WHITE HOUSE STORY#9: HILLARY, BARACK ET MIKE: RIEN N'EST JOUÉ…

Publié le | par

Nicolas Condom, correspondant de LaTéléLibre à Atlanta poursuit sa brillante chronique sur la préparation des primaires, mais il change de titre: au lieu de « les primaires aux usa » , il opte pour « White House Story « . Il est en train de virer américain le philosophe! Attention à toi Nico!

Dans les camps républicain et démocrate, les hostilités s’amplifient à moins de trois semaines des premières primaires dans le New Hampshire et l’Iowa. Hillary Clinton et Barack Obama sont en guerre ouverte alors que Mike Huckabee continue son ascension, attaqué par tous ses adversaires qui craignent qu’il ne devienne le Bill Clinton des républicains. Ils recherchent dans son passé de gouverneur tout ce qui pourrait lui porter tort. Comme Mike Huckabee, Bill Clinton était un inconnu en 1993 avant de remporter les élections primaires en quelques mois. Ils essaient donc de le comparer à une autre personnalité : Howard Dean, l’actuel président du Parti Démocrate. Il était en première position des sondages tout le long de l’année 2003 avant de se faire battre par John Kerry et John Edwards.

Mike Huckabee a déclaré cette semaine lors d’une tribune pour le numéro de janvier/février de la revue Foreign Affair, que « l’administration Bush a une arrogante mentalité de bunker, qui a été contreproductive chez nous et à l’étranger. Mon administration reconnaîtra que le principal combat des Etats-Unis aujourd’hui ne nous oppose pas au reste du monde, mais oppose le monde aux terroristes. »

Sa position a été critiquée par Mitt Romney qui a déclaré que son adversaire se comportait plus comme un démocrate que comme un républicain, tout en reconnaissant qu’il était un « grand ami ».

Mike Huckabee a réaffirmé sa position, en réponse, avant de conseiller la lecture complète de sa tribune a son rival. Il affirme avoir été aux cotés du président Bush bien plus souvent que Mitt Romney et qu’il n’a de leçons à recevoir de personne à ce sujet, revendiquant le droit, et le devoir, à une opinion personnelle en tant que candidat à la présidence. Mais c’est le signe que l’ère Bush est en train de se terminer : les républicains se reprochent entre eux de ne pas suffisamment défendre l’actuel président, tout en évitant de le citer lors des débats en préférant attaquer Hillary Clinton comme si elle était l’actuelle présidente. Mike Huckabee a été l’un des seuls candidats a ne pas se concentrer sur Hillary Clinton, ce qui a semble-t-il porte ses fruits.

Une assez étrange polémique, comme celles qui peuvent se produire seulement aux Etats-Unis, a d’ailleurs lieu à propos de son message de voeux de fin d’année. On lui reproche la présence d’un message subliminal dans son intervention parce que derrière lui on voit les barreaux d’une fenêtre formant une croix. Le candidat républicain et pasteur baptiste a répondu avec humour : « Oui, il y a un message subliminal. Si vous repassez la bande a l’envers vous pouvez entendre Paul est mort, Paul est mort, Paul est mort. »

Le libertarien républicain Ron Paul, qui prône le retour à l’isolationnisme en terme de politique étrangère (fermeture de toutes les bases militaires américaines dans le monde) a réussi un nouvel exploit. Il a pu lever 6 millions de dollars en une journée, ce qui est même mieux qu’en novembre où il avait pu réunir plus de 4 millions de dollars. Un exploit qui contraste avec ses résultats très faibles dans les sondages. Il espère s’en sortir cependant, alors qu’il n’est pas présent dans tous les états comme l’autre grand exclu des medias Mike Gravel.

