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MAROC: 63% D'ABSTENTION

Publié le | par

Rabat, MAROC – Le parti islamiste Justice et Développement (PJD) ne sera pas le premier parti du parlement marocain. A la surprise générale, le parti nationaliste de l’Istiqlal, le plus vieux parti du Maroc, a remporté les élections législatives les plus transparentes réalisées au Maroc, d’après de nombreux observateurs internationaux.

L’Istiqlal a obtenu 52 sièges, soit quatre de plus que sous la précédente législature, suivi du PJD qui en a remporté 46. L’Union Socialiste des Forces Populaires, qui était le premier parti du parlement, a subi un vote sanction, en perdant 12 sièges et en devenant le cinquième parti avec seulement 38 sièges.

PAS DE RAZ-DE-MAREE ISLAMISTE

Dès l’annonce des résultats provisoires samedi soir, les dirigeants du PJD, ainsi que ses militants, étaient amers et dénonçaient avec virulence l’achat de voix.
« Vous avez le PJD, vous avez l’argent, donc dans ma lignée je suis premier, contre la corruption… Beaucoup d’argent a coulé, c’est écoeurant. On entre dans la mondialisation, il y a des partis qui sont rétros, qui ne veulent pas comprendre que le Maroc doit se moderniser, doit aller de l’avant, » déclare
Lahcen Daudi. « Il faut que les gens sachent que nous sommes la première force politique du pays, » rajoute-t-il après l’annonce des résultats définitifs. « C’est le PJD qui est premier en termes de voix. C’est le système électoral qui nous a pénalisés. On s’attendait à plus de sièges. »

D’après Driss Ben Ali, ancien professeur d’économie à la faculté de droit de Rabat et président de l’association Alternatives, le PJD a tellement modéré son discours pour rassurer et plaire au Makhzen qu’il n’a pas mobilisé autant d’électeurs que prévu.

VICTOIRE SURPRISE DE L’ISTIQLAL

Chez les Istiqlaliens, l’ambiance était à la fête samedi soir. On n’est pas surpris de notre résultat, dit un jeune militant, Khalil El Fassi. « On avait réalisé un sondage qui nous donnait 51 sièges. » La victoire du parti de l’Istiqlal est en réalité la grande suprise de ce scrutin. Ce parti dispose de fiefs électoraux à travers le Maroc, qui lui assurent un certain nombre de sièges. De plus, il a su médiatiser les résultats positifs de ses trois ministres présents au gouvernement, tandis que l’USFP devait défendre un bilan plus mitigé des siens, en charge de dossiers plus délicats comme l’éducation nationale et la justice.
Mais les dirigeants de l’Istiqlal avaient-ils prévu le faible score du PJD? C’est loin d’être sûr. « C’est le taux de participation qui a donné des résultats inattendus, » explique un ancien haut responsable. « Les partis politiques travaillent dans un mouchoir de poche. »

LE TAUX DE PARTICIPATION, MAUVAISE SURPRISE DE CES
ELECTIONS

Seuls 37 % des 15 millions d’inscrits sur les listes électorales se sont déplacés. En 2002, ils étaient 51% et les autorités marocaines espéraient une participation plus élevée cette année.
Le faible taux de participation semble avoir changé la donne et empêché les islamistes du PJD de devenir le premier parti du pays. Ils ont échoué à mobiliser une partie de leur électorat, qui s’il est difficile à évaluer, semblait leur être acquis.

La méfiance des Marocains à l’égard des partispolitiques était-elle plus forte que leur adhésion à une éventuelle alternative islamiste?
« Gagner quatre sièges supplémentaires, ce n’est pas gagner une élection, » dit Michael Willis, professeur à l’université d’Oxford et spécialiste du Maghreb. « Les vrais gagnants du 7 septembre sont les 63% qui n’ont pas voté. »
« Je regrette d’avoir voté, maitenant que j’ai les résultats, » plaisante Hamid, un pharmacien du quartier de Takaddoum. « Les gens de mon quartier me disent ‘qu’as-tu fait?’ Ils se sont moqués de moi lorsqu’ils ont vu la tache d’encre sur mon pouce. »

DES CAS D’ACHATS DE VOIX

« Je suis content, j’ai convaincu tout le monde de ne pas aller voter chez moi, » dit Hassan*. « Des militants d’un parti sont venus taper à ma porte pour me demander combien nous sommes à la maison. Ils m’ont dit ‘On vous donne 100 Dirhams par personne.’ Je les ai envoyé balader. » Des achats de voix se seraient produits de manière plus originale, d’après des habitants de Rabat:
L’électeur va vers l’isoloir. Il photographie à l’aide d’un téléphone portable le logo barré d’une croix du parti pour lequel on lui a demandé de voter, cette
photo servant de preuve pour l’obtention de la somme d’argent promise par le parti.

