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Ahmed Adam, le Marathon d’un Réfugié

Publié le | par

[MIEUX ACCUEILLIR LES MIGRANTS – REDIF] Ahmed Adam, marathonien soudanais, réfugié à Paris. 20 ans plus tôt, il participait aux Jeux Olympiques d’Atlanta. En 2016 ans à 52 ans, il s’entraînait en vue de courir le semi-marathon de Paris. Ses deux professeurs de français bénévoles, Marion Despouys et Marion Mare, l’ont soutenu dans cette aventure, chacune à leur manière. Mais en parallèle, Adam affrontait déjà une autre épreuve : sa demande d’asile en France. Aujourd’hui, Adam vit à Cherbourg, où il a obtenu son statut de réfugié.

PREMIÈRE DIFFUSION : 1ER AVRIL 2016

Ahmed Adam LaTéléLibre

Accompagner un athlète pour qu’il coure le semi-marathon de Paris… N’est-ce pas réaliser un marathon en soi ? Alors, quand le coureur en question ne parle pas un mot de français et que sa situation administrative est précaire, l’aider devient une véritable course contre la montre.

Dans cette histoire, nous sommes deux Marion à soutenir Ahmed Adam, ce marathonien soudanais attachant et discret. Moi, Marion Despouys, journaliste et professeur de français langue étrangère bénévole. Et Marion Mare, professeur d’histoire-géo dans un collège de banlieue parisienne, ancienne athlète de haut niveau et aussi professeur de français bénévole.

Ahmed Adam a couru de nombreux marathons dans sa vie. Au Kenya, au Soudan, en Lybie, et d’autres en Arabie Saoudite, en Turquie… En 1996, il a fait partie de la petite sélection soudanaise qui s’est envolée vers les Etats-Unis pour participer aux Jeux Olympiques d’Atlanta. Il y réalise une contre-performance, 2h25 minutes pour 42 kilomètres, et termine à la 68ème place, bien en-deçà de ses attentes. Le souvenir de ce marathon raté reste amer, et Adam n’en parle pas volontiers. De manière générale, Ahmed Adam est un homme de peu de mots.

Cinq mots de français

Originaire du Darfour, Adam parle le four, sa langue maternelle, ainsi que l’arabe soudanais. Il baragouine un anglais précaire qu’il a glané au cours de ses voyages, lorsqu’il était athlète de haut niveau.

C’est en lui donnant des cours de français dans un centre de demandeurs d’asile à l’automne dernier que je l’ai rencontré. Il était au départ mon seul élève débutant. Adam, surnommé « coach » par les autres occupants du centre, ne connaissait en tout et pour tout que cinq mots de français : bonjour, bonsoir, manger, thé, café.

Au fil des leçons, j’ai appris à le connaître, surtout à travers nos échanges en anglais. J’ai tenté de lui transmettre quelques notions de français, un bagage de survie qui lui serait utile dans la vie de tous les jours. Des choses aussi simples que « Je voudrais un café, s’il-vous-plaît », ou « Comment ça va ? ».

Dans ce centre d’hébergement, perdu au fond d’une zone d’activité grisâtre et déprimante de Seine-Saint-Denis, face au regard brillant et modeste de cet homme mince, j’ai senti une transmission et une amitié se lier, au-delà des mots.

Au cours de nos balades, le long du canal de l’Ourcq, Adam m’a raconté l’histoire de son exil qui l’a conduit à fuir le Darfour, puis à laisser sa famille à Karthoum, la capitale du Soudan, avant de prendre la route pour la Lybie, direction la Grèce, où il est resté six ans, avant de débarquer en France en septembre 2015 après une longue traversée de l’Europe.

Courir pour ne pas disparaître

Marion Mare a quant à elle noué un lien particulier avec Adam, porté par leur passion commune de la course. Avec son réseau dans l’athlétisme, elle a réussi le tour de force de lui obtenir en dernière minute un dossard pour le semi-marathon de Paris du 6 mars dernier. Grâce à elle, un journaliste du Monde s’est intéressé à son parcours en lui consacrant une belle page dans le supplément sport du week-end. Un coup de projecteur qui a attiré l’attention sur Adam.

Aujourd’hui, de nombreuses personnes ont décidé de le soutenir en lui offrant du matériel d’entraînement et de l’argent pour financer son aller-retour à Paris afin de venir disputer le marathon de Paris, le 3 avril.

En racontant l’histoire d’Adam, j’ai voulu parler d’un homme qui garde le cap grâce à la course. Adam a d’abord couru par passion, puis pour sauver sa peau et celle des siens en fuyant son village. S’il court encore aujourd’hui, c’est certainement pour renouer un lien avec son passé d’athlète, pour ne pas disparaître complètement. Il court pour oublier sa condition, pour oublier son chagrin et tromper la longue attente de la réponse de sa demande d’asile. Il court pour continuer à vivre malgré tout.

Journaliste : Marion Despouys
Images : Mélanie Duquesne, Tristan Grujard, Flore Viénot
Montage : Mars Lefébure
Coup de pouce : Vincent Massot, Thibault Pomares

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Les commentaires (8)

  1. Très bon reportage, collègue.
    Pour aller plus loin (pas plus de 42 kilomètres… ouarf !) et se donner une idée de cette épreuve sportive particulière, vient de sortir de livre de Pascal Silvestre : « Marathon » (éd. JC Lattès).
    De quoi comprendre ce sport individuel, ce « rendez-vous avec soi-même ».
    Bise Marion.

  2. Vu le 23 avril…merci à toute l’équipe de mettre en lumière cet Homme qui le mérite comme tant d’autres
    Que devient Ahmed ? A t-il eu ses papiers ? A t-il rencontré des gens sympa à Cherbourg ?
    Continuez un jour grâce à vous on vivra peut être dans un monde plus solidaire, ouvert dans lequel la Déclaration Des Droits de l’Homme sera respectée…
    Bisous particulier à Marion D
    ttt

  3. C’est beau de voir des gens garder espoir et ne pas abandonner pour tout donner. J’espère qu’il ira jusqu’au bout.