LES JOURNALISTES DES ECHOS ENVAHISSENT LEUR JOURNAL

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Terminé la grève, les journaliste des Echos ont décidé d’agir dans les pages de leur journal. La Société Des Journalistes du quotidien a pris la décision de publier tout un dossier sur l’avenir du quotidien économique. Articles, chroniques et signatures soutiennent leur démarche. Un autre moyen de protestation qui ne pénalise pas leurs lecteurs. Pour ceux qui ont raté le début de l’histoire, cliquez ici et ici.

Un premier article s’interroge sur « qui profiterait d’un affaiblissement des Echos ? » Il relate un autre article paru dans le quotidien britannique The Economist : « Bernard Arnault essaie de vendre une publication et d’en acheter une autre. » « Les affaires, la politique et les médias sont devenus désespérément entremêlés en France ces dernières années. » Alors que The Economist est également possédé à moitié par Pearson, le journal affirme que « si Les Echos devaient perdre leur réputation de journal de référence avec leur nouvel actionnariat, Pearson pourrait gagner de nouveaux lecteurs pour le Financial Times, sa principale publication ». Selon les Echos, une « belle preuve d’indépendance. En Angleterre, le directeur de la rédaction est protégé par une institution.

Les lecteurs éclairés

La SDJ des Echos consacre ensuite une demi page du journal à répondre à des questions que se posent leurs lecteurs. Elle éclaircie des points allant du « pourquoi vous opposez vous à une vente éventuelle à LVMH ? » à « les politiques soutiennent-ils votre combat ? », en passant par des interrogations telles que « pourquoi un quotidien économique n’est-il pas une entreprise comme une autre ? » Une véritable tribune offerte à sa SDJ dans laquelle celle-ci expose son point de vue sur l’affaire. Est-ce opportun de faire dans le journal exactement ce que craignent les journalistes de la part de Bernard Arnault, c’est-à-dire mettre en avant ses intérêts ?
Ensuite, dans un article également signé de la SDJ, il est exposé la proposition faite par celle-ci pour garantir l’indépendance éditoriale future du journal. Elle propose que la société des journalistes n’ait « aucun droit financier », mais qu’elle puisse « bénéficier d’un droit de veto sur toute modification des statuts du groupe portant sur l’indépendance. »
La suite du dossier est composée de quatre chroniques ou « points de vue ». Il y a d’abord un texte de Jean-François Roubaud, président de la CGPME (Confédération Générale du Patronat des Petites et Moyennes Entreprises), dont le titre résume parfaitement le contenu : « Concilier la liberté de la presse et la liberté d’entreprendre ». Il parle d’un « journal [qui] n’est pas une entreprise comme une autre ». Pour lui, « l’acte économique d’achat ou de revente d’un journal, je le répète, est normal. En faire un enjeu de pouvoir serait anormal si cela devait, par la suite, se traduire par une information pouvant paraître sujette à caution. »
Vient ensuite le point de vue de Denis Muzet, président de l’institut de Médiascopie, institut mesurant l’impact des médias sur le public. Il estime que le journal a acquis une certaine crédibilité grâce à son indépendance. En ce sens, un rachat par LVMH porterait un coup à la crédibilité des Echos aux yeux des lecteurs.

« Une atteinte à la crédibilité des journalistes »

Patrick Artus, directeur de la recherche et des études du géant bancaire Natixis, estime que la presse économique, en conseillers d’investisseurs qu’elle est, devrait, « sur le modèle des banques d’investissement, séparer totalement l’information fournie à ces investisseurs de ses propres intérêts comme entreprise, ce qui couvre un champ large : intérêt de ses actionnaires ; intérêt des organes de presse comme annonceurs pour les entreprises ; intérêts de ses dirigeants pour maintenir des relations amicales ou d’affaires avec des dirigeants de groupes. »
Enfin, la chronique du Suisse Roger de Weck, éditorialiste en Allemagne explique que « vue de l’Allemagne, la mise au pas de la presse française inquiète. Il est profondément malsain que des groupes de médias appartiennent à des industriels ou à des financiers : c’est une atteinte à la crédibilité des journaux et chaînes de radio ou télévision, quel que soit le comportement du propriétaire. » Toujours sur l’exemple allemand, il affirme que « les industriels et financiers […] ne songeraient pas une seconde à acheter le Financial Times Deutschland si son copropriétaire Pearson envisageait de s’en séparer à l’image des Echos. En effet, l’acheteur subirait une hémorragie de lecteurs. » Pour Roger de Weck, le rôle du quotidien doit être clair : « Un journal économique doit être en mesure de déranger et d’ulcérer tout chef d’entreprise, soit en menant l’enquête sur ce qu’il voudrait taire, soit en critiquant ses performances et sa façon de faire, soit en jaugeant les titres boursiers de son groupe. Il est pervers que Bernard Arnault veuille contrôler une instance appelée à le contrôler.»

Pour clore ce dossier, Les Echos ont décidé de publier sur une double page les noms des 500 personnalités ayant signé la pétition contre la vente du journal au groupe LVMH. On y retrouve François Bayrou, président du Mouvement Démocrate, Dominique Strauss-Kahn, député PS ou encore Robert Ménard, secrétaire générale de Reporters Sans Frontières.

Martin Baumer

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Les commentaires (7)

  1. Merci pour cette article.
    Lecteur assidû de presse quotidienne, je souffre beaucoup ces temps ci. D’abord Libé, puis Le monde devenant infréquentables, je m’étais réfugié dans Les Echos. Je m’habituais et même commencais à vraiment apprécier le point de vue très business. Cette axe de lecture économique nous donne, à mon sens, un juste décryptage des enjeux de notre société et donc du marché (ou l’inverse).
    Ceci dit, en perdant à nouveau un quotidien me vient cette reflexion: Les temps changent et nos dirigeants, type PDG, eux, ne modifient pas leurs procédés de filtrage et de control de l’information. Je dirai tant mieux. C’est une grave erreur.
    Je pense que de nos jours, et d’un point de vue strictement marketing, les empires que représentent les groupes tel LVMH devraient au contraire laisser toute liberté à l’investigation journalistique. Laisser les failles apparaitres. Laisser les « affaires » sortir au lieux de vérouiller. Ils gagneraient indéniablement en crédibilté. On trouverait dans le conscient collectif cette notion que les puissants sont faillibles, donc plus proche de nous. Et, sur un mode « faute avouée est a moitié pardonnée » ils pourraient nous faire passer en toute quiétude des couleuvres bien plus indigeste.
    Heureusement, leurs réflexion n’en est visiblement pas à ce stade.
    Jean

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