Le FN a-t-il besoin d’un programme pour les municipales 2014 ?

Le dernier « trending topic » des municipales, dans les rédactions comme dans les QG de partis, c’est « la vague Bleu Marine ». Sondage après sondage, de plus en plus de votants sont annoncés pour le Front National. Chez les plus jeunes d’abord, où 59% des 18-24 ans « n’excluraient pas de voter FN » aux prochaines élections. Et même si 88% des sondés pensent qu’il y a des candidats qui tiennent des propos racistes, 40% estiment qu’il n’y en a pas d’avantage que dans les autres partis

Mais pour quoi voteraient-ils, au juste ? Si on met de côté les habituels thèmes de l’immigration et de l’insécurité, quelles sont les propositions concrètes, propres à tout parti, faites par le FN pour les prochaines élections ?
Dimanche 17 novembre, lors de la convention nationale du FN pour les municipales, nous avons tenté d’en savoir plus auprès des candidats comme Wallerand de St Just ou de Stéphane Ravier, respectivement candidats dans la capitale et à Marseille. Ces derniers réclameraient un audit financier dès les premiers jours de leur mandature si jamais ils étaient élus. L’audit servirait ainsi à vérifier l’utilisation de l’argent des contribuables par les précédentes municipalités. On est loin des propositions innovantes ou constructives (dont font preuve les autres partis), telles que l’établissement de nouvelles crèches sur Paris, ou encore la rénovation de la politique de gestion des déchets à Marseille. Le FN se veut un critique permanent des partis traditionnels. C’est ainsi qu’il puiserait ses ressources électorales et proposerait un bilan négatif des précédentes mandatures municipales comme principal projet politique.

Notre programme est de tourner la page

nous a  répondu Stéphane Ravier. Wallerand de St Just est du même avis. Quant à Bruno Gollnisch, eurodéputé et candidat à Hyères, son programme pour sa ville : son combat contre … l’immigration à Marseille.

Et pourtant, les grands axes ont bien été définis pour les municipales, notamment par Florian Philippot. Mais un des problèmes qui subsiste au Front, c’est le manque de cohérence entre le local et le national. On donne ainsi l’impression d’une réelle carence de vision politique quant à un projet pour sa ville respective.

En réalité, tout cela n’a rien d’étonnant, puisque le FN vient de commencer sa campagne pour les élections de 2017. En publiant récemment son projet politique, il veut inscrire cette étape comme la première marche de son accession aux affaires. Un programme réel pour les municipales paraît alors secondaire : il suffirait à d’illustres inconnus ou à de récentes recrues de s’afficher au côté de Marine Le Pen pour obtenir un score honorable. C’est du moins le calcul que font les cadres du parti avec la vague « Bleu Marine », en plus d’un pari sur le vote sanction contre un gouvernement socialiste qui perd toute la confiance acquise en 2012, mais aussi contre une UMP incapable de se renouveler depuis la défaite de Nicolas Sarkozy.

Et même si le Front National affirme avoir dépassé le nombre de 70.000 adhérents, il peine visiblement à trouver des cadres compétents et prêts à gérer leur mandature. Il se permet même de sélectionner ses candidats pour éviter les dérapages qui viendraient ternir une campagne de dédiabolisation qui a visiblement du mal à être comprise par sa base militante. Quant à ceux qui seront élus pour la première fois, le FN a imprimé 2500 exemplaires du « Petit guide pratique pour l’élu municipal », histoire d’encadrer au mieux les novices de la politique.

Les sondages – pour certains – auront beau frayer au Front National un chemin fleuri jusqu’aux prochaines élections, ses nombreux couacs racistes et lacunes en matière de gestion des collectivités témoignent d’un parti toujours immature malgré ses 42 ans.

Jonathan Halimi
Images : Pélagie Harbour
Montage : Mars Lefebure