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Les Musulmans contre l’EI… et l’Islamophobie

Publié le | par

De nombreux musulmans français se sont rassemblés devant la grande mosquée de Paris le 26 septembre pour dénoncer la barbarie des terroristes de Daesh. Une initiative en hommage à Hervé Gourdel, mais vécue comme forcée par la pression d’une certaine classe politico-médiatique, réclamant une prise de position nette des musulmans. C’est en tout cas le sentiment de Charlotte Espel qui a librement tendu son micro pour LaTéléLibre.

Prise de position des musulmans contre Daesh : mauvaises causes, bonnes conséquences

Voilà qu’on demande insidieusement aux musulmans d’affirmer leur opposition à la barbarie de l’État islamique autoproclamé. Mais au nom de quoi ? On n’a jamais demandé aux catholiques de s’excuser au nom des chrétiens pour les actes du Ku Klux Klan ou à chaque fois que surgissait un scandale de pédophilie, pas plus qu’on aurait invité les protestants à condamner publiquement la folie meurtrière d’Anders Breivik. Tout comme ces derniers, les fanatiques qui ont décapité Hervé Gourdel ne doivent pas être assimilés à une quelconque communauté religieuse, musulmane en l’occurrence, ni à la communauté humaine d’ailleurs.

Les musulmans ne sont pas responsables des méfaits de ceux qui se réclament de l’Islam pour répandre la mort !

Toutefois, bien que l’impulsion de ce mouvement ne soit pas vraiment louable – parfois même plutôt dérangeante – d’un point de vue moral, cette manifestation a été une très bonne occasion pour les musulmans de faire entendre leurs voix, et lutter contre les stigmatisations et l’islamophobie croissante à leur encontre.

Cet élan de solidarité tout à fait remarquable aura au moins permis à la communauté musulmane de couper court à l’amalgame grossier qui est fait entre une poignée de fanatiques en mal de reconnaissance et l’immense majorité de ces croyants qui prônent la tolérance et l’ouverture.  Et puis ce n’est pas tous les jours que les médias parlent de la communauté musulmane à l’occasion d’une bonne action !

Une islamophobie ambiante

C’est un fait : l’islamophobie ne cesse de croitre en France depuis des années. Il n’y qu’à voir l’explosion de 40% en 2013 des agressions physiques ou verbales envers les musulmans. Aussi, depuis juin, une nouvelle forme d’islamophobie pointe son nez : elle part du postulat selon lequel les musulmans seraient solidaires des actes terroristes de Daesh. Cette dérive repose sur le préjugé qui assimile tout musulman à un extrémiste, voire un terroriste.

Cette suspicion nauséabonde amène aujourd’hui les représentants musulmans à devoir rassurer le reste du pays : « oui, nous sommes de bons musulmans, nous n’avons rien à voir avec ces terroristes ». Un besoin de clarté pour le moins inutile et déconnecté de la réalité de l’islam qui se profile depuis peu dans les esprits de français assez crédules pour penser que l’islam rimerait avec fanatisme ou terrorisme.

Mais qu’on se le dise, l’islamophobie résulte en grande partie de la construction d’un « problème musulman » diffusé à travers des discours publics stigmatisant sans complexe l’islam et les musulmans ; de la part de membres du gouvernement, de professionnels de la politique, de journalistes, d’intellectuels médiatiques, d’universitaires, etc.

L’universalisation du « problème musulman »

Le « problème musulman » jadis circonscrit au débat politique, se règle aujourd’hui à coup de mesures législatives d’exception souvent jugées discriminatoires à l’encontre des musulmans, et eux seuls. Sous les auspices de la laïcité si chère à la France, on condamne les jeunes filles portant un signe religieux ostentatoire à l’école, mais l’on ferme encore les yeux sur les crucifix dans certaines écoles publiques…

Que font les politiques pour se saisir de ce problème ? A gauche, on dénonce mollement les anti-musulmans (peux de représentants étaient là pour sortir Najat Vallaud-Belkacem de la tempête islamophobe qu’elle a traversé lors de sa nomination au ministère de l’éducation) ; alors qu’à droite on radicalise le discours pour ratisser large à la droite de la droite (avec entre autres : le discours de Grenoble et la fameuse histoire des petits pains au chocolat de Copé).

