Le Procès de Dom Juan
Publié le | par Christophe Tisseyre
L’expression « Dom Juan » est passé dans le langage populaire. Molière et Mozart ont popularisé, mais pas inventé le personnage, mais que lui reproche-t-on au juste ? De séduire toutes les femmes qu’il croise ? De ne croire ni à Dieu ni à Diable ? De ne pas payer ses dettes ? Nous étions à son procès, le voici !
« C’est un Dom Juan », dit-on souvent d’un homme à femmes, apte à conquérir les cœurs grâce à un physique avantageux et des paroles enjôleuses. Dom Juan a été popularisé par Molière dans sa pièce « Dom Juan ou le festin de pierre », par Mozart dans son opéra « Don Giovanni », mais le personnage vient de la comédie italienne, pour les détails on se reportera à la fiche Wikipedia plus bas.
La conférence Olivaint est la plus ancienne association étudiante de France, fondée en 1874 par des jésuites. La liste de ses anciens membres est impressionnante, elle est consultable sur la page Wikipedia. L’éloquence y tient une place prépondérante, et ce 9 février 2017, elle avait convié ses membres à un procès, et pas n’importe lequel, puisque c’était celui de Dom Juan. 300 ans après les faits, il est convié devant une cour d’assises pour y répondre de ses crimes : l’assassinat de son beau-père, Le Commandeur, dont il a épousé la fille Elvire avant de la renier, de polygamie, d’abandon de foyer, et de non paiement de ses dettes, et notamment des gages de son valet Scagnarelle, à qui Molière fait dire « Mes gages, mes gages ». Et ces procès « historiques » sont plein dès leur annonce, puisqu’éloquence, vocabulaire châtié, et effets de manche sont au rendez-vous, dans le strict protocole juridique, bien évidemment.
Quant au casting, il est étincelant, jugez-en : bien que retraité, Philippe Bilger a de bonne grâce accepté de revêtir à nouveau sa robe rouge pour jouer l’avocat général et porter l’accusation. Les parties civiles (comprendre les milliers de femmes séduites puis abandonnées et la petite dizaine de créanciers divers) sont représentées par la pénaliste Solange Doumic. Enfin, pour le défendre, Jean-Yves Le Borgne fera résonner sa voix de stentor dans la bibliothèque de l’ordre, au sein du Palais de justice de Paris.
Les étudiants de la conférence Olivaint ont eux revêtus des atours d’époque pour camper les différents protagonistes : Dom Juan, donc, Elvire la mariée abandonnée, Charlotte et Mathurine, 2 paysannes culbutées successivement sur des bottes de paille, Scagnarelle son valet un peu fourbe, et même Le Commandeur, qui apparaitra si fugacement sur la grande galerie de la bibliothèque que nos caméras n’auront le temps de le saisir.
Mais on sent bien que ce procès tourne aussi autour de la morale, et de la croyance. Jugement des hommes ? Jugement de Dieu ? Jugement de l’époque ? Jugement de l’histoire ? Tout est dit, et c’est 26 minutes de plaisir que nous vous offrons aujourd’hui, en 2017, alors que nos Dom Juan à nous sont aujourd’hui castés pour « L’ile de la tentation » sur TF1 ou « Game of love » sur NRJ 12. Une seule certitude, s’ils ont gagné en tatouages, il ont clairement perdu en vocabulaire…
Christophe Tisseyre
Images : Flore Viénot et Nicolas Robuchon
Montage : Antoine Conort
Un grand merci à la conférence Olivaint, à ses membres, à la Bibliothèque de l’ordre, au Palais de justice de Paris, et à Benoit Duchatelet.
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