MonCinéLibre #6 : Les Kaïras. Ghetto sitcom

Publié le | par

Abdlekrim, Mousten et Momo sont des romantiques : Ils ont envie de niquer. Mais comment pécho quand tu rentres pas en boîte parce que y’a marqué « Melun » sur ta gueule ?

Faut-il aller voir Les Kaïras ?

Des lascars, du cul, des blagues sur les nains et Éric Cantona. Décidément, il y avait tout à craindre de cette comédie aux airs lourdingues, vendue à grands coups d’affiches criardes. Et pourtant, derrière les clichés apparents, le film parle d’un sujet trop rare dans les comédies françaises : la banlieue.

En France, les ghettos font pas beaucoup rire. On en parle une fois tous les six mois et

tag4

uniquement pour souligner à quel point la drogue, la violence, l’islam radical et les chanteurs de rn’b y sèment l’anarchie et la mort. La banlieue fait peur, surtout à ceux qui n’y ont jamais foutu les pieds.

Dans l’excellent Tout ce qui brille, la réalisatrice parlait de ceux qui

tag4

vivent l’autre côté du périphérique avec humour et sensibilité. Les Kaïras, c’est un peu la version bonhomme : trash, vulgaire et vraiment drôle, pour peu que t’ai grandi en regardant des films pornos et en écoutant du rap.

Sans être à hurler de rire, cette comédie tape en plein dans les souvenirs de n’importe quel mec né dans les années 80. De Quimper à Melun, on a tous grandi dans la culture « Kaïra », du grec frite au « va-z-y ferme ta gueule » en passant par Dj Cut Killer et les boîtes branchées dans lesquelles on rentre jamais faute d’accompagnatrices.

En jouant avec les clichés, le réal ne dresse pas seulement le portrait de trois losers patibulaires et attendrissants, mais aussi celui d’une génération. Des milliers de banlieusards qui s’ignorent pour qui le ghetto est

tag4

un far-west, aussi mythique qu’il est flippant dans les jt.

Maintenant, croyez-pas que j’me prenne pour un bad boy. La dernière fois que j’ai été a Saint-Ouen avec une caméra, j’me suis fait casser la gueule.

En Bref

Il faut aller voir Les Kaïras. Les moins jeunes auront peut-être un peu de mal à digérer le verlan et les références à la carrière éclectique de Katsuni, quand les cinephiles trop purs pourront regretter des lourdeurs dans le scénario et une direction d’acteurs inégale.

Mais si vous considérez Difool comme un grand frère éternel et Les Prince de la ville comme une étape de votre éveil musical, ce film vous replongera avec nostalgie dans l’époque où vous galeriez pour inviter Mélanie à venir voir Taxi 2.

Corentin Chrétien

D’autres critiques sur Le Règne de l’Arbitraire.


Les Kaira le film, la bande annonce officielle par leskaira

Réalisateur : Franck Gastambide

Casting : Franck Gastambide, Medi Sadoun, Jib Potchier

Partager cet article