AVEC LEUR CRISE, ILS VEULENT ENCORE NOUS FAIRE PEUR!

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QUAND LES PUBS RACONTENT, À LEUR INSU, LA LOGIQUE DU SYSTÈME CAPITALISTE  

Voici l’histoire d’une édifiante coïncidence entre le contenu d’un texte et la nature des publicités proposées par Google.

Sur un fil de commentaires de LaTéléLibre, Puerta, un habitué du site, publie un texte signé Agnès Maillard, qu’il a trouvé sur son blog, le monolecte.fr, (voir le texte ci-dessous). 

Il y est question de la crise économique que l’on vit actuellement, ou plus exactement que l’on veut nous faire vivre, pour qu’on ait peur et qu’on accepte des solutions qui ne remettent pas en cause le système économique actuel. Un très beau texte que je décide de publier à part. 

En me rendant sur le blog d’Agnès, je tombe avec stupeur sur les annonces Google. Non pas que je repproche le recours à la pub « pour nourrir la bête », comme il est indiqué au dessus des pubs, mais par le contenu des pubs. Il faut savoir que Google permet de rémunérer un blog sur le nombre de « clics » effectués par les visiteurs. Le choix des publicités n’est pas le résultat d’une décision d’un annonceur ou d’une agence, mais il se fait automatiquement, et varie en fonction des contenus texte du blog concerné. Regardez:  

Le télescopage est incroyable.

Dans son texte Agnès dénonce la logique du système, « tout ce qui compte, c’est de nous maintenir dans un état de panique permanent : le chômage, les talibans, la crise. Qu’on ait bien peur et que l’on soit prêt à suivre n’importe quel dogme, du moment qu’il sort de la bouche d’un homme providentiel » et conclu que « La vraie révolution, c’est de cesser de les croire, ne plus avoir peur et passer à autre chose, maintenant, ici et partout« . Bref un appel à la mobilisation, au rassemblement collectif.

 

Le robot de  Google qui a « choisi » ces mots-clés, en « lisant » les textes du blog, a trouvé une réponse économique au contenu: les citoyens, travailleurs ou chômeurs, ne sont pas en colère contre la crise, ils sont anxieux, angoissés, malades, et doivent se soigner, dans leur coin. Le robot a donc une idéologie, il exprime ainsi l’intérêt du système en place: faire croire aux individus que leurs problèmes sont pathologiques.

Il existe bien une autre médecine: l’action collective. Mais Google n’a pas pensé répondre « syndicats », « manifestation » ou « révolution », ça n’est pas (encore) en magasin…

John Paul Lepers

 

 

Voici l’intégralité du texte écrit pas Agnès Maillard, et publié sur son blog, monolecte.fr

 

Ceci n’est pas une crise

Depuis quelques jours, il y a un concert de tamtam dans la volière et c’est la panique à bord. Il n’est plus possible d’avoir la moindre petite connexion médiatique (journaux, radio, TV, web) sans se retrouver littéralement submergé par un tsunami de hurlements échevelés : “c’est la crise, c’est la crise, c’est la crise !”

Ça a l’air de franchement chier dans le ventilo, vu comme cela…

Sans rire, vous n’en avez pas marre de vous faire dicter vos actions et émotions par les mêmes guignols, ceux-là mêmes qui ont rabâché sans rire pendant des années que le libéralisme et la dérégulation sont bons pour notre poil, qu’un bon citoyen est un citoyen qui se vautre comme un goret dans la consommation à outrance et à crédit, s’il vous plait, qu’il faut aimer les riches et les patrons, parce que ce sont eux les forces vives, eux qui créent la richesse, laquelle, si elle est assez abondante au sommet finira par ruisseler doucement jusqu’aux assoiffés parqués sous la table du banquet ?
Cette agitation à la limite du Tourette viral serait drôle si elle n’était aussi pathétique.

Mais, putain, c’est la crise !

À les écouter, on va tous se retrouver dans une galère pire que dans un roman qui aurait été écrit par Steinbeck, Dickens et Zola réunis.
Il ne nous reste qu’une issue : les écouter, approuver leurs plans de relance et filer sans moufter le blé que nous avons épargné, mois après mois, années après années, péniblement, sur les maigres subsides qui nous tiennent lieu de salaires.
Car ce sont les mêmes, qui se foutaient de la gueule des Cassandres qui prétendaient que les arbres de l’immobilier ne peuvent monter jusqu’au ciel, qui ramènent leur science aujourd’hui pour nous expliquer qu’ils nous l’avaient bien dit (même pas le courage de leurs erreurs et aveuglements, ces faisans!) et que pour s’en sortir, il faut filer plein, plein de pognon à leurs petits copains qui se sont bien gavés, jusqu’à vidanger le système et nous précipiter dans… la récession.

