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[L’ABCD’R de la COP] Fausses Bonnes Idées ?

Publié le | par

[I comme « Idées »] Alors que le 1er janvier 2016 les sacs plastiques seront interdits dans les commerces, Nicolas Robuchon nous explique qu’il pourrait s’agir d’une contre-intuition… Comprendre : une fausse bonne idée.

Avec la COP21, ce sont près de 200 gouvernements qui se mobilisent pour éviter le dérèglement climatique. Pendant ce temps, nous le savons, nous pouvons aussi faire action personnelle via de petits gestes quotidiens qui relèvent la plupart du temps du bon sens.

Baisser le chauffage, couper l’eau de notre robinet en se lavant les dents, faire sa lessive à basse température (80% de l’électricité utilisée sert à chauffer l’eau de lavage et les enzymes gloutonnes fonctionnent efficacement à 30°C maintenant), éteindre la lumière en sortant de la pièce, cuisiner au gaz naturel plutôt que sur nos plaques électriques, mettre un couvercle sur nos casseroles et fait-tout (temps de cuisson et d’ébullition seront raccourcis), éteindre les appareils électriques via leur interrupteur à bascule, dégivrer fréquemment ses réfrigérateur et congélateur, etc.

Sacs à usage unique

Prochain changement marquant dans notre quotidien : au 1er janvier 2016, les sacs à usage unique (les sacs jetables de nos commerces de proximité) seront interdits et remplacés par des sacs réutilisables, biodégradables ou biosourcés (ayant une teneur végétale minimale et croissante à l’avenir). Cet article n°75 est intégré à la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte.

L’impulsion est venue en fait de la Commission européenne qui avait imposé en novembre 2013 de réduire l’utilisation de sacs plastiques légers (disposition adoptée par le Parlement européen en avril 2014), jugés problématiques de part son recyclage non entrepris car onéreux.

Parce que ces sacs dits « bretelles » sont en plastique. En PET. Polyéthylène. Un polymère du naphta issu du pétrole. Sa confection nécessite du pétrole donc (produit fossile non renouvelable ; de l’ordre de 4% de la consommation mondiale annuelle) et de l’eau en quantité. Et cette production émet des gaz à effet de serre (les GES, responsables du changement climatique). Encore ne parle-t-on pas des rejets de dioxine et de métaux lourds issus de son incinération éventuelle…

Tout cela pour un sac produit en 1 seconde, au coût unitaire de 1 centime, utilisé en quelques dizaines de minutes. Mais qui disparaitrait de la nature au bout de 400 ans seulement selon les estimations !

Donc, voilà une mesure gouvernementale qu’elle est géniale, me direz-vous ! Finie la consommation annuelle française de 12 milliards de pochons. A bas les déchets dans la nature de quelque 83 000 tonnes. Accueillantes enfin nos côtes dépourvues des 120 millions de sacs s’y échouant chaque année (1% des sacs utilisés annuellement). Sauvée une partie de la biodiversité marine menacée des micro-particules et résidus de dégradation plastique.

L’idée doit être bonne, puisqu’elle fait partie d’un mouvement global. De nombreux pays ont pris des mesures pour réduire les sacs en plastique : interdiction totale en Chine, Suisse, Afrique du Sud, Inde, Kenya, Congo… et interdictions partielles en Corée du Sud, Japon, Nouvelle-Zélande…

Avec cette loi, la France sera donc encore plus vertueuse qu’elle ne l’est déjà.

graphique sacs plastiquesSource : Parlement européen

Contre-intuition

Oui mais voilà. En matière d’environnement, l’intérêt d’une mesure doit s’évaluer en fonction de son écobilan. Soit la prise en compte de toutes les étapes de la vie du produit, de l’extraction de la matière première servant à sa confection jusqu’à son élimination, externalités comprises (incidences sur la santé, etc.).