UN PARLEMENT POUR QUOI FAIRE ?

Une grande partie des Marocains ne croient plus à l’utilité d’un parlement, qu’ils jugent corrompus et dont le rôle n’est pas clair.
Alors que les résultats étaient rendus publics, Mohamed*, un chauffeur de taxi, ne cherchait pas à savoir qui avait remporté ces élections. « C’est commesi nous étions invités à un mariage et que nous refusions d’y assiter. Ils n’ont qu’à le faire sans nous. »

A travers ce scrutin, les Marocains ont montré qu’ils n’adhéraient pas au fonctionnement du système politique et qu’ils ne faisaient pas confiance aux partis. Comme le disent bon nombre d’entre eux, le premier parti du Maroc est aujourd’hui celui des abstentionnistes.

Ilhem Rachidi

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Les commentaires (18)

  1. Le vote et l’abstention des Marocains reflètent, l’un et l’autre, leur condamnation d’un gouvernement qui n’a pas su, ou pu, résoudre les problèmes de la pauvreté, du chômage, des crises du système de santé et de l’éducation. La politique de grands travaux engagée depuis quelques années n’a toujours pas de retombées directes sur la population pauvre.

    Elle crée des emplois, mais ne s’appuie pas sur un système d’enseignement et de formation performant dans un pays où plus de la moitié de la population est analphabète et où 340 000 élèves quittent le collège chaque année. C’est d’ailleurs le reproche majeur fait à l’USFP, qui détient depuis 2002 le ministère de l’Education nationale et celui de la Justice, non moins sensible. Modeste vainqueur des élections, le PJD sort du statut d’opposant et devra assumer sa principale promesse, celle d’une lutte sans merci contre la corruption.

    Quelle que soit la coalition appelée à gouverner, elle aura à subir les incontournables réalités d’un pays où le «gouvernement de l’ombre», attaché au palais royal et secondairement au Makhzen, est omnipotent et où la Constitution laisse au souverain la liberté de choisir le Premier ministre en dehors de la nouvelle majorité. Autant dire que la partie est loin d’être gagnée.

  2. arrêtez d’aller voir des trucs sur Wikipédia ! C’est une source de désinformation effroyable ! Un ramassis d’inexactitudes, de contresens, d’articles orientés, ce site est dangereux et il ne faut surtout pas s’en servir comme base de connaissance. Il suffit qu’une personne croient savoir quelque chose sur un thème, paf, elle écrit son article dans Wikipédia, même si tout ce qu’elle dit est faux. Et on se rappelle du problème qu’il y avait eu le soir du débat ségo/sarko sur le nombre de sous marins nucléaires : l’article annonçant le chiffre a changé toute la nuit car les partisans de ségo changeait son nombre pour qu’il colle avec ce qu’elle disait et pareil, les sarkozystes mettaient le nombre avancé par sarko.
    N’allez pas sur Wikipédia et je vous en prie n’envoyez personne sur ce site. L’info est quand même quelque chose de sérieux …

  3. L’essentiel est d’en connaitre les limites. Dans ton exemple Il ne s’agissait pas des sous-marins nucléaires mais du réacteur EPR.

  4. tu as tout a fait raison aslan, c t sur le réacteur EPR. mais je maintiens, moi quand je vois que les jeunes vont faire chercher des infos sur wikipédia pour leurs exposés, j’ai un peu peur … et pareil quand on envoie un lien avec wikipédia, ça me hérisse les poils lol mais comme tu dis il faut en connaitre les limites…

  5. Plutôt Wikipedia que Google ou Utube, faudrait un spot pour les débats annexes on va pas encore tuer un fil :)

  6. Un ami marocain m’explique d’ailleurs que le Makhzen c’est aussi et surtout l’administration ratachée au roi, du préfet au caïd via le ministre de l’interieur, un quadrillage qui descend jusqu’au quartier.

  7. Eh ghjghj, tu peux nous expliquer ce qu’est le Makhzen stp? J’ai apprécié ton analyse/résumé mais j’ai toujours pas vraiment compris cette notion là.

  8. Bonjour,

    Merci à ceux qui s’intéressent au Maroc :) J’ai retrouvé un vieil article de Ahmed Benchemsi publié dans Jeune Afrique en 2001 et qui explique très bien ce qu’est le Makhzen.