Ouf, voilà, le gros mot est lâché.

C’est pire qu’une crise, ce qui nous arrive, c’est une putain de récession, avec des millions de chômeurs, des boîtes qui ferment partout, des cantines compassionnelles pour pauvres et des SDF plein les rues des villes… comme d’hab’, quoi!

Parce qu’en fait, la crise n’est pas le problème, elle est le mode normal de fonctionnement du capitalisme.
Le scénario est toujours le même : des mecs qui ont l’argent et qui avec, veulent en gagner toujours plus, des montages financiers qui reposent sur du vent, l’emballement de la machine, le mythe de la croissance infinie dans un monde parfaitement fini, la prédation de tous contre tous, la montée des inégalités, le déferlement de la misère, encore plus de concentration de pouvoir et d’argent, le blanc-seing des politiques à cette curée hargneuse, la collaboration féroce des porte-flingues, des traîtres à leur classe, des sans-grade qui prennent les strapontins pour des marches-pieds, des politicards qui vont à la soupe avec la même avidité qu’ils envoient leurs électeurs benêts à l’équarrissage, et au bout du compte et des mauvais calculs, le château de cartes s’effondre sur la piétaille pendant que les nantis organisent la faillite des nations pour se refaire avant le prochain tour de poker menteur.

Personnellement, je n’en ai rien à cirer de leur crise : je suis tombée dedans quand j’étais petite. Un soir, mon père est rentré du boulot avec une 4L. Il avait revendu, pour cause de crise du pétrole, la Commodore, la belle américaine morfale à la gigantesque banquette arrière où je m’allongeais pour les longs trajets.

Depuis ce moment-là, ça a toujours été la crise : éteindre la lumière en sortant d’une pièce, pour économiser, mettre un gilet en hiver plutôt que de monter le thermostat, bosser dur à l’école pour échapper au chômage galopant, collectionner les diplômes et les emplois de merde sous-payés, des loyers qui grimpent avec des revenus qui stagnent au mieux, toujours rogner, accepter le SMIC comme plafond de verre et renoncer, petit à petit à toujours plus de choses : les sorties, les restos, les loisirs, les journaux (ça, ça a été facile!), les fringues, les déplacements, les livres (ça, ça a été vraiment dur!), les soins, le chauffage… Là, il ne reste plus grand-chose à rogner en dehors de la bouffe et du logement, mais même ce peu, ça fait encore envie aux charognards.

La récession guette les classes moyennes prévoyantes qui avaient placé leur éconocroques dans des PEA pour leur faire gicler au moins du 15 % par an ? Vont-ils devoir renoncer à la résidence tertiaire ? Aux vacances d’entre saisons à Saint-Domingue (là où la vie des larbins est moins chère).

Nous sommes des millions en face à nous être serrés la ceinture cran après cran, depuis des années, pour leur servir leur putain de 15%, puis 20, puis 30%… jamais assez et jamais envie de savoir d’où vient le fric.

C’est bien connu, quand tu ne sais pas, tu n’es pas coupable, même pas complice. Suffit de regarder ailleurs, de prendre l’oseille et d’en profiter à fond les ballons, comme Louis, le gentil retraité que décrit François Ruffin dans son livre La guerre des classes. Tout content d’avoir triplé sa mise en PEA en 10 ans et refusant de voir le lien avec l’explosion des bas salaires, des temps partiels, du chômage, des Smicards.

Pas voir, tout prendre.

L’économie Gillette

Bref, la crise, c’est la leur. La récession, c’est un petit coup de canif dans le bling-bling, c’est juste un nouvel écrémage de vainqueurs dans le petit lot de ceux qui pensaient avoir réussi à s’extraire au-dessus de la masse laborieuse et souffrante, c’est un réajustement de compteurs. Il ne faut pas croire que le fric a disparu.
L’argent ne s’est pas évaporé, ce sont les promesses de gains anticipés sur notre travail réel qui ont été réétalonnées, un temps, sur l’économie réelle. Parce qu’ils ne peuvent finalement pas nous prendre plus de fric que celui qu’ils consentent encore à nous lâcher, fort parcimonieusement, par ailleurs.
C’est ça, la crise des subprimes. L’étonnement de voir que les pauvres payés au lance-pierre n’allaient pas pouvoir payer 2 fois leur valeur des baraques qui coûtent déjà plus d’une vie de labeur.
C’est sûr, quelle surprise !

