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INTERVIEW D’OLIVIER BESANCENOT

Publié le | par

 

Juin 2006. Siège de la LCR, un vieil immeuble de trois étages, posé dans une ruelle de Montreuil dans le 93. Direction le rez-de-chaussée du batiment pour visiter avec Olivier Besancenot, l’imprimerie de l’organisation. Depuis une trentaine d’années, c’est ici qu’est imprimé Rouge, l’hebdomadaire de la ligue. Des piles d’affiches, de tracts et de brochures appelant à toutes sortes de mouvements sociaux sont disposées sur des palettes. Un lieu empreint de l’histoire du gauchisme français : idéal généreux et intransigeant, combats violents et désespérés, histoires d’amour, coups de gueule, scissions, vérités et mensonges, liberté d’expression et propagande.

Nous c’est nous, eux c’est eux. Pour Olivier Besancenot, nous c’est les 80% de travailleurs. Eux, c’est les riches, 20 % de la population. Lui se bat pour les travailleurs. Le postier raconte également les raisons de son embrigadement, et répète que sa chanson préférée n’est pas la marseillaise mais l’internationale.

Interview réalisée par Thomas bauder et John Paul Lepers.

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Les commentaires (10)

  1. Ce jeune homme n’a peut-être pas entendu parler de l’affaire Lip…

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Lip

    Je me souviens très bien de cette affaire dans les années 70 qui avaient longtemps fait la « une » des journaux. En résumé, l’épopée de reprise de la société par les ouvriers a duré 4 ans, puis la production a cessé.

    Pourquoi ? Parce qu’un ouvrier est certes un SPECIALISTE dans son domaine, la production, mais la gestion d’une entreprise au niveau national et mondial demande d’autres compétences.

    L’entrepreneur – il y a en France plus d’un million et demi d’entreprises unipersonnelles, c’est-à-dire des personnes qui se sont mises à leur compte, ne dépendent de personne, paient leurs impôts et contribuent ainsi à financer le secteur public.

    D’autre part, il y a plus d’un million d’entreprises qui emploient moins de 10 salariés.

    Donc 98% des entreprises de France ont MOINS DE 10 SALARIES.

    Tout le discours d’Olivier Besancenot concerne les grandes entreprises (il parle de plan social!!!) qui représentent 2 % des entreprises de France.

    Il conviendrait de replacer l’entreprise – la PME – qui finance tout l’appareil de l’Etat – à sa juste place et lui redonner le respect qu’elle est en droit d’attendre, car c’est elle qui soutient tout le système de l’Etat, c’est elle qui donne le travail et non l’Etat…

  2. Tout le monde a une spécialité suivant ses compétences. Personne n’est inutile. Mais pourquoi certaines personnes se donne telles une supériorité sociale ? Pourquoi, pour que certaines personnes puissent vivre doivent-elle payer un droit ?

    La propriété est le droit d’aubaine ( loyer, fermage, rente, intérêt, bénéfice, gain, profit ) Par le droit d’aubaine, le propriétaire prend une part importante de la production sans travailler et réalise une solution tel que 2 + 2 = 5. La propriété c’est le vol.

  3. Pour meri337000 :

    « Il conviendrait de replacer l’entreprise – la PME – qui finance tout l’appareil de l’Etat – à sa juste place et lui redonner le respect qu’elle est en droit d’attendre, car c’est elle qui soutient tout le système de l’Etat, c’est elle qui donne le travail et non l’Etat… »
    Les entreprises ne sont pas seules à financer « tout l’appareil d’Etat ». L’impôt sur les sociétés ne représente qu’ environ 15 % des recettes de l’ Etat. Plus de la moitié de ces dernières proviennent de la TVA et de la taxe intérieur sur les produits pétroliers (TIPP), taxes payées par l’ensemble des Français, du plus modeste au plus riche, mais également par n’importe quel étranger vivant en France (ce qui, au passage, dément l’affirmation selon laquelle les étrangers ne participent pas à la solidarité nationale, n’est ce pas MM. Le Pen, De Villiers et même Chirac (oui, oui souvenez-vous, « le bruit et l’odeur » … )) !

