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[DOC] De Tout Petits Gestes

Publié le | par

À l’approche de l’hiver, misère et précarité deviennent des sujets routiniers pour les médias nationaux. Derrière les chiffres et les commentaires se cachent avant tout des parcours de vie. À Paris, les bénévoles de l’association Montparnasse Rencontres se relaient pour accompagner dans leurs démarches administratives sans-papiers, SDF, chômeurs et jeunes précaires. À côté du vestiaire à 1 euro pour un manteau hivernal ou de la halte-garderie, le 92bis Boulevard Montparnasse est avant tout un lieu de vie et de solidarité, où les bénéficiaires viennent chercher un peu d’écoute et de réconfort.

« Aujourd’hui un salaire n’est plus une sécurité ». Pour Véronique, éducatrice spécialisée au chômage, la précarité est une réalité à laquelle tout le monde peut être confronté. En attendant son colis alimentaire hebdomadaire, cette bac +3 côtoie Idrissa, jeune travailleur sans logement, venu domicilier son courrier à l’association ou encore Yousiph, réfugié irakien en attente de titre de séjour.

Face à ces situations souvent dramatiques, Edouard, Hervé et les autres bénévoles se battent pour « transformer la désespérance en espérance ». Parmi eux, d’anciens bénéficiaires profitent de leur expérience pour être au plus proche des accueillis.

Une expérience privilégiée

Pénétrer dans un lieu d’accueil de jour, être invité aux scènes de la vie quotidienne sans contraintes, sans habillage ni commentaire, fut une expérience privilégiée. Cette rencontre, nous avons voulu la rendre au plus juste, et choisi de laisser toute la place aux mots de ceux qui peuplent le 92bis Boulevard Montparnasse – accueillants comme accueillis. Au cœur de la « galère », comme tout le monde l’appelle ici – comme si c’était un lieu d’où l’on vient, et où l’on finira forcément par se perdre – Montparnasse rencontres n’a que très peu à offrir : quelques sacs de nourriture, quelqu’un qui vous accompagnera à Pôle Emploi, ou à la Préfecture, et des téléphones où il faut attendre de longues heures avant d’espérer parler à quelqu’un. Un lieu de spécialistes en musiques d’attente de centre d’hébergement. Où chaque geste compte, même le plus petit. Où chaque rencontre frappe, où chaque mot marque.

 

Ainsi l’histoire de Mademoiselle S., étudiante l’année dernière encore, et aujourd’hui SDF, depuis un mois et demi, qui nous a particulièrement touchés. Parce que ça pourrait être nous. Notre frère, notre petite sœur. Et qu’alors, on voudrait qu’il y ait quelqu’un pour tendre la main, quelqu’un pour dire encore bonjour, et ouvrir la porte devant vos pas. Mademoiselle S. ne figure pas dans ce reportage, même si elle avait accepté de se confier à nous. Mais nous avons gardé contact avec elle, et aujourd’hui, par la grâce de ces « petits gestes », elle se bat pour sortir la tête de l’eau. Et elle est en passe d’y arriver.

Yasmine Tashk
Pauline Compan
Marie-Carline Chardonnet
Formateur: Romain Potocki

Image : Yasmine Tashk, Pauline Compan, Marie-Carline Chardonnet, Romain Potocki
Montage : Romain Potocki

Remerciements

Frédéric Vuillod, John Paul Lepers, Hervé de la Moissonnière, et tous ceux qui ont accepté de nous offrir un moment de pause au cœur de leur galère.

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Les commentaires (3)

  1. Un montage tout en finesse et délicatesse. Un docu comme on aimerait en voir plus souvent. Bravo Yasmine, Pauline Marie-Carline et Romain !

  2. Beau reportage.
    Pour prolonger l’expérience, rien ne vaut le site de la campagne 2010 du Samu Social qui nous plongeait en temps réel dans la journée complète d’un sans abri.
    Les attentes, les errances, les démarches administratives, les quêtes… Une journée bien occupée qui obère beaucoup des possibilités de s’en sortir seul (ce que décrivait déjà admirablement bien Orwell en 1933 avec « Dans la dèche à Paris et à Londres » !).
    http://danslapeaudunsansabri.com/

  3. Bravo !

    C’est pudique, on est là avec eux, y’a des sonores et du bon son, des gens et des images. Félicitations à l’équipe ! Clin d’oeil à Romain dont les conseils ont du être précieux.

    Encore !