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Jean Mallot, le Parti d’en Rire

Publié le | par

Portrait de Jean Mallot, candidat factice aux primaires du Parti socialiste. Derrière une posture humoristique se cache un député pince-sans-rire qui ne supporte pas « le bal des égos » au PS.

Sourire en coin discret, yeux rieurs, Jean Mallot ne lâche pas le morceau. Est-il vraiment candidat aux primaires du PS qui se dérouleront cet automne? On a beau avoir vu ses clips parodiques et humoristiques, le doute persiste. Certainement parce que le bonhomme renvoi l’image d’un homme sérieux, dépourvu d’humour. Il le sait et en joue. « Je n’ai aucun humour […] je ne suis pas un humoriste, je ne comprends pas pourquoi on m’invite pour parler d’humour, puisque ma démarche est la plus sérieuse du monde », se plaît-il à rappeler dès qu’on lui tend un micro. Mais cette candidature? Intox, satire, véritable ambition? Passez votre chemin ! Jean Mallot ne dévoilera jamais le pot aux roses. Il prend trop de plaisir à détourner la question. Oui, il est candidat et rien ne l’empêchera d’aller jusqu’à l’Elysée.

Mais qui est cet hurluberlu qui prétend pouvoir briguer la présidence? Un élu comme un autre. Jean Mallot vient de la terre. Fils d’un paysan de l’Allier, il quitte les contreforts de la montagne bourbonnaise pour rentrer à l’ENA d’où il sort en 1984. Pur produit de « l’école comme ascenseur social », il gravit un à un les échelons de la fonction publique territoriale, « en apprenant en s’amusant ». Déjà, cette référence à l’humour. En 2007, après trois tentatives infructueuses, Mallot ravît la 3ème circonscription de l’Allier sous la bannière du PS.

Des ministres chargés « du bon temps » et « des gras doubles »

Mais à dire vrai – et quoi qu’il en dise- Jean Mallot est plus connu pour ses agissements sur le web que pour son travail de député. L’histoire de sa notoriété – relative – commence le 18 juin 2009. Dans un message posté sur son blog, Jean Mallot lance son « appel du 18 juin » :  » Porté par mes convictions, je présente donc aujourd’hui, devant vous et publiquement, ma candidature aux primaires à gauche pour l’élection présidentielle de 2012. En effet, aucun autre socialiste ne peut mieux que moi de porter le renouvellement et sortir notre pays et le monde de la crise actuelle. »

Immédiatement, un comité de soutien se monte. La liste est éloquente. La plupart des représentants socialistes, du conseiller régional aux « éléphants », y sont mentionnés « à leurs initiatives », précise Jean Mallot. Chacun occupe un poste aussi inutile que le précédent. « Chargé du bon temps », « ministre des gras double », « ministre de l’Intérieur et des uniformes » ou encore « chargé de rien et de l’article 11 ».

Un clip, un message

Mais derrière cette vaste blague se cache un message beaucoup plus sérieux. Au fond, Jean Mallot n’a pas envie de rire. La montée des ambitions chez les diadoques du PS et « le mépris du président de la République pour les Français », le révolte. EN 2009, il décide de partir en croisade, avec le Net comme arme. Il sait pertinemment que son statut de député de l’Allier ne lui confèrera pas une grande audience, alors il passe par la Toile. Avec une équipe de « jeunes collaborateurs pleins de bonnes idées », il diffuse des clips le mettant en scène. Dans un pastiche de clip de campagne présidentielle, il claironne que « sa voix porte très loin » et qu’il sera forcément élu. Chacun de ses clips se termine sur la même scène. Le député lâche « Je suis Jean Mallot et j’approuve ce message » avant de boire un café. S’en suit une voix suave qui souffle : »Jean Mallot 2012…Qui d’autre? ». Dans le même temps, Mallot lance son site pour la campagne : jeanmallot2012. « Le but n’est pas de se faire connaître », jure Jean Mallot. « Chaque clip essaye d’émettre un message le plus simple possible. Il y a très peu de textes, il y a des images et des références qui véhiculent des messages simples : les Français veulent avoir un grand président, non pas par la taille, mais la grandeur politique. » L’ironie est grande, mais laisse perplexe à la première lecture. Sur internet, le second degré a du mal à faire sa place.

Mallot est conscient du risque qu’il prend avec ses clips à l’humour « so british », un brin absurde. Mais à la vue de ses « soutiens », les socialistes semblent plutôt bien accueillir la démarche humoristique. Des députés de la majorité ont même rejoint le comité de soutien. Mais depuis quelques temps, certains rient jaune. « L’affaire Strauss-Kahn » a sonné la fin de la récréation. Chez certains élus qui figurent sur la liste, c’est silence radio. On ne se prononce plus sur Jean Mallot. Ses proches, eux, jurent qu’il est inattaquable. Sur l’ensemble des 577 députés, il est reconnu comme l’un des plus assidus à l’assemblée. « Personne ne peut le traiter de guignol, car il est l’un des plus bosseurs d’entre nous », certifie Catherine Lemorton, députée de Haute-Garonne et ami du député de l’Allier. Finalement, Jean Mallot n’est ni un clown, ni un guignol. Comme il le dit depuis le début, il est seulement un homme sérieux.

Laurent Galinon
Vivien Chareyre

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Les commentaires (5)

  1. excellent ce Jean Mallot ! le paradoxe de ce reportage :celui qui veut faire rire est sérieux; celui qui est sérieux pour analyser ce candidat m’a fait rire de prétention! Jean Mallot, what else?

  2. Il a piqué le point rouge de LaTéléLibre (… Ou bien il est sponsorisé)
    (A propos de Point Rouge, vous n’en n’aviez pas fait un en Afrique, il y a quelques mois ? Je l’ai loupé, vous ne l’avez pas gardé, j’me trompe, ou je devrais m’occuper de mes oignons ?)

  3. Enfin c’est tout de même un candidat sérieusement moins drôle que le citoyen Pierre Cardonnel.
    Quant à son message il reste creux comme celui de ses comparses à la chambre.
    à mon épouse qui travaillait comme hôtesse, on avait appris que si elle n’avait rien à répondre ou dire, autant qu’elle sourie, ca ne la rendrait pas plus intelligente, mais assurément plus agréable à regarder.

    Voila Jean Mallot, un politique qui n’a rien à dire, mais qui en profite pour faire sourire. Ca ne le rend pas plus intelligent, ca ne nous avance pas dans la résolution de nos problémes, mais ca fait passer le temps de manière plus agréable.

    Moi tout cela me fait rire jaune.

    J’espère que les médias se disant libre porteront plus attention aux initiatives citoyennes comme celle d’EBR2012 et moins à ces gens-la.

  4. Jean Mallot risque de prendre cher !
    Mais se moquer de Sarkozy…ca n’a pas de prix :)
    PS: libérez DSK !