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PATRONS / SANS-PAPIERS, MÊME COMBAT?

Publié le | par

Aujourd’hui, de nombreux patrons réclament la régularisation de leurs employés sans-papiers, en grève depuis plus de deux semaines. Certains, comme le directeur de la chaine de restaurants « Chez Papa », se drapent dans les médias de la cape de l’employeur abusé par ses salariés, et se déclarent aujourd’hui beau joueur, et solidaire. Ce n’est pourtant pas tout à fait la version des employés.

dessin : xavier lacombe

A ce jour, trois salariés sans-papiers du café de la Jatte, à Neuilly, ont reçu leurs récépissés de régularisation, préalables à l’obtention d’un titre de séjour. Il s’agit des premières régularisations depuis le début du mouvement.

Les autres attendent. Parce que Président de la République l’a redit, ce sera du cas par cas. Dans le cadre de la loi : l’article 40 de la loi du 20 novembre 2007 et une circulaire du 7 janvier 2008 offrent en effet la possibilité de régularisation sur demande de l’employeur, à condition que le salarié ait un contrat d’un an minimum et travaille dans un secteur « en tension »…

alors, même combat ?

Quand Libération publie en une, vendredi 18 avril, une photo du patron du restaurant « Chez Papa » entouré de trois de ses salariés sans papiers, la grève de ces derniers dure depuis 4 jours. Comme de nombreux patrons de la restauration ou du bâtiment touchés par le mouvement de grève des employés sans-papiers, Bruno Druilhe, directeur et fondateur de la chaine de restaurant de spécialités du Sud-Ouest, réclame la régularisation de ses salariés.
Mais il affirme avoir été trompé par leurs faux papiers, et ne s’être aperçu du problème que lorsque la préfecture lui a demandé d’envoyer les papiers de ses salariés pour une vérification, comme obligé par le décret du 1er juillet 2007. Autrement dit, il n’est aucunement responsable, et est certainement tombé des nues en apprenant que la quasi totalité de ses cuisiniers n’avaient pas de papiers – certains travaillaient chez lui depuis neuf ans. Il le redira aux médias venus réaliser un sujet dans son restaurant, et même à Marc-Olivier Fogiel lui même, dans l’émission du 29 avril de « T’empêches tout le monde de dormir », sur M6.

Lorsque La Télé Libre s’était rendue dans le restaurant Chez Papa du Xème arrondissement, le siège de la chaine, au premier jour de la grève, plusieurs des employés et ex-employés de « Papa » nous avaient pourtant affirmé le contraire. Ainsi Gaye Kebe, entré Chez Papa comme plongeur en 1999. Il est alors embauché avec une fausse carte de séjour, mais pas de numéro de sécurité sociale. La direction ayant fait une demande auprès de l’Assurance Maladie, s’est vu répondre que ce n’était pas possible, les papiers de l’employé étant faux. Le directeur aurait alors dit à Kebe qu’il pouvait continuer à travailler, mais qu’il lui faudrait se débrouiller pour obtenir un numéro de sécurité sociale, chose faite en 2002 suite à un changement d’adresse.

C’est une histoire à peu près similaire que nous raconte Issa Sakho, entré Chez Papa il y a cinq ans. A la différence près que lui a été renvoyé il y a deux mois, après que ses papiers aient été déclarés faux par la préfecture. Sakho affirme que son patron connaissait très bien sa situation, et qu’il avait l’intention de licencier petit à petit tout les employés sans-papiers.

C’est cette crainte qui a motivé Gaye Kebe et les autres à réagir avant de se retrouver à la porte, sans droit au chômage, toutes leurs années d’ancienneté parties en fumée. Après avoir vu le succès de la grève des employés sans-papiers du restaurant de la Grande Armée, qui avaient été régularisés après un mouvement encadré par la CGT, les sans-papiers de Chez Papa décident de se syndiquer. Ils racontent les réunions secrètes, chaque dimanche, pour préparer la grève, et ce dernier dimanche où la date du 15 avril est décidée.

Leur irruption dans le restaurant le mardi matin déclenche la fureur de Bruno Druilhe. Il est furieux, dit qu’on ne l’a pas informé, refuse de leur laisser l’électricité et l’accès aux toilettes du restaurant pendant l’occupation. Depuis, Synhorcat, son syndicat, s’est officiellement prononcé pour la régularisation des salariés sans-papiers, l’électricité a été rallumée, les toilettes rouvertes. Les moments sont rares où les intérets des salariés et des patrons convergent. Ici la régularisation signifie pour les uns pouvoir travailler en sécurité, pour les autres faire tourner leur commerce.

