitaire. Nous n’avons en tant qu’élus aucune délégation de signature, donc tous les courriers sont centralisés sur le bureau de la présidente. Nous sommes sous-utilisés, elle a du mal à tenir compte de l’opinion de plusieurs personnes pour se forger la sienne. Moi, je pense que c’est important de s’appuyer sur les autres. Peut-être a-t-elle un manque de confiance envers les autres.
– Elle m’a dit une fois : « Je sais déléguer, mais je contrôle tout. »
– Alors… Elle ne sait pas déléguer, mais elle contrôle tout !
À force, la rumeur va courir la Région, jusqu’à devenir encombrante pour Ségolène Royal. Son sourire devant les caméras ne serait qu’une façade, la dame de fer se cacherait derrière son regard de velours. Lors du meeting anniversaire de son arrivée à la tête de la Région, la présidente va prendre la peine d’y répondre :
– J’entends dire de moi que je serais autoritaire… Mais, quand un homme fait la même chose, on dit qu’il fait preuve de caractère ! Alors j’assume !
L’argument n’est pas faux, mais bien pratique pour botter en touche. En fait, cette prise de pouvoir à la hussarde est une stratégie mûrement réfléchie. À son arrivée à la tête de la Région, Ségolène a systématiquement mis en difficulté les élites de gauche comme de droite pour se rapprocher du peuple, ses électeurs. Pour « faire des économies », elle a d’abord troqué la Vel Satis de Raffarin pour une Laguna ; ensuite, et coup sur coup, elle a désengagé la Région du parc du Futuroscope, symbole de la réussite de Poitiers, elle a coupé des subventions à certaines associations sous le prétexte qu’elles n’avaient pas mis le logo « Poitou-Charentes » sur leurs prospectus, menacé les patrons de ne plus bénéficier du soutien de la Région et isolé certains notables confortablement installés. À l’inverse, elle s’est efforcée de développer le tourisme rural, de valoriser les petites initiatives économiques et elle s’est rapprochée de la jeunesse en appliquant la démocratie participative dans les lycées. Chaque fois, elle a pris soin de médiatiser largement toutes ses actions, des plus grandes aux plus modestes. Au terme de mon enquête en 2005, j’avais rencontré « la Zapaterreur » pour un long entretien, elle avait répondu franchement à mes questions sur sa conception de l’exercice du pouvoir.

– « La Zapaterreur », ça vous va, comme surnom ?
– Oui, il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne sont pas critiqués.
– Il faut faire peur pour être élu ?
– Non, mais pour exercer les responsabilités il faut être un peu craint, oui. L’autorité, c’est être craint.
– Quand vous êtes arrivée à la Région, vous avez organisé ça ? Pour vous faire respecter ?
– Oui, bien sûr. Bon, je me suis dit : « Je suis une femme, ils vont faire un peu n’importe quoi… » Oui, j’ai organisé ça… Des règles.
– Vous voulez dire qu’une femme doit être plus carrée ?
– Oui.
– Il faut qu’elle s’impose plus ?
– Oui. Il faut que l’autorité soit sans faiblesse, sans ambiguïté, disons.
– Donc vous avez fait table rase dans votre Région ?
– Non, pas table rase, j’ai remis à plat, oui. J’ai cherché à comprendre les choses. C’est normal, c’est moi qui aurai des comptes à rendre aux électeurs.
Comme avait dit Pierre Bourdieu dans sa vidéo posthume, diffusée sur le Net par Pierre Carles, Ségolène parle comme une femme de droite quand elle affirme que « l’autorité, c’est être craint ». À gauche, on privilégie plutôt l’autorité par délégation de pouvoir obtenue à l’issue d’un vote, donc pour un temps donné et révocable.
– Vous êtes un peu comme Nicolas Sarkozy : une action, un jour, un média. Vous n’agissez jamais sans penser à la communication. Même à gauche, on vous reproche votre action médiatique.
– Mais non, c’est important, ça fait partie de la pédagogie.
– Quand vous avez une action, vous pensez aux médias ?
– Je pense à le faire savoir, connaître. Pas à chaque fois. Mais ça valorise l’action politique.
– Ça vous valorise, vous ?
– Oui, mais moi, je suis valorisée parce que j’ai été élue. Ma responsabilité, c’est de faire des choses et de les faire connaître. Les gens savent que j’agis. J’ai une mission, je la remplis, c’est très militaire : mission, action, réaction !
– C’est un peu grâce à votre papa qui était militaire ?
– Pourquoi pas ? On a une mission, on la remplit, on rend compte, c’est assez simple. Donc, dans le fait de rendre compte, il y a une partie pour le faire savoir, sinon la mission n’est pas achevée.
Habituée jusque-là au travail ministériel avec une équipe qu’elle choisit, et donc à sa disposition, Ségolène Royal semble avoir fait des efforts pour respecter les élus de l’assemblée régionale. J’ai revu la vice-présidente verte, Marie Legrand, à Poitiers en novembre 2006 ; pour elle, la situation s’était améliorée et elle n’avait plus à se plaindre de l’attitude de la présidente. Mais son influence grandissante au niveau national peut aussi avoir fait taire les critiques depuis mon enquête début 2005 en région Poitou-Charentes, on ne sait jamais…

