« Le jour où on mettra les cons sur orbite, t’as pas fini de tourner »

Publié le | par

TRIBUNE LIBRE : 60% ! Christophe Morau se fâche contre « les cons » qui refusent de se faire vacciner contre la Covid.

TRIBUNE LIBRE

Le jour où on mettra les cons sur orbite, t’as pas fini de tourner », disait Audiard.

Oui mais… il était le témoin d’une époque où les cons savaient jusqu’où on peut aller trop loin, et s’en tenaient à l’orbite terrestre.

Il aurait été bien pessimiste s’il avait pu voir jusqu’en 2020, Audiard.

Car le con d’aujourd’hui ne tourne plus, il est platiste. Et sa connerie ne connaît plus aucune des limites de la gravité puisqu’elle va chercher dans les tréfonds de la galaxie les réponses à son ignorance sans bornes : les aliens sont venus nous apporter la civilisation, les reptiliens menacent de nous la reprendre.

Et là n’est pas le moindre de ses paradoxes qu’il lui faille utiliser Internet et sa technologie satellitaire pour nous éclairer de ses raisonnement sur la platitude de la terre.

« Il y a des temps où l’on ne doit dépenser le mépris qu’avec économie, à cause du grand nombre de nécessiteux », disait un autre grand.

J’aurais pour ma part une vision beaucoup plus christique, généreuse et dispendieuse du mépris…

Ne tournons pas autour du pot, l’heure est grave :

60 % des français ne souhaitent pas se faire vacciner contre le COVID, ou plutôt LA COVID, comme on appelle la maladie depuis qu’elle a acquis le statut de calamité.

Et quand on entend dire, comme cela m’est encore arrivé hier «  De toute façon le COVID on n’en meure pas », alors qu’elle a occasionné 60 000 morts en France, on cause plus, on flingue.

Dès lors, une seule question s’impose : Comment en est-on arrivé là ?

Comment est-il possible qu’à l’annonce du seul espoir possible quant à l’éradication de la maladie qui nous pourrit la vie, l’enthousiasme soit étouffé par l’éructation bruyante et malodorante d’une pensée gavée au complotisme ?

Chaque personne saine d’esprit qui se réjouit de pouvoir se protéger et protéger ses proches par l’application du geste sanitaire simple et bientôt accessible que constitue le vaccin, réalisera probablement à la lecture de ces lignes, qu’il n’ose plus manifester en public sa joie de sortir de ce cauchemar épidémiologique avant de connaître la pensée de son interlocuteur, dont il y a 60% de chances qu’elle lui soit opposée.

Nous qui nous rêvons en Gaulois réfractaires, ne sommes tout au plus dans ce triste débat que des têtes de lard confites dans la gélatine.

Car enfin peut-on avoir l’esprit plus dérangé ou l’égoïsme plus mal placé que de refuser la seule possibilité de retrouver une vie normale, d’en priver ses enfants et d’essayer d’en dissuader ses proches ?

Car contrairement à ce que j’ai pu entendre hier, on meurt bien de la COVID. Et si les enfants sont peu touchés, ils peuvent en revanche être porteurs du virus. Sans oublier les cancers et les opérations retardées à cause de l’encombrement des services hospitaliers, les victimes collatérales de la COVID, qui deviendront les victimes de la bêtise des 60% si l’immunité collective ne peut être atteinte par leur faute.

Il y a fort à parier que ces « résistants » étaient les premier à râler quand il n’y avait pas de masques, les premiers à râler également quand on a été obligés de porter ces mêmes masques sur les marchés à partir de l’été, les premiers à râler quand on a été reconfinés en novembre.

De même, ils seront les premiers à trouver scandaleux que certains lieux ou certains droits ne soient accessibles qu’aux personnes vaccinées.

Bien sûr, on sait qu’une société a les complotistes qu’elle mérite et il y a fort à parier que le pouvoir regrette amèrement le péché originel que constitua son mensonge éhonté à propos du manque de masque en début d’épidémie, séquence médiatique guignolesque merveilleusement interprétée à l’écran par la très regrettée et non moins géniale Sybeth Ndiaye.

On le sait, tant que le mensonge sera l’unique moyen d’expression des politiques, aucune confiance ne sera possible dans la société.

« Puisqu’on vous dit qu’il n’y a pas de violences policières ».

On aurait presque envie d’y croire, en dépit des centaines de vidéos d’exactions qui tournent sur internet.

Mais là n’est pas la question…

« Il y a une chose plus grave que la trahison, c’est la bêtise. »

Il faudra certes demander des comptes -et très sévèrement- pour la gestion de cette crise.

Mais puisque la décision de se faire vacciner appartient à chaque personne individuellement, il n’est question ici que de s’en prendre à soi-même et de réfléchir à la menace que fera peser sur l’ensemble de notre société, le fait de ne pas se faire vacciner pour des raisons qui restent hermétiques à un esprit rationnel.

D’après les instituts de sondages, la vaccination contre la covid devient une question politisée, un marqueur pro ou anti-système. Les personnes les plus favorables au vaccin étant à chercher du côté des sympathisants des partis proches du gouvernement, LREM, Socialistes et Républicains, tandis que les plus réfractaires seraient de leur côté proches des partis ou mouvements dits « alternatifs » : LFI, écologistes, RN.

Alors, avec tout la sympathie que j’éprouve pour LFI et les verts, j’estime néanmoins qu’il est toujours dommage, voire dommageable, d’avoir la même opinion que Mme Le Pen, surtout quand elle a tort -vous pardonnerez le caractère tautologique de cette dernière affirmation.

A ce propos, j’aimerais formuler ici un principe de bon sens qui devrait inciter à une réflexion systématique :

« Si je pense la même chose que Marine Le Pen sur un sujet donné, il serait bon que je reprenne ma réflexion depuis le début pour voir où ça a merdé ».

Même MR. Trump -le mètre-étalon de l’entendement approximatif- l’a compris, c’est dire. Lui qui a géré cette crise de la manière lamentable que l’on sait a finalement eu l’intuition que sa seule chance de redorer son blason était de promouvoir la vaccination aux Etats-unis de la manière la plus large.

Alors ce n’est pas par analogie avec lui que j’affirme qu’il faut se faire vacciner, mais bien en considérant que c’est faire preuve d’un minimum de raisonnement que de ne pas se placer en dessous du sien.

Et si je n’avais qu’un espoir à formuler, c’est que dans les mois qui viennent, je n’aie pas à penser que 60% des français sont plus cons que Donald Trump.

Christophe Morau

 

Partager cet article

Les commentaires (1)

  1. On peut ne pas avoir d’avis sans pour autant être anti vaccin. Le monde n’est pas divisé en deux, d’un côté ceux qui sont pour et de l’autre les anti vaccin. De plus, les personnes réticentes ou qui ne souhaitent pas se faire vacciner ne sont pas forcément des complotistes, encore moins des reptiliens. Nous ne pouvons qu’être patient, malheureusement et peut être en profiter pour repenser notre façon de vivre. Les centres commerciaux n’ont jamais été autant fréquenté… La vaccination te protège du virus, mais ne t’empêche pas de contaminer l’autre. Faudrait-il tous alors se faire vacciner?