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La Dernière Colonie d’Afrique

Publié le | par

Le Sahara Occidental, Maroc, Algérie, Polisario… Vous avez au delà de 30 ans : ce sont des mots qui résonnent comme une actualité affadie par les années. En deçà, ça sonne creux. Le conflit qui oppose le Maroc et le Polisario est pourtant bien actuel et nous concerne plus que ce qu’on imagine… À Paris, Flore Viénot rencontre militants et réfugiés politiques Sahraoui, en lutte pour l’indépendance du Sahara Occidental.

Il existe une zone au monde qui, depuis plus de 40 ans, attend son statut juridique. Sur cette zone, un peuple qui craint de disparaître, épuisé par un conflit qui n’en finit pas. Un conflit dans lequel la France a une responsabilité, dans l’inconscience collective des français. Cette zone, c’est le Sahara Occidental, au sud du Maroc. Ce peuple : les sahraouis.

 

Un conflit qui oppose le Maroc au Polisario, aujourd’hui encore

 

Depuis le départ de l’Espagne de ses ex-colonies en 1975, un conflit oppose le Maroc au Front populaire de libération des sahraouis (le Polisario). L’Espagne à peine partie, le roi Hassan II lance une grande marche, la Marche Verte, qui mène 350 000 marocains à franchir la frontière du Sahara Occidental pour s’y installer.

 

Un vieux conflit donc, très actuel aussi, où les deux camps affirment toujours plus leur position : depuis 2007 Rabat propose l’autonomie du territoire du Sahara Occidental, considérant ce dernier comme étant rattaché au Royaume du Maroc ; quant au Polisario, mouvement politique et armé, il réclame la tenue d’un référendum d’autodétermination. Séparé par un mur de 2720 km construit en plusieurs tranches dans les années 1980 par le Maroc, le territoire est aujourd’hui divisé, contrôlé à 80% par Rabat (à l’ouest). A l’est du mur, c’est le Polisario qui administre, jusque dans les territoires algériens où vivent 150 000 réfugiés sahraouis et où s’est exilée la République arabe sahraouie démocratique (la RASD) fondée dès 1976.

 

carte sahara occidental

 

Et la France là-dedans?

 

Si la résolution du conflit incombe à l’ONU depuis le cessez-le-feu en 1991, la clé de sa résolution est, notamment, entre les mains de la France. Le rôle historique de cette dernière et sa position actuelle l’explique.

Pour la France, le Sahara Occidental fait partie intégrante du Maroc. Depuis 1975, les gouvernements qui se sont succédé n’ont jamais caché leur opposition à un Etat sahraoui qui serait indépendant car l’émergence d’un Etat sahraoui indépendant est perçue comme un facteur de déstabilisation du Royaume chérifien, au sein duquel la France a de grands intérêts, politiques, économiques, militaires et culturels. Avec près de 70 % du total des investissements étrangers directs au Maroc, la France en est le premier partenaire commercial et le principal investisseur (en concurrence avec l’Espagne).

En 2007 la proposition du Maroc pour l’autonomie est soutenue par la France, les Etats Unis et l’Espagne. Depuis, le Maroc affirme qu’il ne négociera rien de plus que sa propre proposition, en mettant en avant le soutien de la France et des Etats Unis dans sa démarche. Deux jours après son entrée en fonction en tant que ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius déclarait déjà que : «la France réitère son appui au plan d’autonomie marocain, qui est la seule proposition réaliste aujourd’hui sur la table des négociations et qui constitue la base sérieuse et crédible d’une solution dans le cadre des Nations unies». Quant à François Hollande, il renouvelle régulièrement le soutien de l’Etat français au plan d’autonomie, véritable contre-feu marocain au principe du référendum d’autodétermination.

 

Des « ambassadeurs de la cause »

 

En réponse, beaucoup de sahraouis réclamant l’autodétermination, quittent les territoires occupés et militent en Europe pour la reconnaissance de leur droit à s’autodéterminer, conformément aux résolutions de l’ONU. Ils tentent, avec les associations de soutient au peuple sahraoui, de faire pression sur les gouvernements. Elmah que nous avons suivi fait partie de ceux-ci, réfugié en France depuis deux ans, en lutte permanente. L’histoire personnelle de ces militants est reléguée au second plan, chacun d’entre eux étant « ambassadeur de la cause ».

Mais comment organiser un référendum sur ce territoire où il y a aujourd’hui 1 sahraoui pour 8 marocains ? La Mission des nations unies en charge de l’organiser (la Minurso), s’est vue confrontée à ce problème dès sa création en 1991, accentué en fil des années.

 

La question des « Droits de l’Homme », une porte de sortie?

 

Politiquement, le problème est donc devenu inextricable. Reste la question des Droits de l’Homme pour se faire entendre à laquelle les sahraouis et les militants des associations droit-de-l’hommistes comme Amnesty international s’attèlent. Une question dont les grands principes font consensus sur le papier, mais qui s’avère plus complexe sur le terrain. Malgré les multiples rapports internationaux dénonçant les actes de tortures, les emprisonnements et les disparitions forcées, la Minurso reste la seule mission des nations unies qui n’intègre pas dans son programme les Droits de l’Homme. Chaque année, au mois d’avril, la question est remise sur le tapis, et toujours refusée jusque là. Même suite aux violences de novembre 2010 dans le camps de Gdeim Izik, le volet « surveillance des Droits de l’Homme » n’a pas été ouvert. Les Droits de l’Homme sont la fenêtre par laquelle les sahraouis peuvent faire entendre leur voix et lutter ainsi contre l’oubli. Mais derrière les droits de l’Homme, le « but ultime » reste toujours l’autodétermination, affirme Elmah : « le premier des droits de l’Homme » complète le représentant du Front Polisario en France.

 

Journaliste : Flore Viénot
Images : Julie Dubois
Montage : Antoine Conort

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Les commentaires (1)

  1. Il est cool ton reportage Flore et Elmah donne le sourire. Bravo pour l’article instructif également, il y a juste une petite faute de frappe au début du texte, à la 4ème ligne après le chapeau « cette zone c’est LA Sahara Occidental ». Voilà, je suis titilleuse, mais je le dis pour que vous puissiez corriger. Enfin c’est un détail, sinon c’est vraiment super !