La Cumbia ou apprendre à être belle

Frapper sur les tambour alegre, souffler dans les flutes de roseaux et les gaitas indiennes, secouer les maracas et taper les bongos, quel plaisir ! Un plaisir réservé au hommes dans la Cumbia colombienne. Dans cette musique traditionnelle née au XVIIe siècle de la rencontre des indiens, des esclaves africains et des européens, les hommes jouent, les femmes dansent et font les cœurs, qui accompagnent les textes, écrits par les hommes. Elles répètent ainsi des « si tu frappes dans tes mains je vais te chercher une fille ! » ou des « ils jouent avec la moto et dansent avec la brune, la bonde, la maigre et la grosse, et dansent comme ils veulent… ».

Et comme toutes les petits colombiens, Angela, Zulma, Luz et Silvia ont appris à danser dès qu’elles ont pu marcher. Et comme toutes les petites filles, elles ont appris à se déhancher, à être sensuelle, à être belle. A la place des baguettes et des tambours qu’on a donné à leurs frères, elles ont alors reçu une mini jupe, en même temps que la mission d’accompagner le groupe de musiciens, de leur voix, de leur bouches peintes et de leurs cils allongés.

« Quand tu commences à observer le machisme, tu te rends compte qu’il est partout! »

Par une belle période de raz-de-bol, installées en France, les quatre jeunes femmes -artistes, sociologues et ethnologues- se sont mises à se réunir pour mettre des mots sur ce machisme trop intégré, trop imprégné des deux côtés de l’Océan. Et, de réunion en réunion elles ont posé des grilles de compréhension sur la réalité du monde qu’elles avaient quitté et de celui qu’elles avaient trouvé. « Quand tu commences à t’intéresser à ça, tu te rends compte que le machisme est vraiment partout ! »

Et c’est la rage qui a laissé la place à la découverte. Une rage qui « pousse à l’action« , un « moteur« .

Faire de l’innovation à partir de la tradition

Puis par un beau jour de folie de l’été 2015, elles ont osé… se mettre à jouer des instruments interdits. Et posé d’autres mots sur les rythmes de leur culture métissée. Des mots qui leur ressemblent et qui revendiquent qui elles sont : des colombiennes, des musiciennes, des femmes. Rejointes par deux françaises, Justine et Isabelle, elles portent alors ensemble la voix d’une égalité vécue en même temps qu’espérée.

Flore Viénot
Camille Saiseau

Des Liens

Le site du groupe Valientes Gracias
Groupe de femmes luttant pour les femmes d’Amérique Latine