C’était un pari un peu fou… Inventer un personnage, « Julien Letailleur », qui serait candidat à l’élection présidentielle en 2017. Son visage est une mosaïque, parce qu’il n’existe pas, et qui représente pourtant chacun d’entre nous. Dans une époque où la crédibilité politique est au plus bas, gauche et droite se succédant au pouvoir de plus en plus impuissants, Julien veut porter l’espoir de ceux qui, comme le clamait Kennedy, se demandent ce qu’ils peuvent faire pour leur pays, et non ce que leur pays peut faire pour eux. Julien est dans la lignée des alternatives citoyennes de Taiwan, d’Islande, qui veulent gouverner autrement.

Julien est né le 3 novembre 2016 au NUMA, et nous étions à la maternité numérique. Il n’arrivera bien évidemment jamais à l’Élysée, mais son espoir est d’imposer dans le discours médiatique et politique des propositions simples et concrètes, dans une démocratie plus liquide, plus transparente, et moins verticale.

4 reportages sur ces initiatives citoyennes

Ce sujet est le premier des 4 réalisés par la Télé Libre qui suivent, en cette fin 2016, les initiatives spontanées, citoyennes et hors partis politiques, qui veulent un changement dans la gouvernance de la France.

En ce 3 novembre 2016, au NUMA, l’effervescence qui règne est celle d’un meeting politique. Certains font des affiches, d’autres gonflent des ballons, dressent le buffet ou vérifient une dernière fois les connexions internet, et le rétroprojecteur. Le clip de campagne, monté à la hâte la nuit précédente, est lancé pour vérification avant que les invités arrivent. Julien Letailleur, le candidat, s’étale en grosses lettres sur fond bleu.

La seule différence, et de taille, c’est que Julien Letailleur n’existe pas.

Bien sûr, il a une page Facebook, un compte Tweeter, une page Linkedin, car Julien est connecté, très connecté. Julien sera le trublion de la campagne présidentielle de 2017, c’est en tout cas ce que souhaitent ses créateurs. Au sein de ce collectif, qui refuse toute mise en avant, des start upers, des membres du groupe Les 100 Barbares, qui jonglent entre Slack et Skype, ultra connectés, et qui veulent faire entendre leur voix, mais aussi celle de tous ceux qui ne se reconnaissent plus dans l’alternative politique traditionnelle, démultipliée par les possibilité du numérique. A coup de Facebook live, de criées dans la rue, de meet-up (réunions collaboratives), ils veulent incruster dans la campagne un souffle nouveau. Et mettre en avant des initiatives citoyennes qui marchent.

Parmi les ateliers de la soirée : « Faut-il ubériser l’état ? ». La question est volontiers provocatrice, mais les 2 animateurs de l’atelier (les « sachants ») sont deux jeunes fonctionnaires de l’ARCEP, autorité de régulation des télécoms, brillants ingénieurs des Mines, qui souhaitent et veulent que l’état fonctionne mieux, tant il est vrai que sur plusieurs fronts les coutures craquent de toute part. Le Bon Coin (entreprise privée) fonctionne-t-il mieux que Pole Emploi pour trouver un emploi ? Comment éviter l’invasion des géants américains (les GAFA) et de leurs équivalents chinois (les BAT) dans des domaines régaliens : la santé, l’éducation, ou la culture ? Il va falloir, et vite, répondre à ces questions, sous peine de subir plutôt que d’agir.

Voici les 10 minutes intégrales de l’atelier, passionnant!

La démocratie participative, c’est sans doute ici qu’elle se construit, en tâtonnant, en essayant, en ratant aussi parfois, car c’est une expérience en temps réel. C’est pour cela que nous ouvrons notre série sur ces mouvements avec Julien Letailleur. Suivront laprimaire.org, MaVoix, et Voxe.

Journaliste : Christophe Tisseyre
Image/Montage : Flore Viénot

Des liens pour aider

Le site officiel de Julien Letailleur

Sa page Facebook

Les 100 barbares

Je crie donc j’existe