Le monde change. Après l’élection d’Angela Merkel au poste de chancelière d’Allemagne, Michelle Bachelet clamait : « Le temps des femmes est venu » pendant sa campagne électorale au Chili, et dans ce pays particulièrement catho et macho le pari n’était pas gagné. Jadis un handicap pour les postes à responsabilités, le fait d’appartenir à ce qu’on appelait autrefois le « sexe faible » est en passe de devenir un argument électoral. Le 17 octobre 2006, Emmanuel Kessler, journaliste de La Chaîne parlementaire (LCP), termine le premier débat télévisé pour l’investiture du candidat socialiste, qui oppose Laurent Fabius, Dominique Strauss-Kahn et Ségolène Royal, par une question à la candidate :
– Ségolène Royal, pour conclure, ce qui fait votre différence ?
– Ce qui fait ma différence, c’est déjà aux autres de le dire. On est parfois peut-être les plus mal placés. En tout cas, il y en a une qui est visible, sur laquelle je n’insisterai pas…
La seule différence que Ségolène Royal trouve à dire, c’est donc son corps, son sexe. L’argument n’est pas du niveau d’un débat politique, mais Ségolène, particulièrement attentive aux enquêtes d’opinion, sait très bien que la principale motivation de ceux qui déclarent, à ce moment de la campagne interne, vouloir voter pour elle, c’est qu’« elle est une femme ». Être une femme aujourd’hui en politique, c’est presque devenu un programme en soi… « Je crois que je corresponds à quelque chose qui est dans l’air du temps », avait d’ailleurs avoué Ségolène Royal lors d’un autre entretien. D’une certaine manière, les Français, lassés par le personnel politique « homme », envisageraient de changer de marque en prenant « femme ».

Les puristes du débat démocratique s’insurgent contre cette « démocratie d’opinion », qui serait une menace pour les partis et les idées qu’ils défendent, puisque par définition l’opinion publique est versatile. Pour eux, le Président élu incarne des choix politiques et doit prendre des mesures qui quelquefois sont impopulaires. Ceux-là espèrent encore que la « bulle » Ségolène va exploser en vol, car pour eux la présidentielle n’est pas un « concours de beauté » et les Français vont se lasser du sourire Colgate de la dame du Poitou. Mais les Présidents successifs ont tellement « oublié » leurs promesses lorsqu’ils étaient au pouvoir que les citoyens ont peu à peu désertés le collectif pour se recroqueviller dans leurs intérêts particuliers. Ainsi, Ségolène Royal mais également Nicolas Sarkozy ont tous deux pris l’option de se retourner vers le peuple en répondant à ses aspirations du moment, avec le risque du « peopolisme », une nouveauté en politique, à la croisée du populisme et du vedettariat.
Mais quand Sarkozy le combattant choisit la « rupture », il est vrai, depuis peu, « tranquille », Royal la séduisante propose les « désirs d’avenir ». Avec leurs slogans respectifs, le premier incarne la décision mais aussi la désunion, quand la deuxième fait appel à l’envie et à l’appétit. Et quand on regarde la femme, comme elle nous y invitait lors du premier débat sur La Chaîne parlementaire… du désir, il peut y en avoir !

