ROMS : LA FRANCE REFUSE LES CRITIQUES DE L’ONU

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La meilleure défense c’est l’attaque !

Après L’Eglise, les politiques, la presse, le Conseil de l’Europe, c’est la communauté internationale, par le biais de l’ONU, qui réagit vivement devant la politique française à l’égard des Roms. Un Comité qui, pour le gouvernement, n’aurait aucune légitimité.

« Nous devons mettre un terme aux implantations sauvages de campements Roms. Ils constituent des zones de non-droit qu’on ne peut tolérer en France. (…) Dans trois mois, je veux qu’au moins la moitié des implantations sauvages de ce type aient disparu du territoire français ».

C’était le 30 juillet dernier à Grenoble. Nicolas Sarkozy annonçait sa politique rigoureuse à l’égard des Roms. Depuis, 128 campements « illicites » ont été évacués et 977 Roms ont été « raccompagnés » dans leur pays d’origine.

Face à ces reconduites massives de citoyens, pourtant citoyens Européens, la société civile a réagi vivement. Après les associations de défense des droits de l’homme, les partis de gauche et l’Eglise, ce sont les instances européennes et bientôt internationales qui ont répondu.

Vendredi 27 août, l’Américain Pierre-Richard Prosper, rapporteur spécial pour la France du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale de l’ONU (CERD), a dénoncé une « recrudescence notable du racisme et de la xénophobie » en France, qualifiant les discours politiques de « discriminatoire ». Il a invité Paris à « éviter » les reconduites collectives de Roms et à intégrer cette population plutôt qu’à les renvoyer en Roumanie.

Le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, a aussitôt contesté la légitimité du CERD, l’accusant d’être composé de représentants de pays « peu recommandables en matière de droits de l’homme, dont l’Algérie, la Russie et la Roumanie ». Membres de plein droit de l’ONU, ces trois pays n’auraient, selon le ministre français pas le droit de critiquer la France… Composé de dix-huit experts internationaux indépendants, le Comité se veut, selon les textes de l’ONU, la représentation à la fois « d’une distribution géographique équitable (…) et de différentes formes de civilisations » . Pour Michel Tubiana, président d’honneur de la Ligue française des droits de l’homme, « cet argument de circonstance (…) est d’autant plus grave qu’il tend à dévaloriser une des partie du système onusien qui fonctionne le mieux ».

La France n’aurait donc de leçon à recevoir de personne en matière de droits de l’homme ? Les experts de l’ONU auraient tort d’accabler le pays de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité? Dans un communiqué, Bernard Valero, porte-parole du ministère des affaires étrangères, soutenait que « la France respecte scrupuleusement la législation européenne et ses engagements internationaux en matière de droits de l’homme ». Il souligne que les départs « sont pourtant accompagnés d’une aide spécifique (300 euros par adulte et 100 euros par enfant), ajoutant que les autorités françaises et roumaines ont commencé à mettre en place une coopération bilatérale relative à l’insertion sociale de ces populations ». Le Conseil de l’Europe reste pourtant sceptique. Selon les conclusions d’un rapport paru le 24 août dernier, une telle politique « fondée sur les expulsions forcées et des mesures d’incitation à quitter la France, ne peut fournir une réponse durable ».

Malgré les vives réactions de la communauté internationale, le gouvernement maintient sa position au nom de la sécurité intérieure. Le ministre de l’Immigration, Eric Besson, persiste et signe, il a annoncé lundi soir, un projet d’amendement à la loi permettant de reconduire à la frontière des étrangers en cas « de menace à l’ordre public à l’occasion d’actes répétés, de vols ou de mendicité agressive ». Les 14 et 30 septembre, deux vols sont programmés vers la Roumanie et la Bulgarie.

Pélagie Harbour

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Les commentaires (4)

  1. Liberticide (liberté) Egocentrique (égalité) et Fracturé (fraternité) !!!

    Chirac l’avait bien dénoncée la fracture sociale !!! Hé dire que c’est Villepin qui voit une tache sur le drapeau… Mais que fait la gauche?!

  2. 100 manifestants aujourd’hui à Valleraugue contre la politique du gouvernement à l’égard des Roms.

  3. Que tous ceux qui soutiennent les Roms mettent des actes au bout de leurs idées et, au lieu de gueuler contre leurs expulsions, qu’ils les prennent et les hébergent chez eux. Ce qui ne veut pas dire que je trouve la politique à leur égard normale, d’autant qu’on les invite à venir s’y installer massivement. Et, d’ailleurs, Sarkozy, ne serait-il pas lui-même un peu étranger en France puisqu’il est d’origine hongroise et d’ascendance juive grecque ? Et n’a-t-il pas dit, à plusieurs reprises publiquement que, sans le droit du sol, il ne serait pas Français ?