La vraie surprise, pourtant, pour les loqueteux, ça aurait dû être de découvrir que l’argent qui manquait connement il y a quelques jours pour leur éviter de crever la bouche ouverte, cet argent aujourd’hui sort de partout pour colmater les dettes de jeu de ceux qui avaient pourtant déjà tout.
Pas de fric pour l’école, la recherche, la santé, les retraites, les banlieues, les chômeurs, les fonctionnaires. Mais 10 fois, 100 fois, 1000 fois plus de fric, comme ça, au débotté, pour combler les fouilles des banquiers. Ça, ça devrait être la putain de surprise, la vraie leçon de la crise.

Et où comptent-ils trouver tout ce pognon qui leur faisait si cruellement défaut quand on en avait besoin pour honorer de simples engagements de l’État devant les citoyens ? Ils hésitent : le livret A, le LEP… les petits bas de laine des gagne-petit. Plus une dette supplémentaire qu’il n’est plus subitement honteux de faire peser sur notre descendance. La dette pour les investissements humains, c’est mauvais.

La dette pour nourrir l’ogre financier, c’est bien.

Le capitalisme, c’est comme les rasoirs Gillette : une première lame pour bien choper le pauvre et une seconde pour lui faire les poches. Puis une troisième, au cas où la seconde aurait oublié du pèze dans les coins inaccessibles. Et pourquoi pas une quatrième, pendant qu’on y est ? Pour finir d’essorer le pauvre avant qu’il ne se rétracte. Directement dans le vif.

Tout ce qui compte, c’est de nous maintenir dans un état de panique permanent : le chômage, les talibans, la crise. Qu’on ait bien peur et que l’on soit prêt à suivre n’importe quel dogme, du moment qu’il sort de la bouche d’un homme providentiel.
Pour que l’on soit dans l’urgence, pas dans la réflexion : “vite, on est dans la merde, videz vos poches… heu, mais pas vos comptes en banque (on en a encore besoin !)”.
Il nous faut avoir peur de la misère noire qu’annonce la crise qui déferle.

Cette crise qu’ils nous agitent sous le nez comme une mulletta pour que nous ne voyons pas que les seuls perdants, c’est nous, que le fric qui est aspiré goulûment par les boites noires commodément opaques des chambres de compensation, c’est le nôtre, que leur richesse, c’est notre pauvreté, qu’ils ont absolument besoin de nous pour continuer de la même manière alors que nous n’avons pas du tout besoin d’eux pour vivre mieux.

Parce que nous n’avons pas besoin d’eux et de leur système confiscatoire mortifère, alors qu’eux colonisent nos vies pour bâtir leurs fortunes.
Pas besoin d’eux pour construire autre chose, ici et maintenant.
Et les laisser dans leur merde.

Ce n’est pas une crise, c’est une révélation.

Ce n’est pas le chaos, c’est la revanche du réel. Ce n’est pas la fin, mais peut-être bien le début.
Ils vont tenter de nous vendre au prix du sang leur monnaie de singe(fr) et leurs rêves de pierre, pour perpétuer le système. Le leur. Celui qui leur profite.
La vraie révolution, c’est de cesser de les croire, ne plus avoir peur et passer à autre chose, maintenant, ici et partout.

C’est pour cela que l’âge de la critique se termine ici et que commence enfin l’âge de faire.

(MONOLECTE – AGNES MAILLARD)    

 

La crise vue des pays sous-développés

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Les commentaires (22)

  1. Comme quoi, le simple fait d’avoir un bloqueur de pub peut vous faire manquer des trucs. :D

    Tres intéressant en tout cas.

    Avec un amis il nous ait deja arriver d’etre plutot étonné et de rire des pub google qu’il y a dans leur messagerie (gmail).
    C’est un peu du même genre…

  2. Les habitants des pays dits sous-développés (un pays développé devrait être un pays où la solidarité est très développé)
    ne devraient pas trop se marrer. La crise a un double effet et eux aussi vont cracher au bassinet pour renflouer ces riches qui ont spéculé une fois de trop et qui vont faire tout ce qu’il faut pour se refaire.

  3. Sacré nom ! quel texte !
    Bravo à Agnès et beau coup d’oeil de la Télé Libre !

    @ 5 (pseudo)
    Pour je ne sais plus quelle pétition signée en faveur et contre la pauvreté, les organisateurs avaient créé un forum sans verser kopeck : en haut de celui-ci et en petit, il y avait des annonces google (contrepartie pour la gratuité). Je vous le donne en mille : des pubs pour des casinos.

    (…)

    – Le journaliste : Comment pouvez-vous expliquer que l’on trouve des milliers de milliards pour les banques quand on est pas foutu de trouver 300 milliards pour résorber d’un coup la pauvreté dans le monde ?
    – Xavier Bertrand (un peu gêné) : … peut-être parce que notre monde marche sur la tête…

    Zavez raison, Agnès, cette crise est salvatrice ! Même les cons n’osent plus le rester.

