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[DOC] Au Pays des Merveilles

Publié le | par

« Au Pays des Merveilles » est comme une provocation envers nous les adultes. Ce film est un conte où le Père Noël se serait tranformé en Père Fouettard, violent et alcoolique. C’est aussi un hommage à la famille, toutes les familles. C’est enfin une attention particulière envers les enfants, ceux que nous n’écoutons pas assez, et qui ont besoin de nous.

AU PAYS DES MERVEILLES 

novembre 2013 – 60 minutes (version longue)

Un film écrit et réalisé par Sarah Franco-Ferrer

Le film Au pays des Merveilles, est une immersion au cœur de familles précaires, portée par le regard d’enfants. Leurs visions du monde par le prisme de leur quotidien, de leur lucidité, de leur espoir, de leurs inquiétudes… apportent une dimension particulière au film. Ils témoignent des forces qu’ils construisent en eux pour survivre à une précarité intensifiée par un système arbitraire, pour un présent, pour un futur, qui leur soient moins hostiles. Un trajet se réalise à travers leur quotidien, leur lieu de vie, leurs sentiments. Quels sont leurs doutes , leurs attentes, leurs jugements sur la vie, la société, les adultes, la guerre, les rapports entre l’homme et la femme ? Sur la pauvreté, la richesse ? Sur les Droits des enfants ? Sur le monde que nous construisons pour eux ?

L’urgence de vivre, de dire des choses vraies, sans détour, sans figure sourde de  « l’enfant », par leur acuité impitoyable sur ce que nous faisons du monde en le rendant impropre à la  « Nature « ; celle qui nous entoure et celle de l’être dans ce qu’elle recèle de bon, de beau, construisent le film.

J’ai rencontré, entre autres, des enfants qui ont joué la scène d’expulsion qu’ils ont vécue en interprétant l’huissier, ainsi que d’autres scènes de leur quotidien. Une manière pour eux d’exprimer leurs angoisses à travers le jeu sans s’apitoyer sur leur sort, ni porter un jugement sur l’homme « qui fait son travail », mais pour dire l’absurdité dans laquelle le monde et ses règlements, fait parfois tourner les Hommes au point de les rendre fous.

« La Guerre », cette non-capacité à vivre en paix entre pays et religions, les dégâts de l’alcool, la violence, la perte d’écoute envers les enfants d’adultes stressés pris dans les filets de la Crise, les préoccupent  particulièrement.

Mais la vie prend le dessus avec pour rempart LA FAMILLE, L’AMOUR DE DONNER LA VIE, la plus belle chose à leurs yeux, qui malgré le chaos constituent pour eux une force vive de ralliement, contre l’arbitraire.

Sarah Franco-Ferrer

 

Production L’Atelier Quetzal. Avec le soutien et la participation de ; la Fondation de France, la Ville de Paris, le Festival International du Film de La Rochelle, Centre Intermondes /Ville de la Rochelle, la Région Ile-de-France, la Fondation Abbé Pierre, le Secours Catholique, Emmaüs Solidarité, La Parole errante, le CCAS, l’association EOLE, l’APAPAR, La passerelle.

 

AU PAYS DES MERVEILLES

Extrait de l’article de Ariane PAPILLON, publié par Ces Films à Part

De quel pays nous parle Sarah Franco-Ferrer, dans son film au titre si ironique ? Un pays lointain où l’on manque de tout ? Quel est ce pays où les enfants disent ne plus pouvoir rêver, ne pas savoir où ils logeront le mois prochain ? La cinéaste ne semble pas avoir été chercher très loin ces paroles d’enfants qu’elle nous propose. En France, le wonderland des enfants n’est pas toujours un pays de merveilles mais parfois un wonder-land, pays d’interrogations, de doutes, et d’inquiétudes. C’est en interrogeant des enfants qui vivent dans la précarité que la documentariste nous propose de découvrir ce pays où, si les mères veillent, elles sont parfois un peu trop absentes, ou démunies, impuissantes face à la pauvreté. Ce pays où les pères veulent que leur fils soit un homme, boivent un peu trop, sont partis, ou tout simplement essayent de transmettre leurs valeurs. Ce pays, nous le connaissons ou croyons le connaître, et pourtant, ce film fonctionne comme une redécouverte d’un monde, au travers du prisme de l’enfance. Si la vérité sort de la bouche des enfants, elle peut être capturée par la caméra.