Doit-on pour autant écouter les patrons plus que les sans-papiers ? L’article de Libération reprend à son compte la version du « patron bon vivant, au fort accent aveyronnais », et explique qu’il « a découvert le pot aux roses en juillet ». Sur le plateau de Marc Olivier Fogiel, ce n’est pas un employé de Chez Papa qui était invité à raconter son histoire, mais un vigile du magasin de vêtements Fabio Lucci. Maxime Gremetz, député communiste présent sur le plateau, peux donc citer Bruno Druilhe en exemple de ces patrons généreux et solidaires de leurs employés. Les employés de Chez Papa auraient-ils tous inventé leur histoire ? Même sans-papiers, leur parole mérite peut être d’être entendue…

Joseph Hirsch

Caméra : Morgann Martin

Montage : Anthony Santhoro

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Les commentaires (27)

  1. Ouh la… attention, la droite, ça peut faire mal… surtout dans la tête. Faut reconnaître qu’il y a une différence entre l’exploitation de noirs sans-papiers payés au black, et des blacks avec bulletins de paie qui paient des impôts!! Quant à l’exploitation dans la restauration, elle atteint un pic tous les étés, avec ou sans papiers. Comme l’a dit Sarko, avec « la main d’oeuvre du sud et l’intelligence du nord » (sic!), on va pouvoir faire des affaires. Heureusement, Monsieur Brice va nous régler ça au cas par cas, du moment qu’on en expulse 25000!!

  2. Qui peut croire que ces patrons ont simplement une démarche « humaniste » dans cette histoire ? Le seul but de ces « gentils patrons » est que le boulot reprenne au plus vite, qu’on ne vienne pas trop fourrer le nez dans leurs affaires et leur recours à une main d’oeuvre corvéable à souhait, et puis surtout : Qu’ils puissent continuer à avoir une main d’oeuvre pas chère, et grossir leurs marges. C’est le seul combat qui les anime. C’est pitoyable, et ceux qui soutiennent cette démarche (CGT en tête) devraient se demander s’il ne s’agit pas de cautionner une sorte d’esclavage moderne. Pitoyable !

  3. Dans cette histoire, si compliquée que même notre glorieux Président élu s’en emmêle les pinceaux, je trouve qu’il y a beaucoup de manipulations de part et d’autre.
    D’un côté nous avons une population d’immigrés illégaux qui travaillent légalement depuis des années dans des entreprises peu regardantes (pourquoi, on verra plus loin). De l’autre nous avons des patrons qui se la jouent solidaires de cet état de fait, et jurent la main sur le cœur qu’on les a abusé.
    Alors d’accord, ces employés sont dans l’illégalité du point de vue de la loi sur l’immigration, mais également dans celui du code du travail. Ledit travail ayant été obtenu de manière frauduleuse en fournissant de faux papiers. Mais pour qu’une telle concentration d’employés illégaux se retrouve dans une même boite, il faut bien qu’il y est complaisance ou complicité quelque part. Les raisons qui ont poussés ces patrons à ne pas respecter les règles ne sont certainement pas humanistes, comme le dit Lorenzo. Je soupçonne plutôt cette mansuétude d’être une forme de moyen de pression pour obtenir des employés conciliants, bosseurs et surtout muets. Pour preuve, si l’on avait à faire à des patrons « citoyens », employeurs de clandestins pour des raisons humanitaires (ce qui entre nous ne me choquerait aucunement), ceux-ci n’auraient pas engagé des procédures de licenciement dès que les lois se sont durcies. Se déclarer outrés n’est qu’une façon pour eux de protéger leurs fesses dodues et d’éviter de fermer boutique.
    Manipulations donc : De la part de travailleurs clandestins qui se retrouvent le dos au mur et obligés de se battre. De la part des syndicats qui profitent de l’histoire pour redorer leurs blasons. Et de la part des patrons qui ne demandent rien de moins que de reprendre leurs petites affaires en pleurant sur leur main d’œuvre, usable et corvéable à merci, bien aimée.