De l’avis général chez mes confrères journalistes, la gracieuse Ségolène peut de temps en temps jouer de son pouvoir de séduction. Que ce soit en région Poitou-Charentes ou au niveau de la presse nationale, ses sourires et son regard en ont troublé plus d’un. À la fin d’une séance du conseil général à Poitiers, je me trouvais face à la présidente, aux côtés de Didier Monteil, un journaliste de La Nouvelle République, qui lui posait quelques questions. Devant le sourire figé de Mme Royal, un peu agaçant à la fin, je me suis adressé à mon confrère :
– Elle utilise la séduction auprès de vous, ici, en région ?
– Ah oui, elle joue de la séduction, mais ça marche ou ça ne marche pas, ça dépend des journalistes.
Je me retourne vers elle, elle ne sourit plus. Son visage s’est fermé. Dur.
– Non, je ne suis pas dans un rapport de séduction, je suis dans le débat intellectuel.
– Vous voyez, là, eh bien, vous ne souriez plus quand on vous parle de ça.
Personnellement, je me suis retrouvé à deux reprises en situation « limite » par rapport à cette fameuse séduction. La première fois, c’était sur le marché des Hérolles, un tout petit patelin à la limite ouest du département de la Vienne, célèbre pour son marché de moutons et de brebis. Au petit matin, la présidente de la Région et sa suite se sont régalés d’une tête de veau sauce gribiche, arrosée de vin rouge et de café au lait… Puis, en se baladant sur le marché, « Ségo », comme on l’appelle dans les campagnes, s’intéressa de très près à de superbes fouets en cuir de bœuf, généralement utilisés dans ce coin de France pour conduire les troupeaux.
– Ils sont beaux, ces fouets ! confie-t-elle discrètement à son voisin.
Mais, sentant peut-être qu’elle est observée, elle se ravise et, en rigolant sous cape :
– Je ne vais quand même pas acheter des fouets devant tout le monde…
Avec l’équipe, on s’est regardés. On imaginait bien l’image de Royal avec son fouet à la main pour dompter les « éléphants » socialistes ! Mais la visite des étals continue. Cette fois, un charcutier a arrêté le petit cortège et, tout en découpant quelques belles tranches de jambon cru, il lance d’une voix de commerçant fier de sa marchandise :
– C’est pour la prochaine présidente de la République !
À part un petit rire, la présidente de Région ne répond pas. Nous sommes début 2005 et elle n’a même pas déclaré qu’elle pourrait envisager sa candidature. Je m’approche.
– Alors, madame Royal, ça vous intéresse ?
– Quoi donc ?, me répond-elle d’un air ingénu.
– Ben, d’y aller, de faire campagne pour la présidence de la République !
Et là, je ne sais pas ce qui lui prend, mais avec un sourire coquin elle approche sa main droite de ma joue et… me fait carrément une petite caresse sur le menton ! Une toute petite, genre « cajolette », mais quand même ! Je suis resté sur place comme deux ronds de flan. Elle est repartie en rigolant.
En avril 2006, elle m’a refait le coup. Nous étions à Cambrin, une bourgade du Pas-de-Calais, elle avait fait un de ses discours faciles à comprendre mais un peu creux, genre « Travail-Famille-Nation », et à la sortie, alors qu’elle n’avait voulu répondre à aucune des questions des journalistes présents, je lui demande :
– Pourquoi vous êtes venue ici, madame ?
– Mais c’est pour vous, voyons…
Et hop ! une nouvelle caresse, et avec la paume s’il vous plaît ! Non mais, je rêve ! Cette fois, j’ai protesté.
– Ah, non ! on ne touche pas les journalistes, madame ! C’est interdit !
Rien à faire, là, j’étais grillé. Frank Bayard, le même cameraman qui avait filmé la première caresse, me fit comprendre qu’il avait tout compris. D’ailleurs, la rumeur a commencé à courir un peu partout dans le milieu des journalistes : « John Paul Lepers serait l’amant caché de Ségolène Royal. » Un poil flatté, j’ai laissé courir, mais ici je vous dois la vérité : il n’y a jamais rien eu… sauf les deux petites caresses, qui, elles, sont filmées. On arrête ici les bêtises, mais j’en tire une conclusion. Pour la première fois, les journalistes masculins doivent faire face à une nouvelle forme de pression : la séduction des femmes politiques ; c’est nouveau pour nous, mais pas pour nos consœurs.
Car, en France, les histoires d’amour entre le personnel politique et les journalistes sont un sport national, avec leurs champions : Giscard, Mitterrand, Chirac et plusieurs de leurs ministres respectifs. Et, comme jusque-là les principaux politiques étaient des hommes, les aventures se sont plutôt concrétisées avec nos copines journalistes. Les quelques femmes politiques qui ont réussi à se faufiler à travers le filet de sélection ultramachiste de notre République mettaient un point d’honneur à ne pas trop exposer leur féminité. Veste et pantalon ou tailleur strict, le plus souvent bras couverts, les femmes se conformaient jusqu’à présent, comme leurs homologues masculins, à un uniforme laïque, peu sexué. Seule fantaisie, la couleur, et pas toujours du meilleur goût. Paradoxalement, c’est Ségolène Royal, la « mère la pudeur », comme l’avaient surnommée ses amis socialistes suite à ses prises de position contre les pubs racoleuses dans la rue et les strings à l’école, qui a innové : jupes en mousseline, chemisiers légers, escarpins à fines lanières.