  4. A ces méchants employeurs ont bon dos !!!. Pour quelles raisons les malheureux salariés exploités ne tentent pas leur chance ? Ils préfèrent sans aucun doute, et beaucoup plus confortablement se plaindre, dénigrer les méchants employeurs, et surtout ne prendre aucun risque. Le français est comme ça ! Jalousant le voisin qui a mieux réussi que lui (réussite malhonnête bien entendu), et fier de son statut social face à celui qui a moins réussi que lui.

    Tel est le paradoxe français, nous avons par exemple honte d’avoir maison ou véhicule haut de gamme (véhicule d’autant plus rayé qu’il a de valeur), et honte d’être en situation précaire. Nous nous complaisons dans la médiocrité sans oublier de faire reporter la faute de notre non ascencion professionnelle sur l’autre.

    Nos compatriotes qui ont su décrocher un bac + 5 et gagnant correctement leur vie devraient-ils s’en excuser ? (sutrout auprès de ceux d’entre nous qui n’ont fait aucun sacrifice ou effort pour essayer de s’en sortir).

    Mon discour est carricatural mais révélateur du malaise français : la complaisance dans une médiocrité ambiante, et surtout dénigrement de celui qui a réussit !!!!

    Quant à Monsieur BESANCENOT, pour l’avoir observé en public acquis, mais aussi sur des plateaux de télévision avec, là, des contradicteurs, je pense qu’il est tout à fait conscient de cet état de fait et que le clientèlisme dont il bénéficie a de beaux jours devant lui.

  5. La semaine à 32 heures? … Je n’ai rien contre seulement la raison est tout à fait bidon. Un travailleur qui travaille beaucoup d’heures n’enlèvent pas d’heures à qui que ce soit. Tous les Français pourraient travailler 60 heures par semaine et il y en aurait pour tout le monde. Quand on travaille, on crée de la richesse, on consomme, on fait rouler l’économie, on crée des emplois … C’est aussi absurde que de prétendre que les immigrants volent les emplois des Français de souche ou aussi absurde que de dire que les hommes préhistoriques ne pouvaient chasser plus de 32h semaine de peur qu’ils enlèvent du travail aux autres. S’ils chassent plus longtemps, ils mangeront davantage. C’est une loi économique de base qu’Oli ne semble pas connaître.

  6. LA CIGALE et la FOURMI

    VERSION ANGLAISE
    La fourmi travaille dur tout l’été dans la canicule.
    Elle construit sa maison et prépare ses provisions pour l’hiver.
    La cigale pense que la fourmi est stupide, elle rit, danse et joue tout l’été.
    Une fois l’hiver venu, la fourmi est au chaud et bien nourrie.

    La cigale grelottante de froid n’a ni nourriture ni abri et meurt de froid.

    FIN

    VERSION FRANCAISE
    La fourmi travaille dur tout l’été dans la canicule.
    Elle construit sa maison et prépare ses provisions pour l’hiver.
    La cigale pense que la fourmi est stupide, elle rit, danse et joue tout l’été.
    Une fois l’hiver venu, la fourmi est au chaud et bien nourrie.

    La cigale grelottante de froid organise une conférence de presse et demande pourquoi la fourmi a le droit d’être au chaud et bien nourrie tandis que les autres, moins chanceux comme elle, ont froid et faim.

    La télévision organise des émissions en direct qui montrent la cigale grelottante de froid et qui passent des extraits vidéo de la fourmi bien au chaud dans sa maison confortable avec une table pleine de provisions.

    Les Français sont frappés que, dans un pays si riche, on laisse souffrir cette pauvre cigale tandis que d’autres vivent dans l’abondance.

    Les associations contre la pauvreté manifestent devant la maison de la fourmi.
    Les journalistes organisent des interviews demandant pourquoi la fourmi est devenue riche sur le dos de la cigale et interpellent le gouvernement pour augmenter les impôts de la fourmi afin qu’elle paie « sa juste part ».

    En réponse aux sondages, le gouvernement rédige une loi sur l’égalité économique et une loi (rétroactive à l’été) d’anti-discrimination.
    Les impôts de la fourmi sont augmentés et la fourmi reçoit aussi une amende pour ne pas avoir embauché la cigale comme aide.
    La maison de la fourmi est préemptée par les autorités car la fourmi n’a pas assez d’argent pour payer son amende et ses impôts.
    La fourmi quitte la France pour s’installer avec succès en Suisse.

    La télévision fait un reportage sur la cigale maintenant engraissée. Elle est en train de finir les dernières provisions de la fourmi bien que le printemps soit encore loin.
    L’ancienne maison de la fourmi, devenue logement social pour la cigale, se détériore car cette dernière n’a rien fait pour l’entretenir.

