Ma Nuit avec le Maire
Publié le | par La Rédac'
En novembre, des milliers de noctambules réunis dans 45 bars ont élu Clément Léon R., premier Maire de la Nuit à Paris. Daxia Rojas a passé une soirée avec lui pour en savoir plus sur cette nouvelle fonction médiatique, inspirée des Pays-Bas et son influence dans la campagne municipale qui se joue en ce moment.
Le roi de la night
Il est 19h, un mercredi à Oberkampf. C’est l’heure de l’happy hour et pourtant au Nun’s Café rue Saint-Maur, les clients se font rares. « C’est un soir calme » commente Laurent, patron des lieux. Avec lui, j’échange quelques mots en attendant le maire de la nuit. Il fait son apparition quelques minutes plus tard. Longiligne, un petit foulard noué autour du cou et une boucle d’oreille à chaque lobe, Clément Léon R avec son look mi-pirate mi-dandy ne ressemble pas aux édiles ordinaires. Organisateur de soirées, pigiste pour Le Bonbon et Vice, Clément vit la nuit. Pas un club de Pigalle qui ne connaisse « le maire de la night ». Installé à Paris depuis 10 ans, il a pourtant déjà envisagé de quitter la capitale pour rejoindre des cieux plus propices à la fête comme Berlin ou Londres. Mais ça c’était avant d’être élu. Son mandat, il le voit comme une opportunité citoyenne d’enrailler le phénomène d’endormissement qui guette la vie nocturne parisienne. Que serait, en effet, Paris sans ses bars, ses terrasses et ses cafés ? C’est la question que soulève le collectif Culture Bars-bars à l’origine de l’organisation des élections auxquelles ont participé 3000 personnes.
La guerre de la nuit
Certains pourraient croire qu’un Paris sans bars, ce serait un Paris où règnerait enfin la tranquillité. C’est du moins l’opinion d’une partie des riverains du quartier d’Oberkampf. Karim, patron du Paloma’s, rue Jean-Pierre Timbaud, nous emmène dans son établissement pour nous montrer la montagne de courriers qu’il a reçu en un an de la part du président de la principale association de riverains au sujet des nuisances sonores. Autour du bar, la discussion s’anime. Karim, Laurent et d’autres patrons ont monté un collectif pour répondre à ces attaques. Ils s’estiment victimes d’une législation répressive et d’une recrudescence des contrôles de police. Il est vrai que de 2011 à 2012, le nombre de fermetures administratives temporaires de bars et de cafés a augmenté de 7%. Au sein de cette guerre de la nuit, Clément se voit comme un médiateur. Dans l’ensemble, il prône la négociation et le dialogue pour régler les conflits au lieu du passage direct au tribunal. Une tâche pas forcément facile car les associations de riverains ne reconnaissent pas toujours son élection comme légitime. « Ils sont dans un combat et pas dans un débat », ajoute-t-il avec dépit.
« Utile ou pas utile, c’est comme le psy ça peut pas faire de mal »
Bénévole, Clément n’a ni budget, ni équipe, ni bureau pour accomplir son devoir de maire de la nuit. Contrairement aux Pays-bas où la fonction existe depuis 11 ans et est institutionnalisée, en France, ce rôle reste essentiellement médiatique et symbolique. Clément est avant tout un porte-parole de la nuit auprès des médias et des pouvoirs publics. Il a ainsi pu échanger avec les candidates aux municipales autour de ses propositions pour la nuit. On l’a notamment vu en compagnie de NKM au Blue Club. Son impact politique reste toutefois limité. « Je ne sais pas si c’est utile ou pas utile mais c’est comme le psy ça peut pas faire de mal » dit-il avec un sourire. Aujourd’hui Lille, Marseille et Bordeaux réclament leur maire de la nuit, preuve que l’initiative intéresse. L’avenir nous dira si c’est un succès.
Des liens
Fédération Nationale des Cafés Cultures « Bar-Bars »
Le site de vivre Paris (et dormir bien tant qu’on y est…)
La Page Facebook de Village Timbaud