Les Reporters Citoyens Donnent la Parole aux Sans Voix

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Le 27 mars prochain, près de 12 millions de lecteurs découvriront la parole des personnes pauvres et exclues dans un supplément de 8 pages, tiré à 7 millions d’exemplaires et inséré dans la presse quotidienne. Un travail rédigé entièrement pas les Reporters Citoyens, sous la direction de Philippe Merlant.
À l’occasion de l’élection présidentielle, la plupart des quotidiens ont accepté de publier la deuxième édition de « Paroles de sans voix », supplément proposé par Amnesty International France, ATD Quart Monde, le Secours Catholique.

 

De l’asile politique à la reconstruction

On peut avoir connu l’épreuve de l’exil et tenter de s’intégrer en France. Portrait de deux réfugiés, à l’envers des idées reçues, par Mohamed MAHIEDDINE (Reporter Citoyen Créteil).

Batoul Bichara. Réfugiée tchadienne

« L’exil est une perte d’identité sociale et culturelle. » Batoul Bichara, infirmière de formation, n’y va pas par quatre chemins pour décrire le parcours qui l’a menée, en 2002, à quitter le Tchad en un aller sans retour pour la France avec sa fille de 12 ans. Veuve d’un opposant politique assassiné huit ans plus tôt, elle vient chercher refuge contre l’insécurité et fuir les pratiques coutumières qui condamnent les épouses au rang de chose. Première déchirure pour cette femme de noble condition, qui laisse derrière elle maison, famille et amis.

Celle qui tient un journal sur sa vie d’exilée depuis son arrivée insiste sur le choc culturel. « La personne qui opte pour l’exil voit sa vie basculer : un numéro, voilà ce que vous devenez », poursuit-elle d’une voix émue. Une arrivée sans transition ni préparation pour cette femme instruite, diplômée de l’université de Fès, au Maroc. On imagine les immenses difficultés pour les migrants qui ne parlent pas français !

Par amitié pour son mari, de nombreux contacts associatifs en France, dont Amnesty International, vont accompagner l’intégration de Batoul Bichara et de sa fille Nada. Après avoir vivoté d’hôtel en hôtel et obtenu le statut de réfugiées politiques en quatre mois, elles ont investi un logement et poursuivi leurs démarches administratives.« L’exilé doit se battre quotidiennement. » Près de dix ans après être arrivée, Batoul Bichara, redevenue infirmière, mène toujours la lutte. Qui ne sera complète, ajoute-t-elle, que lorsque sa voix pourra s’exprimer dans les urnes.

 

Boubaccar Barry. Réfugié guinéen

« Vivre une vie paisible, loin des tourments et des difficultés » : telle est l’ambition de Boubaccar Barry, arrivé en France en août 2008. Éloigné de sa femme et des siens, il voit son exil comme un réapprentissage de la vie, avec tout ce que cela comporte comme obstacles. « Ma vie en Guinée me suffisait largement, mais maintenant en France, je dois tout reconstruire. » Bossant dans un parti politique pour offrir aux Guinéens une meilleure condition, l’homme de 36 ans voit la nécessité du départ se préciser lorsque sa sécurité devient précaire. Une courte retraite au Sénégal l’amène à rencontrer un homme qui lui permettra d’arriver en France, moyennant finances. Muni de son seul extrait de naissance, il débute ses démarches administratives, aidé par de nombreuses associations. « J’aimerais pouvoir rendre à ces gens qui ont tellement fait pour moi. » Il voue une profonde admiration aux militants associatifs qui l’ont soutenu, notamment à ceux des Restos du coeur.

Il lui aura fallu deux ans de démarches et un recours en commission nécessitant les services d’un avocat pour obtenir le précieux statut de réfugié politique. Pour faciliter son intégration, Boubaccar n’hésite pas à quitter la capitale, il multiplie les formations et les contrats de courte durée. « La vie est très dure à Paris, et trouver un logement ou un travail l’est encore plus. » La froideur de certaines personnes a également été un choc pour lui : « Les gens ne sont pas souriants, ne disent pas bonjour. » Mais il insiste sur le respect des règles et de la loi pour réussir dans un pays qui n’est pas le sien. Un succès qui ne sera total, confie cet homme déterminé, que lorsqu’il bénéficiera d’une stabilité professionnelle. Et surtout de l’arrivée de sa femme.

 

Recueilli par Mohamed MAHIEDDINE.

 

Paroles de sans voix a été réalisé par Amnesty, ATD Quart Monde et le Secours Catholique, avec l’appui de l’Association Georges-Hourdin, dans le but de faire entendre les attentes des plus démunis. La rédaction des articles a été confiée aux étudiants journalistes formés par Reporter citoyen.

Les quotidiens partenaires de l’opération confirmés à ce jour, d’autres confirmations à venir : 

  • Nationaux : Aujourd’hui en FranceDirect MatinLa CroixLe MondeL’HumanitéLibération ;
  • Régionaux : Aisne NouvelleEst ÉclairLa ProvenceLe ParisienLa Voix du NordL’UnionOuest FrancePresse Océan.

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