    Des reproches sont faits au gouvernement pour le manque de moyens.
    Une commission d’enquête est mise en place, ce qui coûtera 10 millions d’euros.
    La cigale meurt d’une overdose.

    Libération et L’Humanité commentent l’échec du gouvernement à redresser sérieusement le problème des inégalités sociales.
    La maison est squattée par un gang d’araignées immigrées.
    Le gouvernement se félicite de la diversité multiculturelle de la France.
    Les araignées organisent un trafic de marijuana et terrorisent la communauté.

    FIN

  7. Je suis frappé que des mensonges puissent être énoncés aussi effrontément sur ce site. Sur l’affaire LIP il est important de rappeler que l’entreprise a très bien fonctionné sous la direction de ses employés (sans patron) pendant 3 mois avant que les CRS occupent l’usine. Ils l’occuperont pendant 1 an (jusqu’en 1974). Les ouvriers ont ensuite réussi à produire sans usine pendant 3 ans ! Dans un univers capitalisme, par définition, tous autres mode de production est condamné à être éliminé. En effet, le patronat doit définitivement écrire en lettre de feu divine qu’il n’existe pas de meilleur système que le capitalisme. Les complices de ce discours ne trompent que les imbéciles (hélas ils sont nombreux)…

  8. Les Trotskistes : ennemis de la classe ouvrière

    L ’élection présidentielle de 2002 avait été l’occasion pour les diverses organisations se revendiquant du trotskisme de réaliser un pic historique. Arlette Laguiller pour Lutte Ouvrière avait récolté 5,72 % (soit 1.630.045 voix), Olivier Besancenot pour la Ligue Communiste Révolutionnaire 4,25 % (1.210.562 voix) et Daniel Gluckstein pour le Parti des Travailleurs 0,47 % (132.686 voix). Au Total 10, 44 % des suffrages. Score remarquable alors que, simultanément, le PCF s’effondrait. Certes les organisations d’extrême gauche ne renouvellent pas semblable performance aux élections législatives qui suivent immédiatement (un modeste 2,71 % à elles toutes), mais l’audience de cette mouvance est marquée et ses résultats aux prochaines élections présidentielles seront suivis de prés. En particulier par la Gauche, qui les rend responsables de sa précédente défaite. Mais le vote pour les organisations trotskistes est-il un vote révolutionnaire ? On peut en douter fortement au regard de l’histoire d’un courant qui a toujours fait les yeux doux à la social-démocratie et entraîné les travailleurs dans les pires impasses.

    On achève bien les traîtres …
    Léon Trotski est exclu du Comité Central du Parti Communiste d’URSS et mis en résidence surveillée à Alma Ata en 1927 pour son opposition à la ligne de Staline. L’homme a déjà un long passé de « révolutionnaire professionnel » lorsqu’ il rallie, in extremis, les bolcheviks après la Révolution d’Octobre 1917. Il participe activement à la mise en place de l’Armée Rouge lors de la guerre civile, ainsi qu’à la formation de l’appareil bureaucratique et de la police politique après la victoire des « Rouges ». Son efficacité dans la répression, s’est à plusieurs reprises, signalée. En Ukraine, avec l’écrasement des communes paysannes libertaires des Makhnovistes. En mars 1921, il va mener impitoyablement le siège contre la révolte des marins de Kronstadt. Revendiquant que le pouvoir revienne au Peuple et aux conseils ouvriers, les mutins (qui furent le fer de lance de la Révolution) sont liquidés de manière froide et implacable. Avant de finir victime du régime qu’il avait mis en place, Trotski s’évertuera à liquider toutes les oppositions (qu’elles soient libertaires ou socialistes révolutionnaires de gauche, ou issus du Parti Bolchevik). Mis en minorité par Staline (1), il est contraint à l’exil en 1929. Dirigé sous bonne garde vers la Turquie, il touche une rente de l’ambassade soviétique et vit sur une île du Bosphore, sous la surveillance vigilante des services secrets russes. Mais l’homme ne veut pas renoncer, il fausse compagnie à ses gardiens et commence à mettre en place un appareil politique pour lutter contre le stalinisme. La Quatrième Internationale va ainsi naître dans les péripéties de l’exil de son fondateur. Dès son origine, le courant trotskiste va devoir faire face à la prépondérance, dans le monde ouvrier, des Partis Communistes alignés sur Moscou. Extrêmement minoritaires, les fidèles de Trotski doivent se montrer discrets. Infiltrés par les agents soviétiques et pourchassés par les militants staliniens dans les années 30, ils sont quasiment isolés en France. Leur espace d’expression est réduit et ils peinent à entrer en contact direct avec le monde ouvrier encadré effi cacement par la CGT, structure syndicale contrôlée par le PCF. Pour pouvoir exister, les trotskistes français vont devoir se lier à des militants syndicaux en marge de la centrale communiste. Suivant la même logique, Trotski appellera ses fidèles français à mener un politique d’entrisme au sein des mouvements de gauche comme la SFIO (l’ancêtre du PS actuel). Profitant de la montée du Fascisme, il appelle à la constitution d’un front uni, le but avoué étant de constituer l’aile gauche de la social-démocratie. L’infiltration portera ses fruits dans le service d’ordre et les jeunesses socialistes. Mais l’opération échouera sous la pression des communistes qui, après le 6 février 1934, vont se rallier à l’antifascisme radical.