Entendons-nous bien, Ségolène ne drague pas les journalistes, elle cherche à séduire l’électeur, comme tout candidat. Elle a donc particulièrement travaillé son look lors de ses apparitions publiques. Longtemps elle a eu une appréhension à parler en public ; elle a fait des progrès, mais on reste encore loin des talents de tribun de François Mitterrand hier ou de Nicolas Sarkozy aujourd’hui. Alors Ségolène compense avec des mots simples et doux, des longs silences, des larges sourires et une proximité presque familiale.
C’est à Frangy-en-Bresse, fin août 2006, lorsqu’elle fut accueillie à la fête de la rose par Arnaud Montebourg, que j’ai repéré sa technique. Voici ses premiers mots, face à un public qui n’est pas le sien et qui n’a rien compris au brutal revirement de leur mentor, le député Montebourg, qui venait quelques jours plus tôt, et sans concertation, de rallier le camp de cette femme qui se présentait devant eux habillée de blanc.
– Vous êtes là ?
– Oui ! répondent quelques voix dans la foule.
– Vous êtes contents ?
– Oui ! [Ils sont plus nombreux.]
– Moi aussi, je suis heureuse de vous voir si nombreux… Votre présence est un trésor, qui ne me donne que des devoirs et aucun droit… Et je me dis, en vous voyant, que ma première responsabilité, c’est d’être tout simplement à la hauteur de ce que vous êtes, aussi nombreux, de votre gentillesse, de votre générosité, de votre patience aussi.
Il y a du mystère dans cette silhouette fragile, immaculée, quelque chose d’hypnotique dans son phrasé où chaque mot se détache, flatte et enveloppe son auditoire, conquis sans que presque rien ne soit dit, juste de l’amour. Nous sommes aux antipodes du bateleur en costume sombre qui martèle ses mots et emporte l’adhésion par la force de ses arguments.
Quelques jours après sa brillante désignation par les militants socialistes, au mois de novembre 2006, Ségolène Royal me recevra dans son bureau de l’Assemblée nationale. Intrigué par sa réussite, je commence bille en tête :
– Nicolas Sarkozy, que vous devez maintenant affronter, est un redoutable politique, qui a beaucoup d’expérience. Comment comptez-vous rassurer les Français par rapport à cet homme qui apparaît plus structuré que vous ?
– Il n’est pas plus structuré, il a des moyens, il a l’UMP, il a le ministère de l’Intérieur, le gouvernement, certains groupes de presse, il a la puissance de l’argent, il a le patronat, il a des moyens que je n’ai pas. Mais moi, j’ai la croyance dans l’intelligence collective des Français, voilà.
– Vous, c’est le peuple, en fait ?
– Voilà.
– C’est magique, un peu, vous ?
– Pourquoi ? Pourquoi les femmes seraient magiques ?
– Quand vous parlez à la tribune, vous n’avez pas une très bonne voix, vous n’êtes pas très bonne oratrice, par rapport à lui. Il y a une part d’irrationnel. Est-ce que vous le ressentez, ça ?
– Non, ce n’est pas du tout irrationnel, c’est un mépris pour les gens de dire ça. C’est tout à fait sensé, fondé, ça s’explique.
– Vous ne pensez pas qu’il y a quelque chose comme un magnétisme qui peut passer entre un candidat et une foule ? Il y a quelque chose d’irrationnel dans ce magnétisme.
– Mais non, mais pourquoi moi ? Ce n’est pas un peu misogyne, ça ?
– Pourquoi ?
– Les gens ne sont pas inintelligents.
– Je ne dis pas que vous êtes une sorcière !
– Ben ce n’est pas loin ! Pourquoi « irrationnel » ? Pourquoi, dès qu’une femme parle, c’est irrationnel ? Ce sont les vieux relents… Bientôt vous allez dire « hystérique », ou « folle ». Non, les gens, ils écoutent peut-être parce que je dis des choses intéressantes…
– Quand on regarde les gens autour de vous, on voit leurs regards, il y a une vraie espérance.
– Oui, une ferveur, une chaleur, un bonheur, une espérance. Il y a un souffle d’air. Oui, bien sûr, parce que c’est le renouveau, c’est quelque chose de neuf, c’est audacieux, c’est révolutionnaire, les gens s’étonnent eux-mêmes de leur propre audace. Ça intéresse aussi beaucoup de pays étrangers, ce qui est en train de se passer, beaucoup d’étonnement, bien sûr.
– Pourquoi ils regardent, à votre avis ?
– Le fait qu’une femme soit investie, c’est étonnant.
– C’est étonnant, oui, mais ce n’est pas suffisant, vous êtes d’accord avec moi, pour exercer le pouvoir. Et vous n’avez pas peur, justement, de cette demande de changement, qu’ils se disent : « Pourquoi pas une femme ? » et, quelque part, c’est comme une envie de consommation, si vous voyez ce que je veux dire. On ne prend plus un homme, on prend une femme…
Non, mais c’est à moi de donner du contenu.

