Un voyageur amoureux du Brésil

C’était inscrit sur l’œuvre qui l’a rendu célèbre, en bas des 215 marches de son escalier : « Bresil, eu te amo – Selaron » (Brésil, je t’aime – Selaron). Une façon pour l’artiste de rendre hommage au pays qui l’a accueilli, l’a fait vivre et par la suite l’a rendu célèbre. Il était « le fou de l’escalier ». Il ressemblait à un Dali dégarni. Son art pouvait évoquer Gaudi, c’était Jorge Selaron, cet artiste venu du Chili.

Venu s’installer à Rio de Janeiro en 1983, Jorge Selaron quittait alors son Chili natal pour les rues du quartier de Lapa. C’est dans ce quartier bohème que le peintre mosaïste a entrepris de recouvrir les marches de « l’Escalier du Couvent ». C’était il y a 22 ans… Composé de plusieurs milliers d’azulejos (carreaux de faïence) que lui apportaient les touristes du monde entier, l’Escadaria Selaron est devenu aux fil des ans l’une des plus importante attraction touristique de la ville

Une mort encore suspecte

Retrouvé mort sur les marches de son escalier avec des brûlures sur le corps et couché à côté d’une bouteille de solvant pour peinture, Selaron aurait pu décider de mettre fin à ses jours. D’après l’autopsie décryptée aujourd’hui sur le site du Huffigton Post, d’importantes traces du liquide inflammable se trouvaient sur le visage et le corps de l’artiste, laissant penser à un suicide. Néanmoins le chef de la police criminelle de Rio n’exclut toujours pas l’homicide. Depuis le mois de novembre Jorge Selaron recevait des menaces de mort de la part d’un ancien collaborateur qui disait vouloir le « poignarder ». Alors qu’il s’offrait des vacances il y a quelques mois, l’artiste avait confié les ventes de son atelier à Paulo Sergio Rabello, qui aurait ensuite voulu prendre la main sur les tableaux et les bénéfices. D’après les riverains, l’artiste avait le sentiment d’avoir été « trahi » et semblait déprimé depuis quelques temps.

Descanse em paz Selaron !

Pour (re)voir notre rencontre avec Jorge Selaron, ainsi que les escaliers de Lapa :

« Rio : la rue leur appartient »
(à partir de 10’36 »)
Un documentaire de Thibault Pomares et Joseph Haley
ON Y VA ! media – LaTéléLibre – France Télévisions (2012)

Thibault Pomares
Cameraman : Joseph Haley
Traductions : Emmanuel Rufi & Ayann Koudou