Car les sacs réutilisables ont aussi un impact environnemental. Comme ceux en plastique, certains finiront aussi dans la nature, et même tous à terme… Plus épais, ils mettent plus de temps à se dégrader et disparaitre. Plus résistants, leur production industrielle engendre plus d’émissions de gaz à effet de serre.

« Selon certaines études, vous devrez alors réutiliser environ 200 fois un sac en coton ou trois fois un sac en papier pour générer moins de carbone qu’avec un sac en plastique jetable », dixit Classe Eco

Les sacs réutilisables doivent aussi être lavés. Sauf à y voir se répandre à force d’utilisation des colonies bactériennes. Pas folichon quand on les utilise pour l’alimentation…

Toujours d’après Classe Eco, « lorsque vous faites vos courses, le sac plastique qui contient vos achats ne constitue que 1% de votre impact environnemental; 7% provient des emballages des produits; tout le reste provient des produits eux-mêmes. Arrêter l’usage des sacs plastique réduira au mieux votre impact environnemental de manière imperceptible; et a de bonnes chances, au bout du compte, de l’augmenter ».

Enfin, le sac plastique jetable sert aussi beaucoup de sac poubelle de substitution. Son interdiction obligera à l’utilisation de vrais sacs poubelle, plus épais, plus résistants. Etc, etc.

L’impact environnemental du sac réutilisable n’est donc pas forcément positif par rapport au sac en PET. C’est ce que l’on nomme une contre-intuition. Et il est bien dommageable que l’étude d’impact ne fasse pas référence à l’impact de l’interdiction des sacs à usage unique…

Des contre-intuitions écologiques, nous en regorgeons de quelques-unes, bien malgré nous. La faute à l’écobilan d’une solution que nous n’évaluons que trop partiellement. Comme d’acheter des roses de Hollande pourtant plus polluantes que celles importées du Kenya (pour des raisons d’émissions dues aux transports). Comme de penser que la voiture électrique serait plus vertueuse pour l’environnement que la voiture thermique (pas évident, à cause du bilan carbone de la production des batteries au lithium et de leur recyclage).

A suivre

Pour remplacer les sacs en PET, il y a de nombreuses solutions.

Des sacs plastiques réutilisables donc. Des sacs en papier. Des solutions pas totalement efficientes de part leur écobilan.

Des sacs plastiques dits biosourcés, contenant un pourcentage plus ou moins important de matière végétale (amidon de maïs ou de pomme de terre), le reste étant un polyester aliphatique aromatique d’origine pétrolière ( !). Donc des solutions non satisfaisantes du point de vue de leur composition. D’autant que le décret d’application dictant les valeurs de matière végétale minimale à incorporer n’est toujours pas paru (lobbying à suivre certainement).

La recherche et l’innovation doivent donc être soutenues pour trouver des solutions durables et pérennes. Afin que les sacs plastiques ne soient, à l’avenir, qu’un objet relégué dans un musée !

Nicolas Robuchon
Images : Vincent Massot
Montage : Thibault Pomares

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Les commentaires (2)

  1. Ou comment chercher la petite bête là où il n’y en a pas.
    Le plus compliqué c’est pas de trouver des solutions innovantes, le plus compliqué c’est de rendre les gens moins cons…

  2. El dRoide,
    il nous semblait pourtant participer à l’objectif sacerdotal que vous vous êtes assigné (« rendre les gens moins cons »).
    L’exemple utilisé est, certes, basique et négligeable au regard des vrais facteurs déréglants et des enjeux climatiques. Mais il touche notre quotidien et permet d’approcher plus facilement le problème de l’éco-bilan et de la contre-intuition parfois découlant de ce paramètre primordial pour satisfaire aux exigences de moindre impact environnemental.
    Nous aurions pu, comme évoqué dans le billet accompagnant notre pastille, aborder le problème de la voiture électrique ou des roses du Kenya. Mais le traitement nous en paraissant moins ludique et/ou moins évident à globaliser.