Cette fois, nous sommes bien d’accord, il faudra que la candidate Royal donne du contenu à son joli discours pendant cette campagne et, de l’avis même de son entourage, ça commence à urger ! Sinon la bulle pourrait effectivement exploser.
Enfin, on l’a vu encore une fois, Ségolène use et abuse du machisme présumé de ses interlocuteurs. Elle n’a pas toujours tort, mais il est de plus en plus clair que, dès qu’une question la gêne, soit elle esquive, soit elle a une phrase bien rodée du genre : « Pourquoi vous dites ça ? Parce que je suis une femme, je ne serais pas capable ? » Et toc ! Comme si, parce qu’elle est une femme, elle était capable de tout et ne faisait jamais d’erreurs.
En coulisses, j’imagine Nicolas Sarkozy et son armada de conseillers préparer la réplique qui tue quand, lors d’un débat télévisé, elle lui sortira son argument massue. Une passe d’armes qui pourrait avoir lieu entre les deux tours s’ils se retrouvent face à face…

PORTRAIT DE SEGOLENE ROYAL
Qu’on la soutienne ou pas, c’est par son prénom qu’on l’appelle le plus souvent. Un prénom tronqué, car le véritable état civil de la candidate socialiste, ce n’est pas Ségolène mais Marie-Ségolène Royal.
Marie-Ségolène, ça sent bon la jupe plissée, les cols Claudine, la messe le dimanche et le respect des valeurs familiales ! En effet, Marie-Ségolène est la quatrième d’une fratrie de huit enfants ! Un père militaire, lieutenant-colonel nostalgique de la « grandeur de la France » qui n’acceptera jamais la perte de l’Indochine, encore moins celle de l’Algérie, sévère avec ses fils destinés à la carrière militaire, indifférent à ses filles promises à devenir des épouses modèles…
Née à Dakar, dans un Sénégal encore sous domination française, elle passe ses premières années sous le soleil africain, puis antillais. Les maisons sont grandes, de style colonial, avec boys locaux… Plus tard, mère de quatre enfants, elle pourra poursuivre sa carrière politique, notamment grâce aux bons soins de la nounou antillaise installée à demeure et qui élèvera sa progéniture…
La vie est dure chez les Royal, même si la famille, revenue en France à Chamagne, dans les Vosges, vit confortablement dans une maison de dix pièces avec téléviseur et machine à laver. Un luxe pour l’époque. À côté de ça, les chambres ne sont pas chauffées et la toilette quotidienne se fait à l’eau froide… Ce n’est rien comparé aux valeurs, glaciales, inculquées par le père : ordre, discipline, honneur. Un peu comme à l’armée, quoi. Résultat, Marie-Ségolène cherchera à fuir la maison le plus rapidement possible. Mais, plutôt que de prendre la voie du mariage, elle préférera celle des études, et en bonne lectrice de la papesse du féminisme français, Simone de Beauvoir, recherchera l’autonomie financière pour asseoir son indépendance. Aussi choisira-t-elle la gauche, non tant par conviction que par réaction à cette droite incarnée par ce père honni… La suite, on la connaît. Paris, Sciences po, l’ENA, qu’elle passe deux fois avant d’y être admise, et la rencontre avec un gentil garçon, intelligent, jovial et tolérant : François Hollande, qui, au cabinet de Jacques Attali, la fera rentrer à l’Élysée. Pour la première fois ?…

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Les commentaires (19)

  1. Oui mais malgrés tout ce qui me dérange chez Marie-Ségolène je souhaite qu’elle remporte l’élection. je veux encore croire à la solidarité qui n’éxisterait plus avec sarkosy. Et à tous ceux qui disent qu’elle n’a pas la carrure, je réponds que bien au contraire les traits de caractères pour un politique sont là, ténacité, autoritaire, savoir charmer, esquiver les réponses….mes amitiés.

  2. sarko n’apas trébuché hier.et ségo a peut-être mieux réussi sa prestation.Moi je reste convaincue que la France présidente reste la plus grande chance tant sur le plan national ,europeen et internationnale pour notre pays.Le collectif de 29 economistes de renom , le collectif de chercheurs et doyens d’universités et peut-être d’autres initiatives que je ne connais pas soutiennent Segolène. Si nous perdons le 6 mai c’est la France de tous les pouvoirs des privilèges le passage en force de tas de mesures et beaucoup de choses encore qui perdureront . Comment peut-on être à ce point aveuglé et là je m’adresse aux JEUNES ET AUX SENIORS CHOMEURS aux personnes plus agées qui sont et c’est normal demandeuses de plus de suivi médical.Les chomeurs ne vous méprenez pas du boulot il n’y en aura pas plus il ne propose peu ou pas de solutions « le travailler plus pour gagner plus, la France qui se lève tôt » vous exclut de tout dispositif.
    Et vous autres jeunes et moins jeunes malades ou malheureusemnet en devenir la casse de L’HOPITAL PUBLIC est largement entamée je sais de quoi je parle je suis infirmière à l’hopital il se produit tous les jours des fermetures de lit cequi entraîne soit des délais records pour une hospitalisation programmée soit des sorties prématurées sans se soucier si il y a un relai familial ou amical pour prendre la relève.Le plan HOPITAL 2007-2012 est une catastrophe l’hopital est devenu une entreprise qui doit couter le moins possible et eventuellement rapporter.Le patient n’est plus un individu à soigner dans sa globalité mais il est classifié en pathologie afin d’être codifié.Mais ou va-t-on?je crains que cela soit dans le mur .Nous avons dépassé la médecine à 2 vitesses nous en sommes largement à la 4ème.Pourquoi n’y-a-t-il plus assez D’INFIRMIERES certes les conditions de travail et le salaires sont démotivant.mais sachez que la pénurie d’infirmières a été voulu du temps du gouvernement Juppé qui a fermé des écoles d’infirmières.
    La politique de sarko ne peut pas vous laisser de place c’est la loi du plus fort et du chacun pour soi.Alors pour les INDECIS LES CHOMEURS et autres personnes si le modèle de société proposé par sarko répond magré tout ça à vos attentes allez-y voter pour lui mais de grandes désillusions vous attendent moi cela m’est égal je ne serai pas aigri mais encore plus combattive et j’aurai l’énorme satisfaction de pas avoir apporter ma caution à ce « merdier à venir »

  3. PS;joubliai une bouteille de champ sera au frais . Peut-être que le sursaut républicain sera au RDVet que des amis centristes , indécis et autres voteront Ségo .J’y crois jusqu’au bout

  4. Nadia et Agnes

    Courage les filles mais malheureusement j’ai peur que la france ne soit pas prête à une présidente ..
    ce n’est que partie remise, un jour viendra …
    Elle était pourtant belle cette éspérance …

    gérard

  5. Au contraire, il est de bon ton de rappeler qu’un politicen n’est pas un ange et qu’il est même dangeureux de le considérer ainsi.
    Cela permet de ramerner le débat sur le contenu, l’idéologie et l’allure politique. Cela permet de s’arrêter aux mots prononcés.