  4. Complètement en accord avec vous, mais de toute façon, la pression est grande pour tous les travailleurs de base: « si ça te va pas, y’en a dix qui attendent » est l’argument préféré de tous les employeurs de main d’oeuvre… alors, on imagine la pression qui doit s’exercer sur les travailleurs en situation irrégulière. Quand j’entends qu’il payait 1400€ d’impôt, on pourrait penser que compte tenu du salaire horaire dans le milieu de la restauration, il devait gagner assez bien sa vie… sauf que ce salaire était pour combien d’heures par jour et combien de jours par semaine?… Aux states, le modèle pour Sarko, les travailleurs précaires cumulent deux à trois jobs et travaillent 17h par jour pour avoir un salaire suffisant pour vivoter, et s’ils sont massivement de couleurs pour ce genre de conditions, leurs chefs sont généralement des Wasp, des bons blancs, qui eux n’ont pas besoin de s’épuiser au travail pour vivre. Hier aux states, demain chez nous.

  5. pas demain chez nous ! Déjà chez nous !
    Courage Joseph , les patrons ont l’honneur sensible .Il ne faut pas y toucher …

  6. suffit de gagner 1700 € /mois et etre célibataire, moi je suis à la poste ( conseiller) et je fais pareil

  7. donc si je comprends bien, un gars qui n’est pas immatriculé à la sécu ne peut pas être déclaré aux différentes caisses de cotisations.
    Alors quand le boss reçoit les appels de cotisations trimestriels de l’Urssaf, Assedic, retraite … il fait quoi ? et à la fin de l’année, il remplit comment sa DADS ? est ce qu’on pourrait poser cette question au comptable de cet établissement ? merci

  8. On parle de manipulation « De la part des syndicats qui profitent de l’histoire pour redorer leurs blasons »

    C’est un peu facile de crier à la manipulation sur des personnes, et (en l’occurrence membres d’un syndicat) qui agissent pour faire bouger les lignes et briser le tabou de l’emploie des clandestins. les syndicats sont là pour mettre à la disposition des travailleurs les moyens de porter leur revendications. C’est ce qu’à fait la CGT et ceux à qui ça ne plait pas devraient réfléchir à ce qu’aurait été le mouvement sans l’appuie de forces militantes. Serait-on aujourd’hui en phase d’étudier les cas de 600 êtres humains qui mérite qu’on les traite comme tel, le débat aurait-il été aussi médiatisé, l’image du clandestin à ce point changé qu’on ne le considère plus comme un avide profiteur du système français mais comme un camarade qui a les mêmes aspirations et les mêmes droits que tout autre Homme sur le sol français ?

    Tous ça profite à l’image des syndicats ? Quoi de plus normal quand ils font avancer la société dans le bon sens ?

  9. Cest toujours un peu chaud avec Joseph Hirsch ! Parce qu’il pose les bonnes questions ou parce qu’il pose celles qui fachent?
    Les deux mon capitaine.

    Spéciale dédicace à toi, « Papa », si tu me lis:
    « T’ES PAS MON PEEEERE ! »

  10. Ce charmant « papa » s’en sortira : après tout Hortefeux est un homme sensible… au problème des patrons négriers qui ont voté pour lui !
    Abusé…? Qui le croit ? Paternaliste, le papa ! On peut pas tous les virer d’un coup..ça fait désordre et ça bloque le tiroir caisse…mais à petit feu …Hortefeux me fournira les mêmes estampillés « bons pour le travail régularisé « ..les autres : on vire !

    Quand the president himself confond une nationalisation avec une carte de séjour, faut pas trop espérer de BRICE la Police…

    La CGT pourrait profiter de l’occasion pour renégocier les conventions collectives de la restauration, bars et ce qui va avec : blanchisserie par exemple..car là, même blancs, français, en règle, les conditions de travail et de salaires ont encore le doux parfums de « l’exploitation des masses laborieuses » …!

  11. Spéciale dédicace à Libé pour la photo de famille !

    Chez moi, en zone viticole, les exploitants agricoles, les bien nommés, votent FN ou Sarko et font travailler des familles entières pas très régularisées non plus !

    Encore des « abusés » !

