Dans ce quartier historique de la capitale où les musées et les hôtels particuliers se succèdent, le prix moyen du m2 s’élève à 10 541€. A Clichy-sous-Bois, où est né le collectif AClefeu après les émeutes de 2005, c’est à peine plus de 2000€ le m2, soit  cinq fois moins cher! Aujourd’hui, les militants du collectif ont décidé de traverser le périphérique, frontière entre deux mondes. AClefeu (Association collectif liberté, égalité, fraternité, ensemble, unis), vient d’investir l’hôtel particulier Chalon-Luxembourg datant du XVIIe siècle et classé monument historique. L’occupation de ce lieu, faite sans violence et de manière légale, est le fruit d’un accord passé avec le maire de Paris, Bertrand Delanoë.

Nous voulons remettre la banlieue au centre du débat électoral

Dénonçant le manque d’intérêt des candidats à l’élection présidentielle sur la question des quartiers populaires, ces militants ne sont pas venus brûler des voitures mais « remettre la banlieue au centre du débat électoral ». La tâche est difficile, tant le sujet est ignoré dans cette campagne 2012, ou bien traité de manière furtive dans le programme de certains candidats, à l’instar des 60 propositions de François Hollande où seul un passage fait référence aux banlieues. Face à ce constat, le collectif a décidé d’interpeller les candidats et de se présenter comme force de proposition.

Toute la gauche a répondu présente en assurant de son soutien et de son intérêt sur la question. François Hollande (PS), Eva Joly (EELV), Philippe Poutou (NPA) et Clémentine Autain (Front de gauche) se sont succédés au « ministère » la semaine dernière. La droite, quant à elle, n’a pas répondu à l’appel, préférant sans doute faire profil bas.

Sept ans après le « Karcher » de Nicolas Sarkozy, les quartiers populaires se sentent toujours mis à l’écart, victimes de l’indifférence des politiques. Ces territoires méritent d’occuper une place plus importante dans les débats présidentiels, d’autant que le vote des banlieues peut influencer le scrutin d’avril-mai prochain. En 2007, la candidate socialiste Ségolène Royale avait réussi à mobiliser les jeunes des quartiers populaires afin qu’ils aillent voter. Depuis, le « Plan Marshall » ayant fait long feu, l’abstention s’est de nouveau installée. Alors qu’en sera t-il pour François Hollande ? Quant à Nicolas Sarkozy, alors qu’il déclare qu’il a « besoin de tous les Français », il sera difficile pour lui de rallier les banlieues à sa cause, compte tenu du discours blessant et stigmatisant tenu pendant son quinquennat.

N’Fanteh Minteh
Image: Vincent Massot

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