    Personnellement, je crois en Ségolène Royal pour mettre en place les idéologies premières du développement durable. Douceur ou Autoritarisme exacerbé ? L’important c’est que les idées soient appliquées dans le sens de l’Homme et de manière juste : une place pour tous avec un engagement de tous.

  6. Vraiment, si vous en avez marre d’entendre des slogans sans comprendre le fond, vous devriez regarder ce film :
    Un film de THOMAS LACOSTE
    http://www.lautrecampagne.org/refutations.php

    Ce sont des chercheurs qui parlent. Et je les trouve vraiment raisonnables.

    Avec la participation de Jeanne Balibar (comédienne), Monique Chemillier-Gendreau (juriste), Anne Debrégeas (Fédération Sud-Energie), Eric Fassin (sociologue), Hélène Franco (Syndicat de la magistrature), Susan George (économiste), Michel Husson (économiste), Bruno Julliard (Uunef), Christian Lehmann (médecin), Nacira Guenif-Souilamas (sociologue), Thomas Heams (Convention pour la 6e République), Richard Moyon (Réseau Éducation Sans Frontière), Thomas Piketty (économiste), Emmanuel Terray (ethnologue), Louis-Georges Tin (maître de conférence, CRAN), Alain Trautmann (Sauvons la Recherche !).

  7. Esquisse d’explication sur la démarche de Ségolène Royal dans l’application de son programme.

    Tu prends l’exemple du refus populaire du Cpe. Ce refus, puis le rejet massif qu’il a entraîné, résulte de la prise de conscience que les décisions politiques ont un impact majeur sur notre mode de vie, que ces décisions nous concernent directement et que nous en sommes les acteurs, ceux qui leurs permettent d’être appliquées. C’est une prise de conscience que nous avons régulièrement, mais je considère que nous l’utilisons à l’envers.
    Cette volonté que nous avons d’être décisionnaire dans les orientations politiques doit être manifesté en amont et non en aval. Dans ce dernier cas , qui est toujours celui que nous utilisons, notre voix au projet aura toujours une valeur de contestation et d’opposition et non une valeur d’élaboration.
    Que l’on fasse entendre ses requêtes, ses idées, ses propositions après l’élaboration de la loi n’a pas du tout le même impact sur la formation de ladite loi, que si les citoyens responsablement concernés par le projet ont leur entière place dans la création de cette même loi.
    Si l’on observe, comme Sarkozy, le strict critère de l’efficacité, je pose la question de celle d’une loi qui, issue uniquement du circuit politique standart, derva se plier ou passer en force face aux incontournables revendications des citoyens concernés?
    L’efficacité serait donc de leur donner les moyens d’exercer leur responsabilité et leur compétence dans l’élaboration d’une loi les concernant et dont il seront garant de l’action.
    Et puis, dans une démarche responsable, il est difficile de contester ce que l’on a soi même approuvé après une discussion qui inclus tout ceux que la légitimité a mis autour de la table.

    C’est cela le changement profond que propose Ségolène, une politique qui parie sur la prise de responsabilités de chaque citoyen dans la société.
    Alors forcément, c’est un peu flou au départ, puisque tellement de personnes ont été ignorées alors que leur participation était nécessaire.
    J’ai envie de dire,
    le programme de Ségolène, c’est un peu ce que nous, ensemble, nous aurons le courage de faire pour notre société, qui, ne l’oublions jamais, appartient à n’importe quel citoyen la représentant.

    Considérez maintenant cette différence fondamentale de penser l’action politique et vous remarquerez sûrement que le candidat de la “rupture” n’est peut-être pas celui qui se prétend l’être, et que celui de la “pensée unique” est peut-être celui qui le dénonce tant.

    Notre action ne se limite pas à dire non, elle s’étend partout où nous avons la volonté d’exercer nos responsabilités.
    Sarkozy ne nous donneras pas facilité à exercer ce droit.

  8. Chaque jour je me reveille, je me dis ils vont le faire plus on arrive à l’écheance, je me dis oh que oui ça sera bien dans ce monde de brute et de machos que le pouvoir revienne aux femmes comme cela a été au commencement mais helas comme elle le dit si bien les français ne sont pas audacieux ils préfèrent confier les clefs de la maison à un fou qu’a une femme qui et pourtant nous propose une autre façon de gouverner et oui le pouvoir au peuple rien que pour le peuple c.a.d la démocratie. La femme on l’aime qd elle bonne à faire à manger, à faire des enfants, à satisfaire tous nos désirs égoïstes mais qd il s’agit du pouvoir est releuguée au rang de bonne à rien.
    Malheur à nous … je garde espoir, quoi qu’il arrive SEGO tu nous auras fait rêver, si tous les hommes pouvaient laisser leur égo de côté et sauver la maison France .
    Vu ce que les carrieristes machos du PS t’ ont fait vivre durant ces 6 mois qu’ils ne pensent même pas à solliciter notre soutien aux prochaines élections. Je suis un homme comme eux mais je désaprouove la façon dont ils t’ont traiter.
    Un grand admirateur ….
    Mil merci…