  12. @JJ. On est d’accord, je ne conteste pas la légitimité de la CGT dans cette affaire, loin de là. Je constate simplement que l’opération n’est pas exempte d’une certaine communication du syndicat vers le gouvernement. L’occasion d’utiliser une embrouille pareille, lourde de sens social et d’affectif, est trop belle. Tout le monde communique dans cette affaire, les sans-papiers, les patrons et la CGT. Et qui dit communication, dit forcément manipulation.

  13. je ne comprends pas si c’est positif ou negatif pour « chez papa » le restaurant du carrément grand sud ouest surtout sud.
    faire bosser des gens depuis 9 ans c’est un gage de stabilité et je ne jete pas la pierre du tout au patron.
    cela dit c’est devenu tout sauf une auberge du sud ouest maintenant qu’il a pas mal de points de vente (et non plus restos): la taille des salades a fondu pourtant elles etaient bien proportionnés….
    moi je suis choque par cette non regularisation des gens qui paient des impots en france.alors patron il faut que tu obtiennes les papiers de tes gars qui sont en cuisine depuis 9 ans.

  14. ceci dit, à propos d’impôts, les prostituées payent elles aussi des impôts, et pire, les trafiquants de drogue reçoivent en prison une feuille d’impôt sur les bénéfices supposés de leur illégal négoce… il n’y a guère que les escrocs en cols blancs qui échappent à l’impôt…

  15. A monsieur tout le monde,je pense,quoiqu’un escroc qui paye ses impots,est toutefois mieux considere par l’etat Ces patrons sont vraiment une honte pour la profession et je soulignerai tout simplement que « la confiance n’exclut pas le controle » Al’heure de l’informatique tout est falsifiable ,et le moindre papier doit etre verifie.Il n’a donc aucun argument valable et comme nul est cense ignorer la loi ,il doit etre condamne pour l’exemple.

  16. Lucifer, un escroc à col blanc c’est l’opposé d’un ouvrier aux mains noires… c’est quelqu’un qui à lui tout seul entube plus l’état qu’une légion de faux rmistes, et cela avec la complicité de quelques édiles qui leur assure l’impunité de leurs malversations… c’est un non imposable aux revenus pourtant somptuaires… c’est quelqu’un dont la part salariale est mini-mini mais qui a beaucoup beaucoup de frais non imposables…

  17. description intéressante ! cruellement précise dont je sais qu’elle n’est que trop vraie .!

  18. Je l’ai vu ton lucio , aslan !!
    Juste ce qu’il faut pour illustrer les escrocs en col blanc! mais eux aussi ,c’était pour la  » bonne cause « 

  19. post 19: J’avais entendu parler de cette affaire… mais avec les plaisantins de ce type, l’état ne rigole pas du tout… au fait, qu’est devenue la liste des 200 noms de contribuables français qui pratiquaient l’évasion fiscale et se sont faits repérés à cause des inspecteurs des impôts agissant sous ordre d’angela merkel dans le cadre d’une « purification fiscale »??… Youhou, madame Lagarde, arrêtez de regarder ailleurs, il y a peut-être de quoi remplir les caisses de l’état autrement qu’en ruinant les pauvres…

  20. Il faut arréter l’hypocrise ! Quand Sarko dit que être sans papier est inégale en france il a pas tort mais que dire de la plupart d’entre qui de part le fruit de leur travail participe à l’économie de notre pays et ceux avec l’accord de leur patrons qui y trouvent le moyen d’employer de la main d’oeuvre à bas prix. On ne peuont pas acceuillir tout le monde mais ayons la désence d’apporter une réponse humaine à ces gens

  21. Patrons/Clandestins/UMPS/Extrême-Gauche même combat. Les esclaves des uns deviendront les électeurs des autres, c’est bien pensé tout ça quand même..

  22. Putain de patron qui menace le jeune journaliste. Face à un négrier comme cela il faut se muscler pour pas se laisser marcher dessus. Sinon, être plus gentil pour lui faire dire qu’il doit rembourser ses traites : ) et donc exploiter les derniers africains venus.

  23. Au hasard d’un googlage…
    C’est amusant de voir ressortir le cas Laluc Silvagni ici.
    Pour mémoire, le sens premier de leur « attentat administratif » portait justement sur la question de l’identité et du rapport existence réelle/existence administrative, portée au final à son paroxysme en obtenant de l’Etat le statut de multimillionnaire pour des gens qui n’existaient pas en vrai quand des vrais humains sont réduit au néant d’une limbe admnistrative par une cécité du système.