Assez de ces discours tantôt maladroits, tantôt purement haineux, stigmatisants, islamophobes et racistes prononcés par des hommes et des femmes publiques, qui peuvent parfois déclencher des passages à l’acte violents au sein de la société. Les politiques ont le devoir de dénoncer sans ambivalence la violence et de s’assurer que TOUS soient protégés de manière égale.

L’appel des musulmans de France critiqué

Si le rassemblement de vendredi dernier et le mouvement #notinmyname « ne peuvent pas faire de mal » comme nous le confiait un manifestant, le Parti des indigènes de la République a quant à lui condamné, de manière un peu excessive dans la forme, les ambiguïtés politiques d’un autre « appel des musulmans de France », signé notamment par l’Union des organisations islamiques en France (UOIF), sous le titre « Un curieux “appel des musulmans de France” contre l’EIL mais pas contre la nouvelle expédition militaire occidentale » (25 septembre) :

« Pour commencer, il fait complètement l’impasse sur les conditions politiques qui ont permis l’émergence de l’EIL, en Irak, suite aux interventions impérialistes, notamment aux deux guerres du Golfe, et à la déstabilisation systématique de cette région du monde, dont les processus internes sont invariablement instrumentalisés par les intérêts géostratégiques des puissances occidentales. Si l’EIL est effectivement un monstre — cela ne fait aucun doute pour nous — il est d’abord le monstre de l’OTAN — pas celui de l’Islam ! — qui a inauguré un cycle de violences sans fin dans la région. Mais dans l’appel, rien sur la destruction de l’Irak, et au contraire un silence coupable et impardonnable ! Rien sur les responsabilités et les intérêts de l’OTAN, de l’administration étatsunienne et de la France ! Obama et Hollande peuvent tranquillement partir en guerre, continuer à propager l’horreur et à disséminer l’injustice, avec la gentille bénédiction de ces prédicateurs de “paix” et de “justice”. »

 

Une responsabilité partielle de l’Occident ?

Toutes les personnes que j’ai interrogées lors de la manifestation m’ont ouvert les yeux sur un fait important. À travers le financement et l’armement  occidental des mouvements rebelles au nom de la fin du régime de Bachar el-Assad, ces mêmes armes ont ensuite été détournées pour se retrouver dans les rang d’Islamistes radicaux partis mener leur contre-révolution. L’occident a-t-il fait preuve d’ingérence ? Peut-il être tenu responsable ?

Il paraît bien sûr légitime d’avoir aidé les rebelles à combattre leur tyran qui les gazait alors au sarin. Mais malheureusement, une partie des armes que l’on a mis entre leurs mains font désormais partie de l’arsenal de Daesh et/ou Al-Sorna. On se rend compte aujourd’hui à quel point cette guerre va être longue et difficile. À cela s’ajoute le bilan plus que mitigé de l’intervention militaire américaine en Irak, qui s’est soldée par une insécurité généralisée dans le pays et un chaos laissant la voie libre aux activités terroristes islamistes.

À l’avenir

Avec cette nouvelle guerre contre le terrorisme en Irak et en Syrie, il se peut que l’islamophobie se répande davantage encore en Occident et menace des populations entières, considérées comme collectivement responsables de n’importe quelle action menée au nom de l’islam aux quatre coins de la planète.

On voit bien là les effets pervers d’une nouvelle intervention occidentale au Moyen-orient ; bien qu’il apparaisse évident que cette intervention est nécessaire et inévitable si l’on veut arrêter la dangereuse propagation de la barbarie par un groupe de fanatiques sous couvert de l’islam.

Face à une stigmatisation de plus en plus institutionnalisée envers les musulmans – qui exacerbe les tensions au lieu d’encourager le vivre ensemble – il est primordial de renverser cette tendance. Les gouvernements, en France et à travers l’Europe, doivent agir contre les violences islamophobes de toute urgence.

 

Journaliste : Charlotte Espel
Images et montage : Vincent Massot

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Les commentaires (2)

  1. Comme toi il faudrait laisser la parole plus souvent à ces hommes qui croient en l’humanité au delà de la religion
    Bravo