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Messe Républicaine à l’Assemblée

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[JOURNÉE HISTORIQUE] Qui l’eut cru que notre 5ème République, souvent considérée comme à bout de souffle, s’inscrirait encore dans l’Histoire…? C’était bel et bien le cas ce mardi 13 janvier 2015, où le « sursaut » populaire des gigantesques manifestations du 11 janvier a su se transposer avec dignité dans les rangs de l’Assemblée nationale.

Avez-vous changé ?

Dans la salle des Quatre Colonnes ce mardi, un peu comme à chaque fois avec les journalistes, on a regardé le début de la séance via l’écran de retransmission. Bien sûr, on savait à quoi s’attendre ce mardi 13 janvier. Il y aurait un hommage. Claude Bartolone a bien rappelé qui nous pleurions ce jour. Sans fioritures, mais aussi sans nuances… Il n’y en avait pas besoin ce mardi 13 janvier. 17 personnes sont mortes en France. Des Français morts parce que Journalistes, des Français morts parce que Gardiens de la République, des Français morts parce que Juifs. Une minute de silence se lance naturellement à la fin de la tribune du président. Une minute de silence brisée par un audacieux député qui, seul d’abord, commença par chanter la Marseillaise, avant d’être rejoint par l’ensemble des représentants du peuple. C’était le « Chœur de l’Hémicycle ». Et devant la télé des Quatre Colonnes ça chantait aussi. Il y avait des badauds, des attachés parlementaires ou des journalistes qui, lorsqu’ils ne chantaient pas en murmurant dans leur coin (c’était le cas de certains), étaient juste stupéfiés par l’instant. « C’est la première fois que je vois ça », lançait une commentatrice télé, quand « merde » ai-je pensé, assez ému et sachant pertinemment que ce mardi 13 janvier, comme bien souvent, j’avais oublié mon paquet de mouchoirs dans la coupelle métallique à l’entrée de chez moi. C’était puissant. Puissant comme nous tous, unis dans les rues. Puissant comme la France.

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Ensuite, dans la salle des Quatre Colonnes ce mardi, j’ai écouté le discours du premier Ministre. J’ai vu des députés de droite applaudir la majorité. C’était bizarre. Ça ne ressemblait pas à l’Assemblée où je viens faire mes reportages d’ordinaire. C’était une Assemblée à l’unisson et s’il n’y avait que l’image, ça aurait pu ressembler à une dictature. En vrai, ça faisait un bien fou. Et puis de toute façon, malgré la communion de l’instant, le chef du gouvernement l’a rappelé : « allons jusqu’au bout du débat ». C’est avant tout cela la France, c’est avant tout cela la Politique. Le débat. La contradiction. Alors, ça nous rassurait… On pouvait vraiment savourer.

Mais du coup, dans la salle des Quatre Colonnes ce mardi, j’ai cru m’être embrouillé avec mon trombinoscope ! Lorsqu’un député m’a avoué : « nous sommes responsables vous, moi […] c’est vrai que nous avons été trop naïfs en pensant que personne n’irait un jour jusqu’au bout […] nous avons été laxistes aussi […] », j’ai d’abord cru que je me méprenais sur l’appartenance politique du député auquel je causais. Pourtant, c’était bien ce que je pensais. Je parlais à un député UMP. Un député de droite qui aujourd’hui pensait comme beaucoup de députés de gauche, il faut le dire. Et bien sûr, comme beaucoup de citoyens français ayant fièrement marché dimanche 11 janvier dans les rues des villes et villages du pays.

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Enfin, dans la salle des Quatre Colonnes ce mardi, j’ai fini par comprendre qui j’étais. Qui nous sommes. Au lendemain des « attentats » qui nous ont frappés, nous avons tous un peu changé. Nous avons tous un peu compris. Et d’apparence, les députés aussi, tous conscients de la responsabilité collective. La leur d’abord. Celle de l’entièreté de la classe politique et non plus seulement celle « de la droite au pouvoir pendant 10 ans », ou de la gauche des « années Mitterrand » quand ce n’est pas celle, plus récente, d’un François Hollande qui n’en finit plus de « couler la France ». Enfin ! Et puis il y a la nôtre, notre responsabilité en tant que citoyen. Car on n’a pas toujours su défendre nos valeurs communes comme certains ont voulu défendre leur retraite ou d’autre leur conception de la famille… Au-delà des naturelles et nécessaires différences qui font notre société, nous devons chaque jour être conscients de qui nous sommes : des femmes et des hommes libres dans un pays où le vivre ensemble est rendu possible grâce à laïcité, pour ne citer que cet exemple. Début janvier 2015, une très douloureuse piqure nous a rappelé ce que c’était qu’être Français. Une très douloureuse piqure nous a rappelé que rien n’est acquis et qu’il faut toujours se battre pour nos valeurs. Ainsi, cette piqure nous a fait saigner, la cicatrice est surement encore ouverte… Mais quel bonheur et quel soulagement de voir que tous ensemble nous avons commencé à la panser.

Dans la salle des Quatre Colonnes ce mardi, je me suis dit « pourvu que ça dure, même si c’est dur ».

 

Journaliste : Thibault Pomares
Images : Jules-Antoine Bougeois
Images additionnelles : France 24, Assemblée Nationale

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