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Femme Ta Gueule

Publié le | par

Sophie Tissier est celle qui a osé dénoncer les conditions de travail des intermittents en direct sur le plateau de « Touche pas à mon poste », et qui, jour et nuit, était engagée dans le mouvement Nuit Debout. Elle raconte ici comment, dans le monde militant aussi, la parole des femmes peine à se faire entendre.

sophie tissier

Les femmes sont bavardes : faux !

Les femmes parlent plus que les hommes. C’est en tout cas l’idée qu’on se fait. Mais si cela vrai dans la sphère privée de la relation intime, les analyses sociologiques montrent que dans la sphère publique des réunions, séminaires, débats télévisés ou discussions de classe, ce sont les hommes qui occupent le plus le temps de parole.

Et d’après ces mêmes études, corroborées par l’expérience et les témoignages de femmes en entreprise, en politique ou même au sein de mouvements sociaux, les hommes ont tendance à interrompre la parole lorsque c’est une femme qui la tient. Également, les femmes qui parlent de façon péremptoire et occupent l’espace sont plus susceptibles d’être considérées de façon négative.

La parole interceptée par les hommes

Les femmes de l’administration Obama ont ainsi constaté qu’il leur arrivait régulièrement de ne pas être invitées à des réunions et que, quand elles étaient présentes, elles étaient moins écoutées que les hommes. L’occasion pour les féministes américaines d’enrichir le vocabulaire : « Manterrupting  », contraction de «  man  » et «  interrupting  », pour désigner le moment où un homme coupe la parole à une femme, souvent sans voir où est le problème. Et aussi « Bropropriation  », contraction de «  bro  » (mec) et de «  appropriation  », pour désigner le fait pour un homme de reprendre une idée émise par une femme comme s’il en était à l’origine.

En janvier 2015, la numéro 2 de Facebook Sheryl Sandberg, et le professeur de l’université de Pennsylvanie Adam Grant dénoncent aussi dans une tribune du New York Time la difficulté (l’impossibilité même) pour une femme à prendre la parole au sein de son entreprise. « Quand une femme prend la parole dans le milieu professionnel, elle se retrouve en position d’équilibriste. Soit elle est à peine écoutée, soit elle est jugée trop agressive. Quand un homme dit la même chose, tout le monde hoche la tête pour saluer sa brillante idée. Les femmes en concluent que mieux vaut en dire le moins possible ». Conclusion plombante…

Sophie Tissier, militante pour les droits des intermittents et ancienne Nuit-deboutiste, dénonce les mêmes mécanismes dans le monde du militantisme. Statistiques à l’appui, sur la place de la République c’était 1/3 de temps de parole pour les femmes pendant les Assemblées Générales de Nuit Debout. Et « dès qu’une femme prenait la parole, très rapidement on lui disait d’arrêter « . Elle conclue à sa manière :  » en fait, une femme qui s’exprime, c’est une chieuse, ou une hystérique ».

Et le Verbe…

Ce n’est pas seulement la Bible qui le dit, le Verbe créé et transforme bien le monde, c’est sa fonction performative, lorsque le mot se fait acte. Pour Sophie Tissier,   » la parole c’est libérateur, c’est ce qui émane de l’esprit, c’est le premier passage à l’acte ! « . C’est ainsi que les personnes qui parlent le plus sont celles qui dominent…

Alors les féministes américaines s’efforcent à créer le monde en inventant des mots. « Amplification » désigne désormais ainsi la stratégie qu’ont adopté les femmes de l’administration Obama qui ont un jour décidé de la jouer collectif : quand une femme avançait une idée importante, celle qui parlait ensuite devait la reprendre et rappeler qui l’avait émise. Le but : imposer les contributions des femmes dans la discussion et éviter que des idées émises par des femmes ne soient reprises par des hommes, qui se les approprieraient alors.

De son côté, depuis 3 ans Sophie Tissier prend la parole lors des assemblées militantes auxquelles elle participe. Car pour elle désormais, sans parole, « c’est l’âme qui devient malade ».

Flore Viénot
Camille Saiseau

Des Liens

Vidéo où Sophie Tissier intervient en direct sur le plateau de « Touche pas à mon poste »

Article du Washington Post sur la réaction des femmes de l’administration Obama

Sexisme et science humaine

Tribune de Sheryl Sandberg et Adam Grant dénoncent dans le New York Time

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