VOUS AVEZ DIT RIGUEUR ?

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Polémique par médias interposés entre le Parti Socialiste, qui accuse le gouvernement de préparer un plan de rigueur budgétaire après les municipales, et l’UMP, qui dément. Alors, un plan de rigueur post-municipales ou simplement un épouvantail en forme de polémiques pré-scrutin ?

le 05/05/08
C’est encore un fois une déclaration de Laurent Fabius qui a mis le feu aux poudres. Comme en juin, dans l’entre-deux tours, lors de la séquence polémique autour de la TVA sociale. Cette fois l’ancien Premier ministre socialiste, interrogé dimanche 2 mars par Radio J, accuse le gouvernement de s’être engagé auprès de l’Europe à prendre des mesures de rigueur budgétaire après les municipales.

Citant « une réunion au niveau européen des ministres des finances », il affirme notamment que la France, « mise en accusation à cause de ses déficits », aurait annoncé un plan de rigueur sur le registre : « écoutez, laissez-nous passer le cap des élections municipales, et ensuite nous prendrons des décisions. » « Toute l’Europe attend que le gouvernement prenne une série de décisions qu’on cache aux Français », ajoute t-il.

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Dès le lendemain, la porte-parole de l’UMP, Nadine Morano, réplique dans une conférence de presse en qualifiant l’ancien premier ministre d’« expert du mensonge », et en dénonçant « la stratégie du mensonge et du néant du parti socialiste. »

Invité d’Europe 1, le Premier ministre François Fillon à son tour monte au créneau mardi 4, en attaquant encore Mr Fabius. « Ce n’est […] pas digne d’un homme d’Etat de mentir avec cette constance-là », a-t-il lâché. Il dément formellement l’existence d’un plan de rigueur, en s’appuyant sur une déclaration de Jean-Claude Juncker, Premier ministre luxembourgeois et président du Conseil des ministres des Finances de l’euro, qui a affirmé lundi que la France « n’a pas promis » de plan de rigueur à ses partenaires européens.

S’il nie avec force l’existence d’un quelconque plan de rigueur, François Fillon cependant glisse : « naturellement, en fonction de la croissance et des rentrées fiscales, […] on fait des ajustements sur les dépenses. »

Pour le parti socialiste, qui contre-attaque par l’intermédiaire d’un communiqué de Michel Sapin, ce n’est rien de moins qu’un « aveu » de la rigueur budgétaire à venir. Secrétaire national du PS à l’économie et à la fiscalité, Sapin met en avant les chiffres de la croissance, beaucoup moins bons que ceux annoncés par le gouvernement, (1,5 % au lieu des 2% prévus), ainsi que les 10 milliards d’euros du « paquet fiscal », estimant la perte à 20 milliards d’euros.

« Après les municipales, « l’ajustement » dont parle François Fillon, c’est un plan de rigueur de 20 milliards d’euros », dénonce-t-il, prévoyant une augmentation de la TVA, la CSG, la CRDS, et une réduction importante des dépenses publiques.

Ségolène Royal le même soir reprend le thème, et prévient « cacher ce qui se passera demain, c’est le contraire de la morale publique ».

Rigueur : dureté, sévérité. Rudesse, âpreté. Les rigueurs de l’hiver.

Alors au fait, plan de rigueur – ça veut dire quoi ?

L’opposition de gauche l’explique encore par la voix de Michel Sapin: « des coupes claires dans les prestations sociales et le budget des services publics ; des recettes nouvelles qui ne seront pas l’annulation du paquet fiscal mais des hausses de CRDS et de CSG voire de la TVA. Toutes ces mesures vont ponctionner le pouvoir d’achat de catégories déjà fragilisées, les retraités et les salariés ».

Réponse après les municipales, une fois qu’elles seront digérées…
Joseph Hirsch, le 05/05/08

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Les commentaires (12)

  1. Rigueur et connerie : voilà le plan prévu.

    Exemple de connerie :

    Sur LCP en début de soirée : Bruno Masure et 2 invités, Bloche
    ( PS), Riesler (UMP). Thème : réforme (!!!) de l’audiovisuel public.

    Verdict : Bloche haut-la-main.

    Il n’y a pas de fond à cette réforme.
    Pas de fond. Pas de réflexion.
    Seulement un réajustement financier qui fera 2 victimes : les spectateurs et les comptes du secteur.

    L’argument central était à l’origine d’améliorer la qualité du service public. Il n’en ai rien.

    Sans réflexion sur le fond ( non prévu au programme de la droite de mai dernier ).

    Aucun débat public. Aucun débat parlementaire.

    Veste le 9 et 16 mars. Veste obligatoire pour une politique qui n’a pas de « sens », tout simplement, ni d’organisation, ni d’esprit de partage, ni d’esprit d’ouverture.

    Veste magistrale.

  2. Petit pimousse, je te sent bien optimiste quant à la future victoire de la gauche aux municipales…! Je ne serais pas aussi catégorique que toi… Hélas. J’ai peur que les électeurs ne votent en fonction d’enjeux locaux, ce qui serait justice, puisque les municipales sont fait pour ça.

  3. Je hais, Nadine Morano. Je la hais, c’est comme ça. C’est physique, viscéral, épidermique. Je hais le ton vulgaire de sa voix, je hais ses cheveux, elle me sort par les yeux.
    Si peu de considération pour une femme comme elle, c’est grave docteur?