  9. Ok, elle agace. Ok, elle en fait trop sur le côté « je suis une femme, mère de famille, etc ». Mais comme Miterrand agaçait aussi beaucoup, n’était pas toujours clairement de gauche… Elle a tout compris de la politique, maîtrise son marketing, mais je reste convaincue que, comme Miterrand (aprce qu’elle aura une équipe, des gens de valeurs, défendant réellement des idées de gauche), elle saura prendre des décisions difficiles, à l’instar de son mentor (l’abolition de la peine de mort était un combat de Badinter, mais Miterrand l’a porté). En face, on a un Berlusconi bis, qui n’agit qe pour ses intérêts perso, n’hésite pas à s’immiscer dans des dossiers, des institutions dans lesquelles il n’a a priori aucun pouvoir. Mais parce qu’il fait peur, personne n’ose aller contre lui. Juste une anecdote, réelle, vérifiable, mais qui n’a pourtant jamais eu aucun écho médiatique : au début de l’été 2005, Sarko « fait une descente » à La Courneuve, et rend visite à l’ANPE locale. Le Directeur est en congés (en juillet, ça peut se comprendre). ,Premier coup de colère de Sarko qui trouve inadmissible que le directeur ne soit pas revenu de congés pour l’accueillir. Quelques jours plus tard, Sarko organise sa « contre garden party » pour le 14 juillet place Beauvau. il sollicite à nouveau l’ANPE de la Courneuve pour qu’on lui trouve des jeunes, rémunérés, pour venir faire la claque le 14 juillet. Malgré les efforts des conseillers, aucun jeune n’est intéressé par l’offre. Nouveau coup de colère de Sarko, qui demande purement et simplement le licenciement du Directeur (alors que les ministres de tutelle de l’ANPE sont, rappelons-le, le ministre du travail, et le ministre de la fonction publique). La Direction Générale de l’ANPE, très ennuyée, passe alors un accord avec le directeur de la Courneuve (qui souhaite depuis plusieurs mois quitter cette agence difficile) : il n’y aura pas de sanctions, s’il accepte de quitter son poste et de se retrouver en surnombre ailleurs et bien-sûr sans ébruiter la chose… L’affaire est dans le sac ! Je ne sais pas vous, mais moi, ce genre de pratiques m’inquiète au plus haut point. Quand on met ça en parallèle des déclarations de Sarko sur la direction de France 3, je vous laisse imaginer ce que sera la suite, s’il est élu ! Est-il utile de préciser qu’à l’ANPE, on avait jamais vu ça….
    Bon vote, citoyens !

  10. Une chose m’étonne : serait-on plus combatif (sur le plan du discours de réfutation) du coté de Ségolène que du coté de Nicolas ? Je vois, sur les sites ou je cherche de l’information, beaucoup de commentaires, de vidéos et d’articles qui démontent le projet de politique (ultra)libérale de Nicolas mais peu de commentaires de la meme nature contre Ségolène alors meme qu’elle ne semble pas toujours très apprécié en tant que candidate.
    Sans doute faut-il y lire le contraste entre deux attitudes opposées. D’un coté quelqu’un qui incarne l’idée du chef qui mène ses troupes à la bataille (sous entendu à la victoire) et qui attend une soumission sans faille à son autorité et de l’autre quelqu’un qui propose de diriger en étant l’instrument de l’expression populaire, ce qui, reconnaissons le, est aussi l’incarnation d’une forme d’autorité. Ceci explique peut-être pourquoi on nous présente les deux candidats de facon si tranchée, voire caricaturale :
    l’action contre la discution
    le héros contre la maman
    l’entreprise contre le kolkose
    l’ordre contre la pagaille
    etc. Avec bien sur une assimilation des termes entre eux. Bref, il ne sagirait plus de réfléchir mais de choisir. Et si, dans le vacarme ambiant, on imaginait qu’un autre monde est possible ?

     » L’utopie d’aujourd’hui est la vérité de demain.  » Victor Hugo

    Bon dimanche

  11. Vous dites Ségolène est une femme qui « maîtrise nos pb domestiques ». Moi, je trouve qu’elle n’y connait rien, ni en pb domestique, ni en économie, ni en international, ni en social (c’est pas en donnant des emplois au jeunes payés par l’état qu’ils seront considérés, ni en interdisant les gens de travailler qu’ils pourront profiter de leur congés).

  12. eb, ça ne serait pas un tout petit peu simpliste, ton discours?
    J’ai fait mon choix, il est simple. A aucun moment je ne dirais de l’un ou de l’autre qu’ils ne connaissent rien à rien, faut quand même pas délirer.

  13. Royal dénonce les liens entre Sarkozy, Bouygues et Lagardère
    NOUVELOBS.COM | 04.05.2007 | 14:40

    La candidate socialiste reproche à son rival UMP d’entretenir « des relais extrêmement puissants dans les médias avec le groupe Bouygues », propriétaire de TF1 et LCI, ainsi qu’avec « le groupe Lagardère », premier éditeur de magazines.

