Le débat a fait rage

Certains font encore de la résistance, mais en 2007 le débat scientifique a tranché : l’activité humaine est bien responsable du réchauffement climatique.

Responsabilité : « le fait d’être la cause, l’origine d’un dommage ». C’est la première définition du Larousse.

Qui est vraiment responsable ?

L’Homme, selon le GIEC. Mais l’Homme, c’est vaste… Identifier les responsables, c’est un des grands enjeux de cette Cop21. Et c’est super important parce que le responsable, c’est celui qui doit payer.

C’est vrai que ça peut paraître évident, quand on sait qu’à eux seuls, les pays industrialisés sont responsables de 78% des émissions de gaz à effet de serre cumulées dans l’atmosphère, bien qu’ils ne représentent que 15 % de la population mondiale, qu’un américain du Nord possède une emprunte écologique 32 fois supérieure à un Éthiopien et que 90 entreprises sont à elles seules responsables de 63% des émissions de gaz à effet de serre depuis 1751 ! Nous sommes précis, car c’est la date de la 1ere étude (étude de Richard Heede).

C’est pour ça que connaissant cette différence entre pays riches et pays pauvres, entreprises et citoyen lambda, on a créé un concept au cœur des négociations : le concept de « responsabilité commune mais différenciée »  pour garantir l’équité face à la lutte contre les changements climatiques.

En gros, la question c’est : pourquoi les pays du sud devraient payer la pollution que les pays du Nord ont émis pour se développer et s’enrichir ?

Pour y répondre, on a donc créé un outil, le GDR (greenhouse development right) qui évalue la part de responsabilité de chaque pays afin de définir sa contribution financière.

Ca paraît simple de trouver les responsables, mais ça se complique quand on regarde aussi la responsabilité des pays en développement. Elle n’est pas négligeable. Aujourd’hui les émissions chinoises par habitants ont surpassé celles de l’Union Européenne. Mais attention ! Les chiffres officiels disent certes que les émissions des GES en Europe ont diminué de 15% entre 1990 et 2010 mais cette période de baisse des émissions en Europe correspond à une période de ralentissement de la production sur place. Donc les chiffres officiels ne prennent pas en compte la consommation ! Autrement dit, un pays qui ne produit pas sur place mais consomme les produits que d’autres ont produit est considéré comme étant un meilleur élève…

La responsabilité, c’est complexe, et tout ça, ça se combine et ça se discute…

Il y a même un autre paramètre qui vient s’ajouter au débat : à partir de quand est-on responsable ? En Droit, la responsabilité est moindre lorsqu’elle se teinte d’inconscience au moment des faits. Les pays du Nord qui se sont développés au moment de l’ère industrielle sont-ils donc excusables parce qu’ils ignoraient alors les conséquences de la pollution ?

Ce sont en tout cas des arguments de négociation pour les pays du Nord.

Pourtant, certains esprits éclairés comme Rousseau déplorait déjà l’impact de l’Homme sur sa nature bien aimée. Et dès 1800 la théorie d’un changement climatique global dû à la déforestation massive de l’Europe de l’Ouest est largement diffusée. En 1821 le philosophe Charles Fourier publiait aussi son essai sur « La détérioration matérielle de la planète ». Et dès 1854 en France on créé la Société nationale de protection de la nature. C’est bien qu’on craignait quelque chose.

La prise de conscience de notre rapport destructeur avec la nature ne date donc pas seulement des années 1960…

Responsabilité, une autre définition : « Obligation ou nécessité morale de répondre, de se porter garant de ses actions ou de celles des autres ». Savoir qui est responsable, ce n’est pas seulement savoir « qui a commis la faute » mais aussi « qui ne fait rien quand il sait ».

Bienvenu donc dans l’ère de la modernité ! Au pécher originel succède aujourd’hui le pécher final : la nouvelle culpabilité, c’est de participer à cette Destruction finale…

On est pas tous coupable, mais en tout cas aujourd’hui, on est tous responsables.

Flore Viénot
Image : Vincent Massot
Montage : Thibault Pomares, Mars Lefebure.
Musique : T. Pomares, Mozart (Musopen), The River Going Wild – Black Island Hood.