Ce dernier, sénateur démocrate de l’Alaska, a une image de « papy gâteux » en raison de son age, ce qui ne l’aide guère dans cette affaire. A 77 ans et malgré une activité politique intense, durant laquelle il a été un acteur essentiel du retournement de l’opinion publique américaine contre l’intervention au Vietnam, il n’est pas considéré comme un candidat viable. Il n’a d’ailleurs pas été invite par MSNBC et CNN lors des derniers débats, ni dans la plupart des débats organisés dans les premiers états à voter. Il a du organiser un débat parallèle, en ligne sur son site Internet, au moment où ses adversaires se confrontaient sur le plateau de CNN. Lors d’une parodie du Saturday Night Live, on a même vu un faux Mike Gravel, présent dans les coulisses du débat MSNBC, mis peu a peu a l’écart par ses concurrents, murmurant entre eux « Mais personne ne lui a dit qu’il n’était pas invité ? », avant que le malheureux, expulsé de la salle, ne fasse un scandale en se défendant avec sa canne. Il a voulu organiser début décembre une journée de levée de fonds pour imiter Ron Paul qui a pu lever 4 millions de dollars en 24h, mais sans succès.

Voici la vidéo de présentation faite par IpolinAmerica :

L’issue des premières élections primaires est plus qu’incertaine : il faut toujours se rappeler que rien n’est joué dans le cadre d’une élection aux Etats-Unis. Hillary Clinton est en difficultés, ce qui provoque la colère de son époux qui selon des rumeurs souhaite un remaniement de son équipe de campagne au moment où Barack Obama la talonne à nouveau, voire la dépasse dans certains sondages. Il est passé à l’offensive cette semaine en affirmant que la présidence de Barack Obama serait un risque pour les Etats-Unis et le monde, puisque ce dernier appelle à l’arrivée de nouvelles figures dans le milieu politique afin de changer la façon de gouverner, alors qu’il n’est sénateur que depuis deux ans : « Je ne veux pas d’un président qui n’a jamais fait d’erreur et n’en a jamais corrigées. »

L’ancien président a même déclaré que sous l’administration de son épouse il se rendra en compagnie de George Bush père dans le monde pour réparer tout le mal que le fils Bush a fait à l’image des Etats-Unis durant ses deux mandats, de la même façon qu’il travaille déjà avec lui à l’étranger lors de différentes campagnes, au Proche-Orient par exemple.

Les sondages alternent entre victoire et défaite face à Barack Obama. Ainsi, le dernier sondage réalisé par CNN donne Hillary Clinton vainqueur avec 38% dans le New Hampshire et 26% pour son adversaire, alors que des précédents donnaient des résultats inverses.

Comment expliquer cette situation ? Elle est tout d’abord le résultat de sa querelle continuelle avec Barack Obama, qui a su se défendre face a des attaques assez sournoises du camp adverse. Plusieurs bénévoles de l’équipe de campagne de l’ex-First Lady ont été renvoyés après avoir fait circuler des emails diffamant Obama, l’accusant de participer a un complot musulman pour conquérir le pouvoir. Elle a bien évidemment condamné ces propos et pris les mesures appropriées, mais cela a définitivement terni son image. C’est d’ailleurs la querelle entre les deux candidats menant les sondages démocrates en 2004 qui avait permis à John Kerry de remporter les élections primaires. De son cote Barack Obama a fait une tournée des premiers états a voter avec l’animatrice de télévision Oprah Winfrey, ce qui lui donne un support dans la communauté noire ainsi que dans l’électorat féminin. Hillary Clinton a du organiser en retour un meeting parallèle avec sa mère et sa fille Chelsea, avant de rencontrer la semaine dernière lors d’une réunion publique plusieurs de ses amis d’enfance qui ont décidé d’intervenir publiquement afin d’adoucir son image. Elle est donc sur la défensive : elle ne paraît plus la candidate naturelle du parti démocrate, ce qui était sa plus grande force, mais aussi sa faiblesse. Du moment où un espace assez grand s’est formé pour un candidat démocrate anti-Clinton, elle est devenue un candidat comme un autre, alors que chez les républicains Rudolf Giuliani subit le même effet, devance par Mitt Romney et Mike Huckabee. Son échec serait un véritable camouflet alors qu’elle prépare cette élection depuis 2000 et son élection comme sénatrice de New York.

P.S. Comme de coutume, tous les candidats ont présenté leurs voeux de Noël, en voici une compilation : http://www.ilovepolitics.info/Voeux-de-Noel-avant-la-bataille_a180.html

Nicolas Condom

Partager cet article