    Ségolène Royal a critiqué, vendredi 4 mai, au micro de RTL, certains médias dont la couverture de la campagne présidentielle serait influencée par les liens de leurs dirigeants avec Nicolas Sarkozy.

    La candidate socialiste a cité la chaîne d’information LCI, filiale de TF1 (groupe Bouygues) et le groupe Lagardère.

    « Je ne suis liée à aucune puissance financière, à aucun système médiatique qui aujourd’hui fonctionne comme de véritables tracts », a affirmé Ségolène Royal au micro de RTL.

    « Je regardais hier les informations sur LCI. Le résumé qui était fait du débat que nous avons eu ensemble, à croire cette chaîne, c’est moi qui avait tout faux et Nicolas Sarkozy qui avait tout juste », a-t-elle déclaré, précisant que plusieurs erreurs du candidat de l’UMP lors du débat de mercredi soir n’avaient pas été évoquées.

    « Il a des relais extrêmement puissants dans les médias avec le groupe Bouygues, Bouygues qui est le parrain de son fils, le groupe Lagardère… », a encore expliqué la candidate socialiste.

    Le candidat centriste François Bayrou avait de la même manière dénoncé avant le premier tour les relations entre le président de l’UMP et les principaux groupes de médias français.

    TF1, détenue à 42,9% par Bouygues, est la première chaîne de télévision française avec une part d’audience de 31,6% en 2006. Le groupe Lagardère est le premier éditeur de magazines au monde avec notamment Paris Match et Elle. Il contrôle également la radio Europe 1.

    Martin Bouygues, P-DG du groupe de communication et de BTP du même nom, a été l’un des témoins de mariage de Nicolas et Cécilia Sarkozy. Il est le parrain de leur fils Louis.

    Arnaud Lagardère, président du groupe Lagardère, est un ami proche de Nicolas Sarkozy. Selon Le Monde daté du 17 novembre 2006, lors d’un séminaire des cadres du groupe Hachette à Deauville en avril 2005, il avait présenté ainsi l’homme politique : « Je ne vous présente pas un ami, je vous présente un frère ».

    L’autre témoin de mariage de Nicolas Sarkozy était Bernard Arnault, président du numéro un mondial du luxe LVMH et propriétaire du quotidien économique La Tribune.

    « Ce n’est pas insultant pour les journalistes, c’est la réalité, le candidat est lié à des enjeux financiers », a déclaré Ségolène Royal.

    « Je crois qu’à un certain moment il faut dire les choses telles qu’elles sont et on sait parfaitement qu’il y a des liens très étroits entre les groupes financiers, les groupes médiatiques et le candidat de l’UMP qui est aussi le candidat du Medef. Toutes les entreprises du CAC 40 ont soutenu le candidat de l’UMP », a-t-elle ajouté.

    Au journaliste qui lui faisait valoir que les capitaux possédant les groupes de médias ne perturbent pas le travail journalistique, elle a répondu : « Si, ça affecte le travail, vous le savez très bien ». (Reuters)

  14. Sego ou Sarko, même combat, méthodes douces (hypocrites) ou dures (agressives), là est la différence.
    Exemple choisi :
    Tous deux évoquent le sempiternel « pouvoir d’achat », afin d’allécher le peuple qui veux consommer un peu plus et par la même occasion, bien jouer son rôle de « citoyens consommateurs ».
    Que va-t-on rajouter dans la gamelle des travailleurs pour qu’ils restent dociles et qu’ils arrêtent d’aboyer ?
    Or, la vraie question, n’est pas le « pouvoir d’achat », mais simplement le « pouvoir » de qui tient le couteau qui partage le gâteau.
    Aucun des deux n’aura la volonté ni le cran de Chavez pour sortir du FMI et de la Banque Mondiale.

  15. désolée mais le coté j’ai presque fait l’objet d’un harsèlement de la part de la candidate, ça me fait doucement rigoler
    ce qui arrivé au journaliste mais c’est terrrrible
    pauvre chou

    et pour ceux qui disent que ce site est pro ségo « i sav pa lir »

  16. Bonjour Madame Ségolène Royal !
    Comment allez-vous ?
    permettez-moi de me présenter et de vous faire savoir que je vous admire énormément depuis que j´ai su auprès des elections au Méxique où je réside actuellement et où j´ai voté pour vous à l´ambassade de France au Méxique .
    Je suis Madame Rezola Ma Del Pilar de 57 ans ,je dédie à l´Enseignement des langues et`à la dermatologie au Méxique or depuis que je vous connais ,je suis vos pas c´est à dire que je suis fière de tout ce que vous faites et dites savez vous ? vous avez aussi une très grande personnalité, et puis je désire rentrer en France pour donner le meilleur de moi-même à mes compatriotes mais en faisant quelque chose pour vous ,Je souhaite fermement être solidaire et si cela est possible, faire partie de votre alentour dans n´importe quel domaine afin d´apprendre un peu plus et vous être utile comme citoyenne française
    Recevez Chère Madame Ségolène Royal toute ma gratitude avec mon admiration
    Madame Rezola Ma Del Pilar Colette
    zacatecas183-kRoma 06700México Méxique
    005255740004 maison
    00525533221877 portable
    [email protected]

    À bientôt