Dur, Dur d’Être Charlie ce Matin…

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« Te lever à 6 heures (alors que c’est ton jour de congé). Arriver à 6 heures et demie à ton kiosque, (soit une heure avant l’ouverture). Constater qu’il y à déjà la queue, une petite quinzaine de personnes… »
Justine Le Cor, ex-reporter-citoyenne, a essayé d’acheter Charlie Hebdo ce matin. Elle vient de nous envoyer ce témoignage que pas mal de Français ont du vivre aujourd’hui.

 

Bon, il est 6h30, ça vaaaa ! Tu vas te prendre un bon café au petit rade tout près du kiosque. Tu le bois en 5 min, (au cours desquels tu te lèves toutes les 30s pour vérifier, quand même, que la queue ne s’allonge pas trop). 
Hop !, le temps de régler et te revoilà dans la fameuse file. 
Mince, elle a un peu plus augmenté que prévu pendant que le serveur galérait à faire la monnaie sur ton billet de 10…(**!!%$$*#*&!!). Elle compte désormais une trentaine de personnes (il est 6h50, on est à Chaville hein!).

Tu trépignes dans le froid pendant 40min, alors forcément, ça discute.
Tu plaisantes avec le petit vieux devant toi qui te raconte qu’il à toujours lu Charlie, Hara Kiri, Le grand Duduche, Fluide Glacial et les autres…Que cette presse unique en son genre était « son plaisir du dimanche », qu’elle a bercé sa vie. Comme celle de mon père je lui dis, et, plus tard, la mienne.
 Il est si triste, et pourtant il est heureux de voir tout ces gens, « comme à la manifestation, c’est beau » Il prend tout et tout le monde en photo.
 C’est vrai que c’est particulier comme ambiance. Il y a de tout, des jeunes, des moins jeunes, des working boy, des ouvriers..De la BCBG avec son serre tête des années 70 à la femme voilée dodue et souriante (et oui !) tout le monde y passe.

7h30, le rideau de fer grince, le kiosque ouvre enfin. 
Une jolie dame passe la tête dans l’embrasure de la porte, observe la foule quelques secondes, (laquelle a bien sur encore doublée de volume a l’approche de l’heure fatidique) puis nous adresse un sourire désolé. Elle n’en a « que 30 », et elle n’en donne, évidemment, « qu’un unique exemplaire par personne ». 
Frissonnements général. 
La jolie dame ouvre le passage.
 Comme tout le monde, tu essayes fébrilement de compter le nombre de personnes qui s’engouffrent devant toi, mais évidemment un tel bordel dans ce petit kiosque, tu n’y parviens pas. 
Tu croises les doigts et prends ton mal en patience, regardant avec envie les chanceux servis, qui, déjà, ouvrent leur journal à peine leur monnaie rendue, et défilent vers la sortie, souriants déjà de ce qu’ils découvrent à l’intérieur de ce qui est désormais « un trésor national »?

La réponse à ta question ne se fait pas attendre.. Tu es… la 32ème. AAAAAAAAAAAAAAAAAAAARGH ! (des années qu’on me le dit que je bois trop de café). Et ton adorable petit vieux, 31ème, lui, n’aura qu’une photo de cette fameuse couv’.

Ton père non plus ne l’a pas trouvé ce matin. 
Pas plus que tes amis journalistes arpentant pourtant Paris dès 6h et demie, ni même ta sœur ou tes copains qui l’ont cherché pour toi un peu partout en région parisienne. 
Merci quand même, pour le jeu de piste (Camille, Tristan, Marie, Pascal). Merci surtout à toi, Papa, de m’avoir transmis ton amour de Charlie.

Justine Le Cor

 

PS : juste un peu triste que celles et ceux qui ont toujours lu et soutenu Charlie n’aient pas, aujourd’hui accès à leur journal, à ce numéro.

PS 2 : du coup je me suis inscrite sur la (très) longue liste de « résa », système que je trouve assez discutable. A suivre…

 

Charlie-Une-Mahomet-Je-suis-charlie

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