    Qu’est-ce que le Makhzen ?
    MAROC – 17 avril 2001 – par AHMED R.BENCHEMSI CORRESPONDANT AU MAROC
    «Il ne faut pas jouer avec l’eau, le feu, et le Makhzen », dit l’adage. Dans le parler courant des Marocains, on parle de Makhzen dès qu’il est question de pouvoir. Un pouvoir qui s’incarne parfaitement dans la personne de son représentant suprême, le roi. Et, par extension, le système politique dont il est le chef. Définir le Makhzen n’est pas une tâche aisée. D’après le politologue Mohamed Tozy, ce terme qualifie à la fois un système et ses hommes, le chef de ce système (le roi) et ses méthodes de gouvernement, les moyens dont dispose ce système, financiers autant que militaires, la mentalité particulière qui découle de tout ce qui précède.

    Le mot « Makhzen » vient du verbe arabe khazana, qui signifie « cacher » ou « préserver ». Au départ, il désignait le coffre où les sultans gardaient la recette des impôts destinée au calife
    de Bagdad. Dès la rupture des sultans du Maroc avec le califat abbasside au XIIe siècle, le mot fut utilisé pour désigner symboliquement le contenu du coffre, c’est-à-dire le trésor de la Oumma (communauté islamique). Progressivement, le mot en vint à désigner le personnel payé par ce Trésor, puis à l’avènement des grandes dynasties berbères (almoravide et almohade), l’ensemble du gouvernement marocain et notamment l’administration et l’armée qui en dépendaient. Enfin, à partir du règne de la dynastie alaouite, le Makhzen désignait globalement le pouvoir central, à savoir le sultan, les vizirs, l’armée, la bureaucratie et toute personne contribuant à relayer ce pouvoir vers le reste de la population (cf. Encyclopédie de l’Islam).

    Le sultan – devenu roi à l’indépendance, en 1956 – détient un double pouvoir : spirituel (il est commandeur des croyants) et temporel (il est chef de l’État, contrôlant notamment l’armée et les divers appareils sécuritaires). D’après la politologue marocaine Rachida Cherifi, ces deux positions « constituent les piliers du pouvoir politique marocain dans la mesure où (la première) est une source de légitimité pour le pouvoir et la deuxième en constitue la force. En cas de blocage de l’une des deux, l’autre continue à fonctionner. » Le Makhzen contemporain est donc fondé sur l’alliance originale et l’interaction de ces deux pouvoirs. Ébauché par Mohammed V, ce « néo-Makhzen » a été perfectionné et affiné par son fils, Hassan II, par un large éventail de moyens.

    Des moyens institutionnels, tout d’abord. Hassan II a fait un usage extrêmement rentable de la Constitution et des divers textes de loi, dans le but de se construire un parfait « arsenal légal de l’absolutisme ». Des moyens politiques, ensuite. Les opposants au pouvoir royal absolu ont été, dans les premiers temps, impitoyablement châtiés, voire physiquement liquidés. Puis, la conjoncture politique évoluant, ils ont évolué au gré des circonstances et des prises de position, pour reprendre Rémy Leveau, « entre cooptation et prison ». Politiquement parlant, le Makhzen est donc l’arène de tous les rapports de forces. Avec le roi dans le rôle du matador…

    Idem sur le plan sociologique. Qu’il s’agisse de la position de classe, de la richesse, de l’appartenance tribale… tout, dans le système-Makhzen, est prétexte à rapport de forces. Quand deux Marocains imprégnés de la culture-Makhzen se rencontrent, ils agissent comme deux fourmis qui se touchent les antennes. « Qui est le plus fort de nous deux ? » Critère : la hogra (« mépris »). Le « supérieur » l’exprime, l’« inférieur » l’encaisse. Socialement, on pourrait donc définir le Makhzen ainsi : une pyramide de positions hiérarchiques, dont le sommet est le roi, la base les plus faibles, et le corps toute la population marocaine. Autrement dit, l’exact contraire de la démocratie.

    Petite rectification: C’est le 8 septembre, à l’annonce des résultats provisoires, et non le 9 que je me suis rendue au QG du PJD.

  9. Tres bon article et reportage mais il y a des fautes d’orthographe dans le reportage qui craignent. Du style « deceloppement » ou encore « malgres ». Un peu de serieux.

  10. Merci Ilhem ! C’est le côté vécu qui semble si difficile à transmettre. Continues à envoyer des sujets si tu peux, sorti des riyads rachetés par nos élites on a pas grand chose de valable en télé sur le Maroc .

  11. Il y a un arcticle assez alarmiste dans Marianne de samedi qui fait un paralléle entre le développement de l’islamisme armé au Maroc et son retour en Algérie, sur la base de l’évolution politique et sociale en cours et des niveaux semblables d’abstention.
    Exagéré ou pertinent?