[Portrait] Charles Bukowski
Publié le | par Mickael Royer
Charles Bukowski fiché par le FBI! L’info a fait tilter le jeune œnologue (non diplomé) Mickaël Royer, qui s’est plongé dans les affres télévisuelles mais aussi les textes de l’écrivain américain. Il nous propose ce joli portrait poético-éthylique. Mickaël est d’accord avec Charles : « j’aime mieux qu’on me raconte la vie d’un clochard américain que celle d’un dieu grec mort ».
Pour être parfaitement honnête, je joue un peu au con dans ce sujet. Tout ne s’est pas passé comme je le dis. Je n’étais pas vraiment, au départ, en train de lire le « journal d’un vieux dégueulasse ». J’étais attablé à la terrasse d’un café faussement pittoresque, profitant des derniers instants à passer avec une jolie fille qui, contrairement à moi, s’apprêtait à aller au bureau.
Rappelé à l’ordre par l’imminente conférence de rédaction de latélélibre.fr (tous les lundis, dress code : cigarettes roulées et cheveux gras), je me mets en quête d’un sujet. Mon professionnalisme, qui n’est plus à prouver, m’amène d’entré de jeu à espionner ce que font les autres rédactions via l’outil bien nommé : Twitter.
Passant rapidement sur l’énième manuel de la bonne fellation que nous propose « Vice.fr », la dissertation blafarde sur Dostoïevski qui traine sur Ragemag.fr ou encore le compte rendu d’un obscure festival breton via ladéviation.com, je m’arrête sur cette nouvelle, dévoilée par Fluctuate.fr : « Bukowski, dans la liste très select des écrivains fichés par le FBI ». Je ne peux, dés lors, m’empêcher de penser qu’il est vital et urgent de mener l’enquête.
Enfourchant ma mobylette, je m’en vais pétaradant jusqu’à la porte de Vanves. Pensant croiser le fer avec ma hot news, je soumets mon projet à la rédaction qui, circonspecte, m’invite à comprendre qu’elle n’y voit pas trop d’intérêt mais que si je ne fais pas de bruit ma présence sera tolérée. Bingo, on sort le scoop !
Mais quel scoop au juste ? En vérité pas grand chose, mais l’excuse est trop bonne pour parler d’un poète qui m’a toujours touché. Nouvelliste, romancier, chroniqueur et conteur hors normes Charles Bukowski renouvelle la poésie. Il y introduit un langage trivial et ose des thématiques qui jouent sans cesse avec l’acceptable.
Poème sans titre
In journal d’un vieux dégueulasse, Grasset
En quarante-huit heures d’ivresse, voici ce que j’ai griffonné sur le papier de soie qui enveloppe les chemises :
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quand l’Amour prend la forme d’un commandement, la Haine peut devenir plaisir.
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si vous ne jouez pas, jamais vous ne gagnerez.
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belles pensées comme belles femmes ne durent qu’un temps
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vous pouvez mettre un tigre en cage, sans être certain qu’il ne vous bouffe pas. on prend moins de risques avec les hommes.
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si l’on souhaite savoir où crèche Dieu, il suffit de le demander à un ivrogne.
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il n’y a jamais d’orages dans les terriers
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absence de peines signifie insensibilité ; chacune de nos joies est un marché avec le diable
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la différence entre l’Art et la Vie, c’est que l’art est plus supportable.
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j’aime mieux qu’on me raconte la vie d’un clochard américain que celle d’un dieu grec mort.
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rien de plus ennuyeux que la vérité.
Je dois vous laisser, déjà lundi, rien n’arrête l’information. J’éteins Twitter et quitte ma terrasse, en route pour la rédaction.
Mickaël Royer
Des liens
- Une heure et quatorze minutes de récitation par Charles Bukowski
- Le dossier du FBI
Les commentaires (4)
C’est super bravo!!
J’aime beaucoup le ton et la réal !
Cimer YAYA, t’es ma best Friend.
LOL
Moi aussi je suis super fan.
Bravo Mickael chouette chouette film !
Merci pour ces images.