    Quand, en août 1940, Mercedes Ramos, sympathique agent stalinien au demeurant,dessoude à coups de piolet Léon Trotski (alors accueilli en exil au Mexique par son très maçonnique gouvernement), ses partisans ont déjà adopté un comportement militant spécifique, fait d’un culte du secret (symbolisé par l’emploi des pseudonymes au sein même des organisations), de sectarisme qui les conduisent à s’entre-déchireret d’un goût prononcé pour l’entrisme. La guerre qui éclate ne fera que renforcer cette attitude. On retrouve dans la résistance une génération de cadres qui vont faire leurs premières armes dans la clandestinité : De Daniel Korner, alias Barta, fondateur de LO à Robert Barcia, alias Hardy, qui serait le véritable dirigeant de cette organisation pour certains journalistes. Il n’est pas étonnant de retrouver Pierre Boussel, alias Pierre Lambert, dans les combats contre l’Occupation. Issu d’une famille d’immigrés juifs russes, il naît en 1920 en France. Militant des Jeunesses Communistes, il est exclu pour ses positions anti-soviétiques. Il se rapproche alors des socialistes et rencontre des militants trotskistes infiltrés dans leurs rangs. Séduit par leur discours internationaliste et leur opposition à l’URSS, il devient vite un militant reconnu durant la guerre, membre des hautes instances du comité international pour la constitution de la IV° Internationale. On le retrouvera plus tard à la tête du courant qui portera son nom : les lambertistes.

    A l’assaut des appareils
    Poursuivis par les nazis, les trotskistes doivent aussi faire face aux communistes qui n’enterrent nullement la hache de guerre avec eux. Eliminés physiquement dans les prisons et les maquis, ils sont confrontés à l’appareil clandestin stalinien. La Libération laisse quelques espoirs de développement aux trotskistes. Mais les années 50, les plongent dans une situation critique. Les querelles entre micro-groupuscules rendent insignifiante leur influence dans une France qui passe lentement de la reconstruction aux Trente Glorieuses. Avec l’éclatement du Parti Communiste International (la principale organisation de cette tendance de l’après guerre), les différentes tendances traversent un désert de plusieurs années. La scission de 1952 a pour origine la question de l’entrisme au sein du PCF. La majorité des membres refuse cette stratégie et est exclue de la Quatrième Internationale. Ils forment un nouveau PCI sous la conduite de Pierre Lambert. Les minoritaires sous la direction de Michel Rapatis (Pablo) puis de Pierre Franck vont tenter d’infiltrer le PCF. Avec des succès importants au sein des JC et de l’Union des Etudiants Communistes, où ils vont animer une fronde permanente contre la direction du Parti. Profitant de la position « timorée » du PCF sur la question algérienne, les « pablistes » vont accentuer le travail de tendance. Devenant le principal réseau de soutien au FLN dans le monde universitaire, ils fourniront de nombreux « porteurs de valises » aux rebelles algériens. Ravivant le vieil antifascisme militant, ils seront aussi à la pointe du combat contre l’OAS et ses soutiens étudiants (avec par exemple le fichage para policier des pro-Algérie Française). Après l’indépendance, on retrouvera certains d’entre eux parmi les « Pieds Rouges », c’està- dire les coopérants progressistes français au nouveau régime. Parmi eux, les frères Krivine se distinguent déjà.