  4. @ gwendal: comme quoi on peut être de l’ump et faire l’unanimité (morano). pour ce qui est des municipales, ou des cantonales, vu que bon nombre de candidats de l’ump ont soigneusement évité de mettre le sigle de l’ump sur leurs affiches, si 10 à 15 % des électeurs ne sont pas attentifs, ça risque de faire chou blanc… en même temps, dans ce cas, comment pourra t’on mettre le score de ces listes au crédit de leur parti d’origine? enfin au point de vue local, il est vrai que ce sont bien plus des personnalités locales qui s’imposent, surtout dans les petites villes et les villages (ou parfois c’est même famille contre famille). on verra bien, je souhaite un camouflet de premier ordre et qu’il perde des villes symboliques (comme marseille), mais rien n’est joué. à toulouse (pas loin de chez moi) ce sera chaud!!!
    pour ce qui est de la rigueur ou pas, tout n’est que sémantique:
    réajustement conjoncturel sera de bon aloi, ou pondération structurelle, etc… quand leur chef dit une connerie, même si c’est passé à la télé, ils nient, c’est pas vrai, il a pas dit ça… quand on leur dit qu’une loi a été rejetée par le conseil constitutionnel, c’est pas vrai, c’est pas du tout ça, la loi dans son ensemble est acceptée, elle nécessite juste un aménagement, etc… dans le cynisme politique, les sarkozistes méritent l’oscar!!

  5. Évidemment, les voix de l’UMP sauront s’élever pour tempérer ou exagérer les résultats de ces élections… Il n’empêche que j’imagine très bien Sarkozy ne tenir aucun compte de la voix des urnes. Il l’a dit d’ailleurs. Droit dans ses bottes le petit caporal!
    Le futur gouvernement remanié (amélioré), se fera fort d’initier (de faire oublier) un nouveau souffle à son action réformatrice (destructrice). Des économies (suppressions) seront effectuées à tout les postes budgétaires (). Demain sera donc mieux qu’aujourd’hui et les français nous en seront reconnaissants. Alléluia!

  6. Il n’aura pas à remanier . Les ministres perdants aux élections tomberont d’eux-mêmes, non ?

  7. Je ne crois pas. Le mot d’ordre valable pour les législatives 2007 n’a pas court aujourd’hui. Je ne crois pas qu’un ministre battu aux municipales ait l’ordre de démissionner… Dati, aurait du souci à se faire non?

  8. Dati c’est sûr… dans le canard, à propos du remaniement, il semblerait être repoussé aux calendes grecques (probablement après la présidence française de l’europe). à moins que fi(ll)on ne lui fasse un peu trop dans les bottes, ce serait alors une bonne occasion de le faire sauter en le rendant responsable de l’échec des municipales, puisqu’il s’est impliqué dans les soutiens, contrairement à sarko qui est intervenu pour soutenir des candidats (pau, par ex.) mais c’est pas vrai ça n’avait rien à voir (ça dépend du vent des sondages…). quant à allègre pour la recherche, moi qui suis de la partie, non merci!!! quant on remet en cause les climatologues sur leurs pronostics, que l’on nie l’évidence, et qu’on a le plus grand mépris pour la recherche en sciences humaines ou la recherche fondamentale, ce serait une déclaration de guerre à tout un pan de la recherche!!

  9. @Gwendal
    « Évidemment, les voix de l’UMP sauront s’élever pour tempérer ou exagérer les résultats de ces élections… Il n’empêche que j’imagine très bien Sarkozy ne tenir aucun compte de la voix des urnes. »

    Je l’imagine parfaitement. C’est même ce qu’il va se passer.

    L’important est de faire signe. Non à lui donc. D’abord à l’ensemble de la nation.
    Une veste le 16 est un acquis.
    Le vote est local dans certaines communes. Il est hautement politique dans d’autres.

  10. (…..) Cette fois, il faut que tout le monde vote au plus près de ses convictions. Il y a une certaine gauche qui nous explique que voter utile, c’est voter pour elle. Cette gauche dont plusieurs membres se retrouvent au Gouvernement, dans des commissions diverses. (…..) Voter utile, c’est voter pour une gauche qui est utile au quotidien contre la droite. Qui ne s’affiche pas antidroite qu’au moment des élections, parce que ça fait fun et ça rapporte des voix. Il faut renforcer celles et ceux qui ont été utiles tous les jours contre la droite ces derniers mois et années, qui seront utiles dès le lendemain des municipales et qui portent un programme radicalement alternatif. (…..) La situation renforce notre détermination à aller de l’avant vers la création d’un nouveau parti anticapitaliste. La LCR 100 % à gauche soutien plus de 200 listes, dont plus de la moitié sont des listes unitaires avec diverses composantes de la gauche radicale. Déjà des milliers de colistiers de la LCR, des milliers de participantes et de participants aux comités de soutien des listes ont fait connaître leur intention de travailler ensemble après les élections. (…..) Voter pour nos candidates et nos candidats, c’est faire entendre la colère qui gronde, c’est envoyer un vrai préavis pour les mobilisations sociales futures. Voter pour nos listes, c’est aussi envoyer dans chaque ville des conseillers municipaux radicaux contre la droite et indépendants de la gauche classique. (…..) Il faut que le ras-le-bol se fasse entendre. Mais pour qu’il se faire entendre avec la plus grande des clarté, il faut qu’il soit porté par une gauche qui ne lâche rien. Le 9 mars, regardez Sarkozy et le Medef droit dans les yeux, votez comme luttent des millions de jeunes et de travailleurs. Votez debout !

    Appel d’Olivier Besancenot en faveur des listes 100 % à Gauche.