  4. Ce texte c’est n’importe quoi…. La théorie du chaos, c’est ça ? La théorie du chaos, une fausse crise balancée pour terroriser les populations. Pour faire les poches au pauvres ?

    Alors qu’aujourd’hui Nicolas Sarkozy se demande comment préserver la droite ? Alors que on sert des têtes au peuple ? Alors que Nicolas Sarkozy se demande comment il va faire justement, pour continuer à demander aux français de reboucher les déficits ?

    Alors si je comprends bien, avec la théorie du chaos pour maintenir les populations en état de choc, ils se seraient tirer un boulet de canon dans le pied ?

    Je dois être complètement idiote.

  5. « La crise  » nous concerne tous. … l’effet papillon, connaissez?.. le texte d’agnès Maillard fait le buzz sur le net et sur le papier le vendredi parce qu’il fait écho à ce que pense le peuple mouton… Un beau texte ,certes, bien écrit, mais qui ne repose sur aucune donnée économique, juste sur la théorie de la peur et du chaos, de la parano…
    « Ce n’est pas une crise, c’est une révélation. »
    … il fallait être aveugle pour ne pas en être conscient!!…ça on le sait!!… mais les faits sont là et hélas ils nous ont tous embarqués ds la même galère.
    En revanche, je suis tout à fait d’accord avec elle quand elle dit :
    « C’est pour cela que l’âge de la critique se termine ici et que commence enfin l’âge de faire. »… parce que cette crise nous concerne vraiment et qu’il faut s’en saisir pour agir

  6. Ce texte d’Agnès Maillard « qui fait le buzz sur le net et sur le papier le vendredi » est au contraire tout à fait juste et pertinent même s’il n’est pas la résultante d’une analyse pointue et documentée. Elle a raison en ts points et la découverte de JPL à propos des « pubs googlibérales » vient à point conforter et illustrer ses propos.
    Cf : Naomi Klein : « The Shock Doctrine – The Rise of Disaster Capitalism »
    et :
    http://stanechy.over-blog.com/article-13074009.html

  7. Ha ça on sent qu’un paquet de nouilles ça va pas la satisfaire Agnès. Un séjour sur son blog m’a bien fait percevoir un ton véritablement haineux contre « EUX ». Le « eux » signifie ici soit « dentiste » pour certains, « politiciens » pour d’autres, « riches » enfin pour chacun.

    Donc, on remarquera la clairvoyance d’Agnès qui suggère que EUX, ils se sont ligués pour nous foutre la trouille et nous faire et refaire les poches. Parce qu’EUX, ils nous veuillent vraiment du mal. Par exemple, il n’y a pas de système de santé en Europe. Bill Gates ne s’est pas engagé dans l’humanitaire. Les enfants ne vont pas à l’école pour faire de grandes études. Non, ils apprennent à être chômeurs…..

    Et plus c’est haineux et idiot et plus JPL il aime. Il va même jusqu’à faire un parallèle avec les annonces Google (tiens, elle aime le système Agnès ?). Mais JP, la société de consommation est la pour vous vendre ce que vous chercher. J’ai dû écrire ça dans une rédaction au collège…. On va vous faire un bon package de révolter avec une belle chemise rouge. Tous les fabricants de chemise rouge sont complices. Ils ont décidés de vendre aux révoltés de l’aube leur couleur revendicatrice en leur chipant (je ne sais pas être vulgaire) leur blé. Ha comme c’est difficile de s’extraire d’une société que l’on fait soi-même fonctionner.

    Et salut les pauvres d’ es….

  8. Agnès Maillard est une dévoreuse du Woueb ! Elle a un groz’appetit. Qui ne la connaît pas…

    Réparez vite avec ce lien-là :

    http://ethologie.free.fr/

    Franck Einstein j’avais beaucoup mieux à offrir comme analyse mais JPL ne s’adresse pas à Personne ! Pour être publié sur se site il faut déjà être Quelqu’un. Essaye un peu de proposer ta collaboration…. (sous-homme – pensée directement issue du cerveau de JPL).

    Cf : sont autorisés à penser les milieux autorisés.

  9. @ madame Jacques
    Je ne connais pas cette Agnès Maillard, rassurez-vous.
    Vous êtes libre de publier vos textes ici, mais je vous prie de respecter mes choix éditoriaux, et de ne pas me faire de procès d’intention.
    Merci
    JPL

  10. « On va vous faire un bon package de révolter avec une belle chemise rouge. »

    Et un point « Mao » pour Elisa, la bovine qui voit rouge dès qu’on écorne son voile de Mâyâ. (faute d’avoir un point pour la grammaire :D)