    Chez les lambertistes, la forte personnalité de leur leader va structurer ce courant autour du travail d’entrisme au sein du monde syndical. Doué d’un véritable talent d’organisateur, porteur d’un charisme indéniable auprès des militants, Lambert-Boussel s’est s’entouré de fidèles capables de naviguer dans les conjonctures politiques les plus difficiles. Extrêmement rigide au niveau de la forme révolutionnaire, il incarne pour beaucoup la continuation légitime du trotskisme. Lambert mènera en personne l’opération qui allait permettre la survie de son courant : l’entrisme à Force Ouvrière. Pourquoi les lambertistes ont-ils jeté leur dévolu sur FO ? Il n’y a pas de hasard à ce choix. La CGT-FO est née d’une scission réformiste de la CGT historique qui refusait la mainmise du PCF sur la centrale militante. Se revendiquant d’un syndicalisme libre et démocratique, FO fédéra les opposants à la politisation du monde syndical. On verra ainsi se côtoyer des anti-communistes primaires proches des milieux « d’extrême droite » et des gauchistes de toutes obédiences, chassés de la CGT.

    « Heureusement que vous les avez ! » disait Chirac, au sujet des lambertistes, à André Bergeron, ancien dirigeant de FO. Mais c’est surtout son successeur, Marc Blondel qui va les utiliser pour asseoir sa domination sur le syndicat dans les années 80-90. Des postes de permanents syndicaux et de délégués auprès des institutions, liés à la co-gestion sociale vont échoir en récompense à des militants trotskistes. Il n’est dès lors pas étonnant que les lambertistes aient soutenu Jean-Claude Mailly, le dauphin désigné de Blondel. Patients et discrets, les lambertistes n’occupent pas les devants de la scène. A la différence de leurs frères ennemis « pablistes ».

    Après avoir amené à la paralysie de l’UEC, les trotskystes se verront exclus par le PCF. Les staliniens vont s’efforcer d’isoler ces éléments provocateurs. Mais les événements de Mai 68, vont leur donner une dynamique sans précédent dans le monde étudiant. Les exclus vont fonder la Jeunesse Communiste Révolutionnaire en 1965. Sous la direction d’Alain Krivine, cette organisation donnera après de multiples péripéties, naissance à la LCR. Sous les feux de l’actualité durant toutes les années 70, son audience restera pourtant extrêmement petite bourgeoise. Au contraire de Lutte Ouvrière qui s’efforcera de s’implanter dans le monde ouvrier avec des résultats mitigés jusqu’à l’apparition du phénomène médiatique Arlette.

    Un rôle contre révolutionnaire assumé
    On le voit l’histoire du Trotskisme en France est assez agitée et a profondément marqué sa mentalité. Mais certains aspects peu connus sont éclairants sur le véritable rôle de ce courant. Ainsi les liens entre les services secrets américains et les trotskistes ne sont pas de purs fantasmes issus de l’Humanité de la grande époque stalinienne. A partir de 1948, avec la naissance de la Guerre Froide, la CIA ne ménage pas son aide à de potentiels alliés contre Moscou. La manne fi nancière qu’elle déverse sur la France est considérable, gigantesque même, vu qu’elle subventionne toutes les tendances anti-communistes sans distinction de partis. Par exemple dans les milieux syndicaux, des officines liées à elle et à la puissante confédération syndicale américaine AFL-CIO, alimentent en fonds secrets la toute jeune direction de FO. Par ce biais, les lambertistes sont très tôt mis en contribution. Ils participent à l’opération Project Book. En collaboration avec Radio Liberty, la CIA met en place un réseau de diffusion vers l’Est de littérature anti-stalinienne. Les réseaux lambertistes serviront ainsi à passer en URSS des milliers d’exemplaires de publications de propagande anti-communistes. En France même, certains trotskistes vont devenir des agents actifs des services américains, en particulier pour faire barrage à l’influence communiste chez les intellectuels (2). Il est certain que d’autres dossiers dorment encore dans les archives des services américains. La stratégie de la tension américaine en Europe a souvent été d’utiliser des groupuscules gauchistes pour créer une déstabilisation des régimes qui ne lui étaient pas favorable. Ainsi dans les prémisses de Mai 68 on pourrait bien retrouver la main des services US. Cela n’est pas faire le jeu du mythe du Complot que de trouver troublant le rôle des divers groupuscules d’extrême gauche dans cette crise visant à affaiblir le régime gaulliste (qui avait fait de l’indépendance nationale vis-à-vis de l’Otan un enjeu stratégique important). Ainsi que dans les diverses tentatives pour contrer l’influence du PCF dans les masses populaires.