La réalisatrice, néanmoins, ne se contente pas de nous livrer les propos parfois terrifiants, parfois drôles, parfois confus, de ces enfants qui, pour une fois, ont la parole. Elle choisit d’y apporter un réseau de symboles qui, par le montage, se font écho. Entre deux plans d’interviews viennent se glisser des chevaux galopant au ralenti, ou des loups, des poissons et des méduses… Ces animaux qui n’appartient pas à la trame narrative sont autant d’éléments de ce monde que l’enfant Maxime trouve si beau, pendant que d’autres craignent qu’il ne s’effondre. Ces plans de coupe nous invitent à réfléchir le monde, ils fonctionnent comme des métaphores, des images qui complètent le discours afin de le rendre non seulement politique mais aussi poétique. En effet, ils portent la charge esthétique que l’auteure n’a pas voulu faire porter aux interviews qui semblent selon elle devoir rester aussi brut que possible. Aussi, ces plans -symboles- ressemblent à des images mentales, bleues, vertes, qui souvent se superposent et s’enchevêtrent. La cinéaste suggère, insuffle des idées au spectateur sans avoir l’air de vouloir le forcer à des conjectures. Elle lui laisse le pouvoir d’appréhender ces images comme il le souhaite, d’y trouver un écho aux mots des enfants ou de les recevoir comme des propositions plastiques, comme un souffle, une pause au milieu de ces successions de phrases et de visages. Cependant, les occurrences du plan habité par la frénésie des pieds chaussés de claquettes qui martèlent le sol, appuient des phrases qui font mal, telles que « A tous les pères je voudrais dire : affrontez la réalité », ou encore « quand on claque les portes les murs se fissurent », comme si ce son presque saturé enfonçait, tel un marteau, dans l’esprit du spectateur, ces phrases qui ont alors le temps de résonner…

En choisissant de donner la parole à ceux qu’on n’écoute pas, qui se sentent dominés par les adultes (« ils veulent qu’on les aide mais eux ils sont pas obligés de nous aider »), Sarah Franco-Ferrer fait de son film un véritable manifeste politique. Son projet documentaire n’est pas de « capter le réel » pour en faire quelque chose, elle filme pour montrer ce qu’elle considère devoir être montré, pour dénoncer ce qui doit l’être. Aussi, ce documentaire est une invitation à réagir, tout comme cette intervention d’une jeune fille de douze ans à l’ONU en 1992, dont les images parcourent le film. Si celui-ci, comme je le disais plus haut, propose, sans imposer, des métaphores par le biais de plans de coupe et de la bande son, il est néanmoins tout entier construit comme une argumentation dont les preuves seraient les paroles des enfants. La voix, out, de la documentariste fait sentir cette volonté d’amener les enfants à dire ce qui doit être dit. A la manière de Jean-Luc Godard dans son documentaire France tour détour, ce sont surtout les questions qui conduisent le propos (« Vous trouvez que les adultes laissent les enfants de plus en plus seuls ? »). Et si Godard ajoute un VERITE en majuscules bleues sur les images, Sarah-Franco Ferrer semble n’en avoir pas besoin, les réponses se suffisent à elles-mêmes. Parfois, son rôle est endossé par les enfants eux-mêmes, comme lorsque Matthew dit à sa sœur « Et toi tu en penses quoi ? On t’entend pas beaucoup ! », tout en décidant de sortir du cadre pour lui laisser la place, ou lorsqu’un autre petit garçon regarde la caméra et demande « Et vous en pensez quoi des clochards ? ». L’auteure n’a pas besoin d’élaborer une mise en scène, les enfants s’en chargent, comme lorsque la fratrie de cinq élabore une reconstitution de leur expulsion, allant même jusqu’à jouer l’huissier, cet homme qui « fait juste son boulot » même si « c’est pas bien, c’est méchant ». De la même manière, peu à peu les revendications politiques de la réalisatrice deviennent celles des enfants eux-mêmes, ils proposent de « donner des conseils » à ceux qui nous gouvernent, de trouver des solutions par la discussion.

Et si les enfants avaient plus de leçons à donner aux adultes que l’inverse ? C’est la question que semble poser Au pays des merveilles, qui évite le piège du misérabilisme en laissant la place à la sincérité des enfants, dont l’innocence intacte et l’insouciance heurtée par la pauvreté transpercent l’écran.

Des Liens

L’article complet de Ariane Papillon

 

 

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Les commentaires (1)

  1. Merci, infiniment merci à l’Auteure et à la telelibre.
    J’ai été engagé durant plus de quarante ans à accompagner des enfants, des ados, des femmes des hommes dont les difficultés multiples n’ont pas altéré l’intelligence de leur humanité. Je retrouve ces images, ces sons, ces odeurs; preuves incontestables qu’au bout du rouleau il y a encore du rouleau…