    Mais le trotskisme, ce sont aussi des idées et des méthodes qui se sont révélées nuisibles pour les luttes des travailleurs. Actuellement, pas un mouvement social ou une grève étudiante sans que l’on ne voit apparaître un représentant de ce courant. Et à chaque fois leur rôle finit par ressembler à un sabotage des initiatives révolutionnaires. Dans les années 70, les authentiques anarchistes et autonomes d’ultra-gauche ne se trompaient pas quand ils attaquaient les services d’ordres de la LCR ou de l’OCI (ancêtre du PT) à coup de cocktails molotov. A chaque fois, les diverses organisations trotskistes tentent de reprendre à leur compte les actions partant de la base. L’important, étant pour eux, de se poser en interlocuteurs sérieux des institutions et des médias, et cela en oubliant souvent les revendications à l’origine de la lutte.

    De même, si l’on doit faire un bilan de l’entrisme de l’extrême gauche on constate que cette méthode a parfaitement réussi. Et même trop bien réussi… En effet, en phagocytant syndicats, associations et partis modérés, les diverses tendances gauchistes s’intègrent à un système qu’elles prétendent combattre. Sans parler des désertions (la liste serait trop longue de personnalités anciennement d’extrême- gauche dans les années de l’après 68, ralliées au Capital), cette méthode entraîne obligatoirement l’absorption des éléments révolutionnaires dans le jeu du consensus libéral. Le cas d’Henri Werner éclaire par la fascination/répulsion pour le libéralisme de la génération trotskiste des années 70. Haut responsable de la LCR et futur élu du PS, il étudie sociologiquement le système de fonctionnement du CNPF (le futur MDEF). Véritablement séduit par son efficacité, il présente la confédération patronale comme modèle pour l’organisation de la Ligue à un Krivine médusé. Autre cas d’intégration des valeurs qu’ils étaient sensés combattre, la très intéressante évolution des intellectuels trotskistes new-yorkais. Passés de la lutte anti-impérialiste au néo-conservatisme dès les années 80. On retrouve ainsi ces anciens gauchistes parmi les plus fidèles soutiens à la politique d’agression de Bush et d’Israël. Si les gauchistes critiquent la bureaucratie des appareils, c’est pour mieux les concurrencer et prendre leur place. Ils deviennent ainsi des supplétifs utiles dans les querelles internes, comme les lambertistes à FO, que l’on remercie par quelques postes.

    Dans le cadre strictement politique, l’action des trotskistes revient le plus souvent à renforcer la social-démocratie. En lui fournissant des cadres efficaces et en lui donnant une légitimité « radicale » dans des situations difficiles (comme lorsque la Gauche se joint à des mouvements sociaux qu’elle aurait combattus quand elle avait le pouvoir). Le rôle de l’extrême gauche est de canaliser des personnes en colère contre le système pour rendre leur révolte inoffensive. On a constaté l’effet négatif de la zizanie entretenue par la LCR lors de la tentative de formation d’une coalition de la « Gauche anti-libérale » pour les présidentielles (3). Le Parti des Travailleurs mène depuis la fi n des années 80, une démarche de séduction de la mouvance nationale
    républicaine. Avec des thèmes comme la défense de la République, de la Laïcité et de l’indépendance des petits maires (4), il veut récupérer une tendance qui peine à se structurer.

    Au final son emprise a, le plus souvent, amené à réduire les possibilités d’action de cette « gauche nationale ». Son travail en direction des communistes « orthodoxes » poursuit la même stratégie. Le PT tente ainsi de récupérer les anciens « staliniens », pour mieux les faire disparaître et se poser comme les seuls défenseurs du Communisme. Les trotskistes veulent s’accaparer l’héritage révolutionnaire du mouvement ouvrier. N’étant jamais parvenus en entrer en synergie avec le Peuple, restant toujours marqués par leur origine petite-bourgeoise, ils en sont souvent réduits à détourner le noble discours plébéien qui fut celui du PCF avant ses reniements réformistes et révisionnistes. Mais cette manipulation ne semble pas prendre, de nombreux ouvriers préfèrent voter FN que de soutenir ces gens qui ne masquent pas leur mépris pour eux. En effet, les trotskistes ne manquent jamais une occasion de traiter les travailleurs français de tout les mots : racistes, embourgeoisés, réactionnaires… Avec leur tournant vers de « nouveaux sujets révolutionnaires » (« les sans papiers », « les homosexuels », « les femmes», « les sans-logis »), ils voient déjà en eux une relève pour la Révolution. Mais quand on gratte un peu, que constatons-nous, là aussi ? La même récupération. Voulant manipuler les revendications des minorités pour créer des foyers d’agitation, ils se posent en seule direction possible pour leurs luttes. « Les immigrés sont gentils, mais incapables de mener leur combat efficacement » sous – entend le discours paternaliste de représentants de collectifs dirigés par les trotskars. Créant partout la division, ils servent ainsi les intérêts du système. Nous pensons que de nombreux sympathisants et même, militants, de cette tendance ne se rendent pas véritablement compte du rôle qu’on leur fait jouer. Nous espérons contribuer à leur ouvrir les yeux pour qu’ils puissent rejoindre l’authentique combat des travailleurs européens pour leur émancipation.

    NOTES :

    1- Il faut en finir avec le mythe du soi-disant « Testament » de Lénine qui n’a aucune valeur politique dans la mesure où Lénine n’a jamais désiré rendre publiques ses quelques notes, rédigées alors qu’il était gravement malade, sérieusement atteint dans sa capacité de travail et se trouvant dans la nécessité d’être éloigné de la scène politique. L’opinion de Lénine sur Trotski ne fait guère de doute car il l’a exprimée à de nombreuses reprises. Ce dernier n’a cessé de louvoyer entre mencheviks et bolcheviks durant tout le début du 20° siècle. « Lénine ne manifesta à personne une telle hostilité personnelle, quel qu’ait été leur accord sur les problèmes de fond. Il le traitait selon les circonstances de phraseur bruyant, de comédien, d’intrigant, d’entremetteur et de Doux-Judas (en référence au personnage de Saltykov-Chtchedrine), ne manquant pas une occasion de proclamer que Trotski était un individu dépourvu de principes, naviguant entre différents groupes et soucieux seulement de ne pas être pris sur le fait ». Leszek Kolakowski. Histoire du marxisme. Tome 2. P.537. Ed. Fayard. 1987. Citations de Lénine à l’appui de ces affirmations : « On ne peut pas discuter sur le fond avec Trotski, car il n’a aucune conviction. On peut et on doit lefaire avec les liquidateurs et les ostsovistes convaincus [fraction du parti bolchevik, en français les révocateurs, car ils demandaient le rappel de la douma des députés démocratiques], mais avec quelqu’un qui joue à couvrir les fautes des uns et des autres, on ne discute pas, on le démasquecomme… diplomate au petit pied » (« A propos de la diplomatie de Trotski », 21 décembre 1911, OEuvres, vol.17, p.366). « Trotski n’a jamais eu aucune « physionomie », et il n’en a aucune [comme Besancenot ?] ; il n’a à son actif que des migrations, que des désertions qui l’ont fait passer des libéraux aux marxistes et vice versa, des bribes de mots d’esprit et de phrases ronfl antes, pillés à gauche et à droite. » (« La désagrégation du bloc d’août », 15 août 1914, OEuvres, vol. 20, p.164). Ce portrait s’applique à merveille à ses disciples parcourant la planète mondialisée. Staline reviens !

    2- Denis Boneau, « Quand la CIA fi nançait les intellectuels européens », long article qui détaille la mise en place d’un réseau d’intellectuels proaméricains des années 50 à nos jours. Disponible sur le site du Réseau Voltaire : http://www.voltairenet.org/fr

    3- Le rôle du PCF n’étant lui aussi pas très clair dans cette affaire. Complètement vassalisé au PS, M-G Buffet semble avoir poussé à une rupture au sein d’un mouvement qui pouvait faire de l’ombre à la candidature de Royal. Contre la promesse de sièges aux législatives ? Fort probablement…

    4- La candidature « indépendante », G. Schivardi, va dans ce sens. L’ancien du PS est soutenu à bout de bras par le PT.